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Petites leçons sur le grec ancien

Publié le 11 février 2009 par Iti1801

Petites Leçons sur le grec ancienDès que j'ai lu le billet que Passou lui consacrait, j'ai su qu'il fallait que j'en prenne possession à mon tour et que je n'en serai que ravi. Et je ne me suis pas trompé ! Décidément l'année se poursuit sous les meilleures auspices (côté littérature) car ce petit bouquin est un véritable délice pour les yeux et l'esprit.

Moi, qui n'avais jamais – oui, je sais : shame on me ! – rien lu de Jacqueline de ROMILLY jusqu'à présent, je ne regrette pas d'avoir commencé par cet ouvrage, bien au contraire. Je crois même que c'est une excellente introduction à son œuvre et à son univers. Et pourtant, depuis la seconde, j'ai entendu parler de cette vénérable dame, car c'est à cette époque que j'ai commencé à entrapercevoir le monde grec, et par la suite, régulièrement, car je n'ai pu être insensible à son combat pour le maintient des humanités dans nos chères têtes blondes, pour que celles-ci soient, non seulement, bien pleines (ce qui relève sinon de l'utopie, au moins de la gageure à l'heure actuelle où le mot d'ordre semble d'en apprendre le moins possible et où on allège un peu plus d'année en année...) mais surtout bien faites !

Cet ouvrage est donc une excellente introduction (je ne suis pas sénile, je sais que je me répète mais c'est pour mieux persuader ma chère enfant !) à cet antique monde grec dont découle notre Occident contemporain et à qui nous devons beaucoup. Ce petit fascicule devrait être lu par tout élève de quatrième ou de troisième pour qu'il prenne conscience à la fois de l'importance de cette langue (non pas morte – quel affreux adjectif ici ! – mais plutôt fantôme, car elle n'a pas fini de nous hanter et de se rappeler à notre bon souvenir, tout comme le latin) revêt pour nous Occidentaux (à l'heure où la mode est au Chinois, je sais que je rêve tout éveillé...), mais surtout commencer à deviner sa beauté !

Que je regrette de n'avoir pas continuer plus encore au lycée (tsss soit disant qu'en série S, le latin et la LV2 c'était déjà plus que suffisant... d'accord au début de la 1ère j'ai eu quelques difficultés en Physique-Chimie mais rien d'insurmontable et encore moins en TS Maths avec les joies du bachotage intensif... mais on s'égare). Car lorsqu'on lit (et je n'ai pu m'empêcher d'entendre Jacqueline de ROMILLY me faire la leçon de sa voix à la fois malicieuse et si intelligente – c'est l'avantage quand on a regardé un reportage de la série Empreintes, dont j'ai déjà parlé plus d'une fois et, qui lui était consacré) ce petit livre on va d'émerveillements en découvertes et on se dit qu'il devrait surtout être offert à quelques uns de nos politiques auxquels elle semble prendre un malin plaisir à s'attaquer – et qui n'ont pas dû user leur culotte sur les bancs de latin et de grec :

Sur ce modèle encore, Platon a créé « timocratie » (Rép, 545 B) nom du régime où commandent ceux qui cherchent avant tout les honneurs (de timè, « marque d'honneur »), création qui n'a pas eu l'heur d'entrer dans notre langue. Ainsi d'ailleurs qu'une autre création platonicienne injustement oubliée, la « théâtrocratie », qui pourrait sans doute retrouver vie et sens dans notre monde contemporain parfois analysé comme une « société du spectacle ». La théâtrocratie correspond à ce stade d'évolution de la démocratie où tout le monde se croit compétent sur tout et sans avoir rien appris, au théâtre d'abord, dans les autres domaines ensuite. Chacun acquiert alors une assurance qui se transforme bientôt en impudence, refuse toute autorité, finalement cherche à désobéir aux lois, ne supportant plus ni serment ni engagement (Lois III, 701, A-D).

J'ose espérer que les langues anciennes ne sont pas vouées à inexorablement disparaître sous le fallacieux prétexte qu'on ne les utilise guère plus) car c'est, au contraire, un formidable exercice intellectuel que de s'essayer à la version ou au thème. Et c'est bien le message en filigrane qui nous est transmis avec ce petit ouvrage, pas du tout rébarbatif – même quand on aborde les verbes (avec les subtilités de leurs voix, leurs modes et leurs temps sur lesquels plus d'un élève s'est cassé les dents) – et qui donne un rapide panorama qui poussera les plus curieux à aller plus en avant pour satisfaire leur curiosité sur la Toile, ce qu'elle suggère habilement dès les premières pages :

En effet, la rapidité avec laquelle l'enseignement du grec s'est répandu tient en partie à l'imprimerie (...). On peut se demander si la « révolution numérique » et la diffusion d'Internet auront, avec le temps, les mêmes effets... Cela n'en a pas encore pris le chemin, mais rien n'empêche d'espérer, ni de suggérer...

Coup de cœur indispensable qui devrait avoir sa place dans toute bibliothèque digne de ce nom !


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