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Trop de rocades tue la rocade, ou entre urgences et prospective le Grand-Paris des transports en commun victime de l’immobilisme

Publié le 09 février 2009 par Jean-Paul Chapon

On savait jusqu’ici qu’il y avait deux projets de rocades de transports en commun de banlieue à banlieue autour de Paris. Un projet de métro en petite couronne, le projet Métrophérique projet porté par la RATP, et soutenu par les élus toutes tendances politiques confondues, du moins au niveau des communes et des Conseils généraux des départements. Et puis il y avait le projet des tangentielles ferrées en grande couronne, projet porté par la SNCF, et soutenu par la région, en particulier par son président le socialiste Jean-Paul Huchon. Ce dernier avait après avoir tergiversé, avait plus ou moins repris à son compte le projet Métrophérique, le baptisant Arc-Express, l’inscrivant dans le SDRIF. Orbival, arc sud-est dans le Val-de-Marne semble en être le premier tronçon.

A lire Sibylle Vincendon dans Libération* aujourd’hui, il y aurait désormais un troisième projet de « rocade » de transports en commun en région parisienne. Celui que Christian Blanc, le mutique secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale concocte dans le secret de son bureau, secret dont Libération propose une carte. Et cela vaut le détour. Car si en géométrie euclidienne, le plus court chemin d’un point à un autre est la ligne droite, Christian Blanc qui n’aime pas avoir raison avec les autres, mais pense sans doute avoir raison contre tous, propose non pas le cercle, non pas l’ellipse, mais la spirale. Cela aura au moins l’avantage de répondre à Mireille Ferri qui défendant le découpage en arcs de la rocade de métro de banlieue, se posait des questions sur le point à partir duquel il fallait commencer une boucle ;-) Quant à la ligne droite, comme celle qui pourrait rallier dans une liaison express les deux aéroports de Paris, on verra plus bas qu’elle est a été bien revue et corrigée…

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Donc on apprend sous la plume de Sibylle Vincendon, que Christian Blanc toujours visionnaire en matière de transport, proposerait une spirale de métro, qui ne serait ni Métrophérique, trop près et pour lui dépassé de 15 ans, ni les tangentielles, trop loin (mais là on ne sait pas de combien elles sont obsolètes). Il s’agirait d’un “escargot”, se développant de Boulogne-Billancourt à Orly, via Marne-la-Vallée et Chelles, desservant Clichy-Montfermeil (effort louable), le Bourget et le Stade de France, passant par La Défense, repartant jusqu’à Marly-le-Roy pourquoi pas, redescendant sur Versailles, et plongeant au sud histoire de desservir le cluster de Saclay, le grand projet sarkoziste grand-parisien, avant d’enfin rallier Massy et Orly. Une patte vers le Nord, au niveau du Bourget pour connecter Roissy. Bref, desservir Marly mais pas Créteil, et faire un Orly-Roissy via Versailles, il fallait y penser !

Pourquoi une telle aberration, au-delà de la volonté d’avoir toujours raison contre tous ? Sibylle Vincendon propose deux pistes dans son article. Tout d’abord l’analyse politique, notant que « l’escargot de Christian Blanc… ne passe pas forcément là où sont les gens. La liaison Roissy-La Défense semble évidente, mais celle qui rejoint La Défense à la banlieue résidentielle de Marly-le-Roi est plus curieuse. “ Il fait du cabotage politique ” comment un expert. Il passe à Rueil chez Ollier, à Boulogne chez Baguet, à Chelles chez Planchou… » Pourquoi pas, mais à ce titre, on pourrait peut-être dire la même chose de Métrophérique ou des tangentielles.

Deuxième piste évoquée par Libération. « Beaucoup de gens pensent que Blanc travaille pour le grand avenir » selon un « expert », et de citer également Guillaume Pepy, le président de la SNCF et Jean-Pierre Farandou son directeur général, qui tout deux considèrent que le secrétaire d’Etat au développement de la région capitale travaille pour l’avenir, pour les infrastructures dans 20 ans, pour relier ses grands projets. Bref urgences et prospectives, le débat continue. Mais à ce propos, on a noté que dans les 1000 propositions du plan de relance, il n’y avait que très peu de projets concernant les transports en commun. Et pour cause, on nous explique qu’il s’agit d’accélérer des projets existants, déjà lancés. Alors ceci explique peut-être cela : il n’y pas de projets de transports en commun, parce qu’à force de privilégier la prospective face aux urgences, on fait triompher l’immobilisme.

* Comme d’habitude, je ferai un lien vers l’article de Libération dès qu’il aura été mis en ligne, ou dès que j’aurai réussi à le répérer. La politique internet de Libération est de plus en plus, disons, “particulière”…

Faute de faire des liens vers toutes les notes publiées depuis 4 ans sur la question des transports en commun dans le Grand-Paris, vous pouvez consulter la catégorie que Paris est sa banlieue consacre à ce sujet.

Jean-Paul Chapon


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