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Sarko Show : analyse et critique

Publié le 06 février 2009 par [email protected]

En chute libre dans les sondages, chahuté depuis le 29 janvier dernier, il fallait bien un prime time à notre Président pour se remettre dans le droit chemin. On peut dire qu’il avait mis les moyens, entre un plateau tout beau, un prompteur discrètement planqué et utilisé avec parcimonie (pour les quelques rappels techniques qu’il avait à donner), et un nouveau concept : celui de « journaliste figurant ». En gros, vous vous faites interviewer par un groupe de journalistes, comme d’habitude, sauf que vous en choisissez un qui ne dira rien, sauf pour conclure l’émission (on n’est pas journaliste pour rien !). Laurence Ferrari a parfaitement endossé ce rôle hier soir.

Au niveau du fond :

Les intérêts 2009 de l’argent prêté aux banques serviraient à financer des « projets de politique sociale ». Quels types de projets ? À quelle échéance ?

Pour Sarkozy, ces intérêts représenteraient 1,4 milliards d’euros. Certes, mais il oublie que l’Etat a du lui-même emprunter l’argent qu’il a prêté aux banques. L’Etat a donc aussi sa part d’intérêts à payer de son côté, soit environ 700 millions d’euros fin 2009.

Par rapport à la réforme du lycée ? Rien, à part nous dire que Darcos faisait du bon boulot...

Concernant son plan de relance, Sarkozy ne donne aucun pronostic ni garantie sur le nombre de créations d’emplois qu’il créerait. À la limite, ça me paraît logique. Quand on fait un plan de relance sur l’offre, il faut attendre 2-3 ans pour voir les effets. Il paraît évident qu’il y aura de fortes destructions d’emplois dans le privée sur 2009 et 2010. C’est ici où une part de relance sur la consommation aurait été plus utile, comme le proposent les socialistes : atténuer les réductions de postes, maintenir un taux de croissance positif afin que les effets de la relance par l’offre en soient plus bénéfiques par la suite.

Je me permet de citer le Président : "Personne ne sait exactement combien ça va créer d'emplois mais on sait que ça donne du travail."

Pour rappel, voici le principe de base de l’économie : l’avenir est aléatoire et incertain.

Sarkozy semble être encore plus fort que l’avenir, puisqu’il « sait » déjà.

Il propose ensuite d’indemniser davantage le chômage partiel. Cela me paraît évident, tant il risque d’y en avoir, du chômage partiel. Une manière comme une autre de maintenir (ou de subventionner) des emplois qui n’ont pu lieu d’être, faute d’activité.
En bon homme de droite, Sarkozy refuse d’augmenter le SMIC, pour ne pas laisser plus de 80% de salariés de côtés. Tant qu’à faire, autant que ce soit 100%, il n’y aura pas de jaloux.
L’annonce de la soirée intervient peu après 21h : "On supprimera la taxe professionnelle en 2010."
Ce qui va coûter 8 milliards d’euros tout de même. Pour les trouver, un nouvel impôt devra être instauré par les collectivités locales. Jusqu’ici, la taxe professionnelle était le seul des 4 impôts directs perçu par les collectivités locales qui fût supporté par les entreprises, les 3 autres étant à la charge des ménages. Comprenez donc que les ménages devront désormais payer la taxe professionnelle, par l’instauration d’une nouvelle taxe.

Par rapport à la baisse de la TVA proposée par les socialistes, Sarkozy fait de suite la comparaison avec l’Angleterre. Dans leur plan de relance, les anglais ont baissé la TVA, il est vrai, et la consommation baisse. Sarkozy y voit un lien, expliquant que quelques points de TVA ne vont pas inciter les français à consommer puisque la baisse de la consommation est due à l’inquiétude quant à l’avenir.

Ce que Sarkozy oublie de préciser, c’est qu’il n’est point judicieux de comparer la situation au Royaume-Uni par rapport à la France, le Royaume-Uni se trouvant, avec les USA, à l‘épicentre de la crise économique. Le pays a donc été touché plus directement, depuis plus de temps, et surtout plus en profondeur par la crise financière.
Pire, pour se dédouaner de toute responsabilité par rapport à son refus d’agir sur la TVA, Sarkozy reporte la faute sur l’Europe, prenant une anecdote qu’il extrapole pour généraliser le problème : « Rendez-vous compte que le taux de TVA n’est que de 5.5% sur le chocolat noir alors qu’il est de 19.6% sur le chocolat au lait »
Dois-je en déduire que nous devrions bouffer plus de chocolat noir ?
Au niveau de la suppression de postes dans la fonction publique, je suis d’accord, ça me paraît vital à long terme. Mais en situation de crise, ça ne coûterait pas grand-chose de lever un peu le pied...

Duhamel évoque ensuite Obama, on sent un Sarkozy agacé, il botte en touche. Moment jouissif : Duhamel insiste « Mais qu’est-ce que vous en pensez, VOUS ? ». Un peu plus et Sarkozy lui sautait à la gorge. Il est évident que l’ascension et le succès d’Obama fait de l’ombre à Sarko. L’absence de leader sur la scène international depuis des mois et le vide institutionnel aux USA pendant le conflit Israélo-palestinien avait permis à Sarkozy de s’imposer (du moins d’essayer de) comme Président du monde, ou comme l’homme providentiel. Mais depuis, il y a eu Obama, et ça, il n’aime pas.

C’est tout pour le fond. Pour la forme (et plus si affinités), je vous conseille d’aller par-là, c’est du bon. De son côté, Dagrouik décompose l'ensemble des mensonges que notre Président nous a balancé hier soir.


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