Magazine Culture

En virée avec Jean Philippe Viret

Publié le 10 février 2009 par Assurbanipal
En virée avec Jean Philippe Viret Trio de Jean Philippe Viret. Paris. Le Sunside. Vendredi 6 février 2009.21h

Jean Philippe Viret
: contrebasse
Edouard Ferlet : piano
Fabrice Moreau : batterie
La photographie de Jean Philippe Viret et Edouard Ferlet est l'oeuvre de l'Helvétique Juan Carlos Hernandez.
Solo du Boss à la contrebasse pour introduire.La batterie aux mailloches, puis le piano, le rejoignent. Ballade grave. C'est classieux comme disait Serge Gainsbourg. La musique s'anime, s'allège petit à petit. Une onde nous frôle et nous emporte. Cela s'appelle selon l'humeur du compositeur « L'heure est grave » ou « Le ré grave », la corde la plus basse de la contrebasse.
« Les arbres sans fin » titre donné par la fille d'Edouard Ferlet. Le vent court au faîte des arbres.Le contrebassiste passe des doigts à l'archet. De doux, tendre, le morceau devient musclé, charpenté tout en gardant cette grâce légère qui le caractérise. Parfois, sans prévenir, l'émotion monte et nous envahit. Ces musiciens savent ménager le calme et l'excitation.
Ils se taquinent. Le pianiste chatouille la contrebasse avec un archet, le contrebassiste trifouille les cordes du piano.Petit à petit l'ordre émerge du désordre. Une sorte de boogie grave et moderne. Le fluide sympathique circule librement entre les trois musiciens. Selon l'humeur du patron, ce morceau s'intitule « c'est-à-dire » ou « c'est à voir ».
« Vert » de Fabrice Moreau. Ce trio ne joue pas de standards. Il crée son univers et il mérite d'être découvert. Une ballade jouée à l'archet sur la contrebasse. Le temps s'étire et glisse le long de la coulée verte.
Beau duo archet/piano. La musique court dans les alpages comme des chamois qui cherchent l'abri avant l'orage. La batterie gronde tel un torrent dans la montagne. Une accalmie au piano mais la tension reste entretenue par la contrebasse. Une musique qui nous procure un grand bol d'air pur dans un club de Jazz parisien, c'est rare et c'est bon. C'était « Peine perdue ».
PAUSE.
Reprise en douceur au piano. L'archet glisse sur les graves. A nouveau je me sens en plein air, au printemps dans les alpages. C'est une musique pour voyageurs immobiles. Ce morceau d'Edouard Ferlet n'a pas encore de titre.
« Elle est au Sud » (Ferlet). Ca coule de source.
Démarrage à la contrebasse qui entretient la tension avec la batterie. Le piano vole au dessus du volcan.Ca décolle. Le battement des ailes d'oiseau s'accélère. Tout est naturel. Beaux roulements de tambour qui viennent marteler le déroulé du piano. La musique s'efface note après note et prend fin. C'était « Esthétique » ou « Pathétique » question existentielle pour Jean Philippe Viret.
« Les mots rebelles » (ré bémol en contrepet). Solo de contrebasse en introduction. Grave, profond, il touche la corde sensible. La main droite du pianiste vient ponctuer en grave. Quand le trio repart personne n'applaudit. Ces musiciens imposent naturellement le silence et l'écoute. C'est bon mais c'est toujours doux et gentil.
Pour me démentir, le morceau suivant démarre avec un solo de piano, grave et rythmé. Face à l'insistance du pianiste, le batteur matraque de plus en plus fort, hache menu le tempo. La contrebasse participe au combat. C'était « A plus d'un titre » de Jean Philippe Viret.
PAUSE
« Co errance » (Viret). « Le but c'est d'errer ensemble » explique le compositeur. Ils errent, ils avancent ensemble en prenant tous les virages nécessaires et nous les suivons. Fin envoûtante avec la contrebasse tapotée par l'archet.
Ca frotte. Les cordes du piano, un tambour avec des grelots, les cordes de la contrebasse avec l'archet. La musique monte comme la marée. Des vagues d'émotion nous envahissent. C'était « Si peu de choses ».
« Dérive » vogue sur un swing léger. Le bâteau n'a pas perdu sa dérive. Ils savent où ils vont et ils nous y emmènent. Leur petit navire vogue fièrement sur les flots. E la nave va. Un rustre se lève et s'en va au milieu du morceau. Que son Q le gratte et que ses bras raccourcissent !
Un duo somptueux piano/contrebasse révèle des années de complicité en quelques secondes. Le batteur relance aux baguettes. Sur ce morceau là, ça convient bien. Sur d'autres j'eusse préféré qu'il utilisât les balais.
Ce trio existe depuis des années mais le batteur est neuf dans le groupe et plus jeune que le pianiste et le contrebassiste. Cela s'entend. Le son d'ensemble est perfectible mais, avec un tel bagage au départ, l'arrivée ne pourra être que magnifique. A revoir sur scène en plein air au Parc floral de Paris en juillet 2009.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Assurbanipal 3096 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines