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Et alors ? (Edito du Challenge n°53 du 29 janvier 2009)

Publié le 06 février 2009 par Alceste

  Soutenue par les trois quart des Français (sondage Le Parisien - Aujourd’hui France), la grève du 29 janvier est donc revêtue de l’onction populaire. La longueur des cortèges a toutes les chances d’en faire une mobilisation réussie. Et alors ? Cela va-t-il pousser l’industrie automobile à renoncer au chômage partiel ?

  Dissuader le patron de PME de réduire la voilure ? La seule décision concrète prise à la suite de cette journée d’action est à mettre au crédit de Besancenot…qui a repoussé d’une semaine le lancement de son Nouveau Parti Anticapitaliste !

  Car pour le reste, le terrain du dialogue social ressemble plutôt à un champ dévasté. La faute en incombe au syndicat SUD. Les tendances anarcho-libertaires que défend le secrétaire fédéral de SUD-Rail permettent de comprendre la décontraction avec laquelle le syndicat majoritaire sur le réseau de Saint-Lazare prend en otages les voyageurs. Et l’échec promis à Guillaume Pepy quand il essaie de réduire la « gréviculture » de la SNCF.

  Pourtant le PDG de la SNCF n’est pas un dangereux patron casseur de syndicats. Ancien directeur de cabinet de Martine Aubry au ministère du Travail, il tente de faire passer l’idée qu’il pourrait être plus intéressant de chercher d’abord à négocier, plutôt que de commencer par bloquer les usagers. L‘issue catastrophique des conflits des conducteurs de Saint-Lazare et de la branche fret – une capitulation en rase campagne – n’augure guerre du succès de cette stratégie de bon sens. Et fait le lit de SUD.

  Or cette montée en puissance du syndicat libertaire entraîne un dommage collatéral à l’échelle nationale : les confédérations sont tétanisées à l’idée de signer quelque accord que ce soit. La solitude de la CFDT au moment de parapher la nouvelle convention Unédic a de quoi inquiéter. Voilà un texte qui améliore la prise en charge des chômeurs dans le pays d’Europe qui est déjà celui qui indemnise le mieux les salariés à la recherche d’un travail, et le seul syndicaliste prêt à signer l’accord, le pauvre François Chérèque, fait figure de social-traitre ! Pendant ce temps-là, Bernard Thibault peut clamer que les travailleurs ne doivent pas payer « une crise dont ils ne sont pas responsables ». Jolie phrase qui fait plus avancer les cortèges que les solutions pour en sortir.


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