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"Personne ne le saura", de Mathilda MAY

Par Virginie
Peut-être que si…
Un roman à la première personne. Découpé en deux voix : celle d’Alice, jeune professeur de musique engloutie par la relation maternelle et épidermique aux relations humaines ; celle de Morgane, épouse d’un riche politicien, qui aime aussi les notes mais également l’alcool, les anxiolytiques et les antidépresseurs.

Toutes deux sont jumelles dans leur souffrance, leur mélancolique et harmonieux désespoir, toujours un pied au bord du néant et absorbées par leur discordance au monde.

Alors qu’Alice rate son suicide et échafaude un plan pour se refabriquer une personnalité, Morgane rencontre, au matin d’une brume alcoolique, Carlos, un accordeur de piano aveugle, qui est persuadé d’avoir connu quelqu’un dont l’odeur et le timbre de voix lui ressemblaient fortement. Lasse d’une existence ratée, de son corps mille fois refait, Morgane fait croire à sa mort en projetant sa voiture du haut d’une falaise et quitte sa Bretagne pour rejoindre Paris avec Carlos, à la recherche de cette « autre » qui lui ressemblerait tant. Sans y croire mais trop avide de liberté, Morgane cherche et se cherche…

Une belle reconversion pour l’actrice. Après s’être recouverte de vies au cours de sa carrière, voilà qu’elle en crée, les mots filant sous sa plume avec, on le sent très fort, l’allégresse et la continuité d’un plaisir découvert.

Il y a, dans la trame de l’histoire, les faiblesses d’un premier roman : ces petits « déjà-vus » par lesquels l’écrivain se crée, se cherche, se fait ses armes et se découvre.

Mais… malgré une intrigue qui pourrait surprendre davantage, la construction du récit ne s’alourdit pas trop d’ « effets ».

Mais… oui, un style finalement pas mal du tout. Finesse, œil observateur, tournures qui accrochent et portent l’histoire. Ca coule comme un ruisseau qui n’attend qu’à grandir, et ce, avec une jolie musique. Les petites inégalités auront peut-être finalement évité une lecture trop lisse…

J’étais curieuse de lire ce roman. On sait les célébrités attendues au tournant quand elles se mêlent de littérature et on sait aussi qu’elles auront leur lot de louanges préparées.

J’avais enfilé mon œil neutre et j’ai été très agréablement surprise.

Attendons donc que le ruisseau grandisse !
Flammarion, 427p.

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