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Public ou privé? Et si la question était mal posée?

Publié le 22 août 2007 par Frednetick

Attention énorme lieu commun en vue, prenez garde: Le public est moins cher, le privé est plus efficace.

Voilà, ça c’est fait, comme mise en bouche on pouvait difficilement faire plus simple. Mais de quoi s’agit t-il vraiment? Dans un ancien post j’avais volontairement forcé le trait sur nos amis du privé et leur conception plus qu’hasardeuse du bénéfice social, mais aujourd’hui je vais m’efforcer de limiter les couteaux dans le dos histoire de ne pas froisser leurs costumes Zegna 1 .

Recourir au privé peut en effet avoir plusieurs avantages que je m’en vais citer:

  1. Le financement par le privé de service public permet d’alléger la dette ou le besoin de financement des personnes publiques
  2. La R&D y est plus avancée en général
  3. Les méthodes et process utilisés sont rationalisés à l’extrême
  4. Le suivi qualité est parfois à la hauteur
  5. Les choses se font plus rapidement du fait d’un encadrement réglementaire moins contraignant

Qu’est ce qui retient donc le service public de recourir constamment au privé et de se vautrer das le stupre et la luxure pendant ce temps là? Revue de détail aussi:

  1. Le privé assure le risque seulement dans la limite où celui-ci est prévisible2
  2. La marge prise par le privé est en général supérieure à la réelle différence d’efficacité entre privé et public (5 à 15% de ROE)
  3. Le profit qui est recherché ne manque pas de provoquer des restrictions à la marge qui dégradent la qualité du service (On “gratte”)
  4. Le financement des collectivités locales est bien souvent moins onéreux
  5. Les coûts de fonctionneement du privé intègrent des facteurs inconnus du public3

Mais si l’on quittait un peu les sentiers battus, que l’on chaussait nos bottes et que l’on acceptait d’aller se promener sur les allées boueuses de la réflexion?

Tout d’abord la conclusion tirée du premier lieu commun:

Le public est moins cher, le privé est plus efficace

Il faut donc le confier au privé si l’on veut un service efficace. Soit, cela semble tomber sous le sens. Enfin je veut dire cela tombe sous le sens si l’on actionne un hémisphère mais je vous prie de bien vouloir enclencher le second. Car il existe une autre solution: Rendre le public plus efficace!

Ne faites pas cette tête là, on a la douloureuse impression que votre machoire va se dérocher. Outre le fait qu’à l’évidence cela ne fera rien pour diminuer les dépenses de santé, c’est forcément douloureux pour vous. Je me refuse de plus à souffir toute forme de procès que vous pourriez m’intenter.

Rendre le public plus efficace? Comment faire ça? C’est pas possible, tout le monde sait bien que les fonctionnaires sont d’indécrottables nullos feignants.

C’est en partie vrai. Mais c’est aussi en partie complètement con. Et subsumer4 comme la majorité des gens permet de savoir une chose sur vous: vous êtes de la race des fin cons, je suis bien peiné de vous l’apprendre.

Les diplômés qui au long de leur carrière passent du privé au public et inversement5 sont légions. Ce n’est donc pas l’intégralité du personnel public qui est déficient mais bien en partie la structure qui limite le développement des compétences.

Dans cet état de fait je souligne plusieurs points:

1) L’absence de moyens financiers pour s’aligner sur les salaires de diplômés talentueux en raison de la grille indiciaire de la fonction publique. Problème qui trouve deux solutions:

  • La fin de l’obligation de pourvoir les postes de cadre en statutaire (bref généralisation des exceptions)
  • Modification sensible de la même grille6

2) Les rigidités de gestion des RH dans une collectivité.

Je ne vais pas me faire que des amis dans la FP, mais la garantie de l’emploi est clairement un obstacle à la remise à plat du fonctionnement avec un objectif d’optimisation.

Attention !!! Avoir la possibilité ne veut pas nécessairement dire la mettre en oeuvre !!! Nuance primordiale. Dans un monde en mutation la possibilité de s’adapter pour les pouvoirs publics n’impose pas de se doter des mêmes réflexes cons et auto entretenus du privé. Ce n’est qu’en cas d’impossibilité manifeste que l’on doit pouvoir se séparer de quelqu’un.

Car c’est une réflexion plus large à laquelle il faut se livrer ici:

L’image du service public et sa finalité première: rendre un service au public passe au dessus des intérêts et des cas particuliers!

Il faut pouvoir agir humainement, beaucoup plus que ne le fera le monde privé, mais bien tenir compte de l’objectif final. Je rappelle pour mémoire que l’administration norvégienne génère de l’argent ! La mission de service publique peut donc être aussi efficacement exécutée par le public que par le privé.

Ensuite (seconde réflexion) les élus ne jouent que très mal leur rôle.

Et paf dans ta gueule toi le profiteur7.

Car si les fonctionnaires utilisent parfois l’argent public n’importe comment c’est aussi en raison d’un manque certain d’implication de ceux qui sont censés nous représenter. Bien qu’il me soit difficile de généraliser (ce que déplore constamment) j’ai pourtant l’exemple de nombreux élus8 qui ne pipent rien au fonctionnement d’un service, oublient de contrôler l’utilisation des deniers publics et viennent ensuite pleurer pour que les administratifs trouvent des moyens pour ne pas avoir à augmenter les impôts.

Le réflexe est alors le suivant - attention exercice pratique -

On faisait 10 unités de services avec 1.000€.

Le budget, sous la contrainte passe à 900€. Trois solutions s’ouvrent alors:

  1. On diminue le nombre de services à 9 unités
  2. On augmente malgré tout le budget à 1.000 en empruntant
  3. On trouve les solutions pour faire 10 avec 900€

Que croyez vous que l’inconsistance élective à provoqué comme sclérose mentale?

Faire progresser l’administration dans son rôle de solidarité de dernier ressort, dans sa fonction socialement structurante c’est aussi faire progresser les mentalités de chaque acteurs.

Il faut juste sortir du raisonnement idiot et bien ancré dans la tête des français9 qui consiste à toujours préconiser la dévolution au privé plutôt que de réfléchir aux mécanismes susceptibles de générer cette amélioration dans la fonction publique.

C’est beaucoup plus confortable d’un point de vue intellectuel et en plus c’est facile, il suffit de répéter ce que dit JP Pernault..

Branchez l’autre hémisphère, c’est grisant… Si si.

Et rappelez vous bien qu’à efficacité comparable le public ne prend pas de marge…

  1. Dont vous apprécierez le slogan très Pensée Unique [Retour]
  2. “Jusqu’ici tout va bien” c’est un peu le slogan [Retour]
  3. Frais de gestion de l’assurance privée US: 10 à 12%, Frais de la sécu française: 4,3 % en 2004 source INSEE [Retour]
  4. Passer du cas d’espèce à la généralité [Retour]
  5. Voir aprfois plusieurs allers-retours [Retour]
  6. Le pouvoir d’achat des agents de la fonction publique à notamment baissé de 0.7% entre 2003 et 2004 et présente une évolution clairement identique ces dix dernières années [Retour]
  7. si vous voulez le nom d’un adjoint que l’on ne voit jamais et qui prend ses 1.000€ par mois, n’hésitez pas, je le livre à votre vindicte mailesque [Retour]
  8. Et malheureusement pas seulement dans ma collectivité [Retour]
  9. qui sont fin cons mais je l’ai déjà dit me semble t-il [Retour]

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