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Patricia Laranco.

Par Ananda

MOI-MÊME.

Je vis avec moi-même – des fois, moi-même me dit :

je ne te reconnais pas –

je ne me reconnais pas.

Moi-même ne sait plus qu’il est moi-même, alors

il n’y a plus que moi qui peux le reconnaître.

Moi-même ne reconnaît pas moi-même en moi.

Lui, le scindé n’est plus que l’ombre de moi-même.

De lui-même, par conséquent (on l’aura compris).

Que faire lorsque moi-même n’est plus soudain lui-même ?

Quand lui-moi-même se surprend à dire « je » ?

Moi-même ne désire plus frayer avec je.

Je ne désire plus frayer avec moi-même.

Je ne désire plus me mélanger à moi.

Mais moi n’est autre qu’un affluent de moi-même.

Quelquefois, moi-même devient un trompe l’œil.

Et moi, je le regarde avec étonnement.

Qui trompe qui ?

De je ou de moi-même que je regarde ?

Entre eux, un infini de réflexivité.

Une suite sans fin de ricochets qui se tamponnent.

Moi-même voudrait s’éloigner de moi, de je.

Je, lui, voudrait bien divorcer d’avec lui-même…

C’est à dire en somme, d’avec moi-même. N’est-ce pas ?

06/02/2009

CAPUCCINO.

 

 

J’étais bien, dans le café, cet antre profond

dans une ambiance de veillée au feu de bois

la lumière était un rougeoiement dans le noir

la musique était douce et les voix animées ;

le regard plongé dans le carreau gris, étroit

j’observais la danse exacerbée des flocons

et la rêverie m’entraînait dans sa lenteur

jubilatoire, suspendant le cours du temps ;

au dessus de l’haleine du capuccino

crémeux, fumant me venait sourire béat

j’étais ailleurs et je contemplais

ton visage.

P.L


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