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Pour une révolution mélancolique

Publié le 15 février 2009 par Cetaitdemainorg
Aux Antilles et particulièrement en Guadeloupe le conflit social dû à la vie trop chère semble changer de nature. Les vieux réflexes colonialistes arpentent de nouveau le pavé. Les Békés, qui possèdent la quasi totalité de l'appareil de production et de distribution, arment des commandos pour protéger leurs biens et bastonner les "sales nègres". Les petits-fils des anciens esclaves n'entendent pas reprendre le harnais de l'abjection et laissent planer de sourdes menaces. Un seul mort à Pointe à Pitre et ce sera l'embrasement. Notre gouvernement d'autistes doit empêcher cela. S'il trouve de l'argent pour les banques et l'automobile il peut aussi en trouver pour les plus démunis. Ce n'est que justice. Une justice réclamée aussi en métropole. Les observateurs évoquent une radicalisation des antis qui touche les cols blancs comme les cols bleus. Les enseignants-chercheurs, les médecins hospitaliers, les juges d'instruction, les avocats commencent à ruer dans les brancards. L'aveuglement des puissances financières est totalement responsable de cette situation. J'ai entendu un économiste affirmer que les actionnaires sont plus à plaindre que les salariés. Comment voulez-vous qu'un ouvrier de Gandrange n'ait pas envie d'en découdre en entendant des paroles aussi incendiaires ? Une révolution armée n'est cependant pas souhaitable. L'Histoire a démontré depuis longtemps que les révolutions armées sont toujours confisquées par ceux qui ne la font pas. J'en appelle à une révolution mélancolique. Je pense à la réplique de Bartleby le scribe dans la célèbre nouvelle d'Herman Melville : I would prefer not to do it. Faisons tous comme le mélancolique Bartleby. Dans les ateliers, dans les boutiques, dans les bureaux, dans les écoles, dans les hôpitaux asseyons-nous par terre et regardons nos chefs dans les yeux quand ils veulent nous faire faire quelque chose de crétin et disons-leur à l'unisson : "Je préfèrerais ne pas le faire." Après la grève du travail, incontournable pour qu'on nous entende, cette grève de l'obéissance, chaque jour, aurait un retentissement qu'on n'imagine pas. La mélancolie comme prise de conscience de son pouvoir d'humain libre et digne, voilà une autre façon d'agir, sans violence. Et tout autant radicale que la poudre des fusils.

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