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Bernard Kouchner, héros fatigué

Publié le 05 février 2009 par Hmoreigne

Ceux qui ont regardé Bernard Kouchner sur France 2 l’auront remarqué. Bernard Kouchner est un héro fatigué. Koupable ou pas Koupable aux yeux de la morale sinon de la loi, les accusations portées contre monsieur K nous renvoient à nos propres contradictions, à nos propres faiblesses et compromissions.

Bernard Kouchner à l’automne de sa vie peut se retourner sur une existence bien remplie très éloignée du train-train quotidien de la plupart de ses concitoyens. Des french doctors aux ors de la république, en passant par les salons de la maison blanche et la plupart des palais présidentiels, Bernard Kouchner fait partie de ces hommes qui comptent. De quoi susciter bien des rancoeurs mais aussi bien des tentations. Peut-on rester une oie blanche en fréquentant les allées du pouvoir ? Peut-on rester insensibles aux charmes de l’argent, aux plaisirs et facilités qu’il procure ?

Bernard Kouchner n’est pas l’abbè Pierre, même s’il fût son ami, et Christine Ockrent encore moins sœur Emmanuelle. Il est évident que le couple est habitué à un train de vie certain qui nécessite des rentrées conséquentes. Après, c’est juste une histoire de conscience, la morale étant un concept à géométrie variable.

Bernard Kouchner est sans doute critiquable mais, force est de reconnaître qu’il a fait le choix de mettre les mains dans le cambouis en passant de l’autre côté de la barrière. En quittant la posture “facile” du défenseur des droits de l’homme  il a pris le risque de se compromettre dans les délicates arcanes de la diplomatie. C’est finalement ça qui compte, arriver à mettre un peu d’humanité dans un monde particulièrement cynique où les vies humaines pèsent le poids d’une plume. Et c’est sur le résultat final que Bernard Kouchner devra être jugé.

Cette complexité se retrouve dans l’étude rémunérée qu’il est accusé d’avoir réalisée pour le compte des autorités gabonaises. Pierre Péan, auteur du livre polémique “Le monde selon K” ne retient que le versement d’indemnités de consultant versées via Imeda, une société animée par un fidèle, Eric Danon, aujourd’hui ambassadeur de France auprès de la Conférence du désarmement à Genève. Bernard Kouchner lui avance que l’essentiel est le fruit de son travail à savoir une étude permettant la mise en place d’une sécurité sociale profitable à tous les gabonais. Pour cette création d’un système d’assurance maladie, Bernard Kouchner dit avoir reçu l’équivalent de 216 000 euros mais étalés sur trois ans, durée de sa mission.

Bernard Kouchner n’est pas Tintin. Le poids des années se lit sur ses traits. A l’inverse du héros de bd, il partage sa vie avec une femme de média. Une explication peut être pour son goût de la théâtralité. En cherchant la femme, on trouve le talon d’Achille de Bernard Kouchner.

Plus que tout rapport pour tel ou tel Etat étranger, le plus choquant est le mélange des genres, ici en France. Il y a un an, Christine Ockrent était nommée à la tête de l’Audiovisuel extérieur public. La situation est de toute évidence incompatible avec le statut de compagne du ministre des affaires étrangères. Cela, l’Elysée comme les intéressés ne pouvaient l’ignorer.

Tout comme ils ne pouvaient ignorer l’indécence des rémunérations allouées à Mme Ockrent, réglées par le contribuable français et révélées par Pierre Péan : 40 000 euros de salaire mensuel, complété par 10 000 eu­ros mensuels au titre des quelques minutes d’antenne hebdomadaires sur France 24, et en annexe la possibilité de faire des animations de conférences en tous genres (les fameux “ménages”), à 18 000 euros la demi-journée.

«Je veux bien que l’on parle politique, mais je ne veux pas qu’on calomnie ni ma femme, ni moi, ni ce que j’ai fait dans la vie. Ca, c’est honteux», a déclamé, pathétique, Bernard Kouchner, sur le plateau du JT de France 2 hier. On aimerait vous donner raison monsieur K mais, parler des relations entre le PDG de l’audiovisuel public et le ministre des affaires étrangères c’est parler de politique. Le reste, tout le reste, n’est qu’une affaire de conscience.

A côté pourtant de la polémique, le ton du livre a des relents nauséabonds. Bernard Kouchner dont la judéité est rappelée sous le prétexte fallacieux d’expliquer les raisons de son engagement est suspecté d’être un pro-américain vénal. A cet égard, dans l’entourage du ministre, on estime que Pierre Péan a franchi la ligne rouge. Celle qui sépare l’enquête intransigeante du pamphlet aux relents antisémites.


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