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Une longue histoire ( Deuxième chapitre )

Par Daniel Valdenaire

DEUXIÈME CHAPITRE

La scène se déroule au Fouquet’s ( Très, très bonne maison surtout célèbre depuis le 6 mai. 2007 ).Autour d’une table, dans un salon particulier, sont réunis Saïf, R.D. Guéant et Cécilia. Ils boivent du thé et Saïf a demandé une religieuse ( La pâtisserie bien sûr ). Pendant le trajet en voiture, Cécilia a informé son mari de sa rencontre et surtout du coup spectaculaire qu’ils pourraient faire. Sarkozy est tout de suite entré dans le jeu et s’est dit qu’une fois de plus sa Cécilia était quelqu’un de formidable. C’est sûr, qu’ il l’aime.Je vous passe les préambules de mise, surtout quand il faut négocier avec des gens du Moyen-Orient et Cécilia en vient au sujet fatidique. Il faut noter que Guéant n’interviendra que très peu, sauf pour rectifier quelques erreurs géographiques ou diplomatiques que cette dernière ne maîtrise pas complètement mais on ne peut pas le lui reprocher. - Voilà, je pense que vous vous en doutez un peu, mais nous voudrions que vous nous parliez des intentions de votre pays au sujet du sort des infirmières Bulgares et du médecin Palestinien. Saïf paraît surpris, puis se reprend. Il faut dire à sa décharge que malgré ses fonctions il est un peu benêt en tout cas ses valeurs sont différentes des nôtres. Il répète deux fois : - Les infirmières. Les infirmières. Je ne m’attendais pas à ce que vous parliez de ce sujet. Mais si vous le désirez, je suis à votre disposition. Au fond d’elle Cécilia pousse un ouf de soulagement. Cette fois le processus est engagé. - Vous comprenez bien que l’Occident est bouleversé par le sort que votre pays a fait subir à ces pauvres gens. - Vous semblez oubliez Madame que ces infirmières ont inoculé le virus de sida à plus de 400 enfants. Guéant tente d’intervenir, mais Cécilia lui lance un regard noir. Elle s’attendait à cette remarque et justement elle va en faire un argument de négociations. Rapidement elle a compris que si on voulait résoudre ce drame il fallait non pas, demander la libération, mais insister sur le sort malheureux de ces enfants. Elle sait que Kadhafi se fout du sort des infirmières, mais un peu moins des enfants malades. - Je voudrais que vous compreniez combien que nous sommes solidaires de ces pauvres enfants et vous pouvez être sûr que c’est notre principal souci. En utilisant le terme ” principal ” elle sent qu’elle a marqué un point vis-à-vis de son interlocuteur. Elle reprend : - Vous savez que nous avons des spécialistes qui peuvent prendre en charge personnellement chaque enfant. Nous pouvons même construire un hôpital et assurer la formation du personnel soignant, tout le temps le temps qu’il faudra. Saïf est tout de même perturbé et il se dit qu’avant de faire un erreur, il ferait bien de téléphoner à son père. Visiblement il ne s’attendait pas à passer sa soirée à parler de politique, mais plutôt avec une des filles de chez Prada. Cependant il sent qu’l peut éventuellement tirer profit de cette situation. Il n’oublie pas que son père lui a promis la succession et il ne tient pas remettre en cause ce destin fantastique que d’être président à vie d’un pays aussi riche et habité par une population aussi pauvre qui ne proteste jamais et se contente de son sort. Il sait qu’il n’aura comme principal souci de que de gérer les milliards qui tomberont régulièrement comme un métronome dans son escarcelle. Il informe donc es interlocuteurs qu’il souhaite téléphoner à son père et qu’ainsi ils seront fixés sur les intentions de ce dernier. - Allo ! Qui c’est ? La communication passe mal dans le désert. - C’est Saïf ! Bonjour p’pa ! Ça va ? - Qu’est-ce qui se passe mon fils ? Alors ce défilé militaire, ça s’est bien passé ? Est-ce que tu as vu des armes qui pourraient nous intéresser ? Tu sais que je te fais confiance ! - Oui, je sais p’pa et je te remercie, tu es un bon père ! Dieu Te bénisse ! Saïf se rend compte du malentendu et n’ose reprendre son père. - Oui, oui, il y avait beaucoup de choses intéressantes, nous en parlerons à mon retour. Mais je te téléphonais pour autre chose. Tu sais à Paris, il y un nouveau président depuis peu. - Oui, oui, Sarkozy, je crois. - C’est ça, Sarkozy et je suis au Fouquet’s avec sa femme et un de ses conseillers, ils veulent que je leur parle de ce que tu comptes faire avec les infirmières. - Qui ça ? - P’pa tu sais bien, le sida, les gosses malades. - Ah ! Oui, ça y est. Qu’est-ce qu’ils veulent ? Ca ne les regarde pas. C’est mon problème, ne te mêle pas de ça ! - Ecoute p’pa, tu sais qu’on a beaucoup a gagner dans l’histoire, tout le monde est prêt à se coucher pour obtenir cette libération et il faudrait y réfléchir. On pourrait récupérer par mal de millions de dollars avec cette histoire. Rappelles-toi, tu n’as jamais digéré Lookerbie. Et puis toutes ces nouvelles armes, tu te rends compte de tout ce qu’on pourrait engranger. Ça vaut vraiment le coup, et puis ces Bulgares, y en a marre et en plus, ça nous fait une sale réputation dans le monde entier. Sous sa tente Kadhafi sent son keffieh se soulever. Il est pas si bête que ça mon fils, qu’est-ce que ça coûte de négocier. Si ça me convient pas j’annule tout, ce ne sera pas la première fois. - Passe-moi la femme du président Sarkozy. Comment s’appelle-t-elle ? - Cécilia. - Elle est belle au moins ? On ne se refait pas. - Pas mal, bon qu’est-ce qu’on fait je te la passe ? Il se rend compte que son portable est vide. - Oui, oui, fils, passe là moi et rentre vite qu’on reparle de tout ça. Saïf est fier d’informer sa compagnie que son père accepte de parler à Cécilia. Celle-ci ne s’attendait pas à une telle rapidité et elle est prise soudain par un vent de panique. Il aurait fallu qu’elle voit Nicolas. Qu’est-ce qu’elle va pouvoir dire à cet homme qui lui fait peur rien qu’à la télé. Parler avec le fils ça va, mais avec le père ! Mais elle ne peut plus reculer, elle se lève et prend l’appareil, quelques secondes interminables s’écoulent, quand elle entend une voix grave qui se veut charmeuse. - Bonsoir Madame, mon fils me dit que vous voulez me parler des infirmières Bulgares. Je vous dis tout de suite qu’elles ont été reconnues coupables et que la peine doit être appliquée. Cependant je suis disposé à vous écouter. Faîtes vite, je n’ai pas beaucoup de temps. En fait, vous l’aurez compris, il a tout son temps, il ne quitte son fauteuil que pour monter dans son 4×4 et se rendre dans une de ses nombreuses demeures où il se rassied dans un autre fauteuil. - Par hasard, j’ai fait la connaissance de votre fils et je me suis permis d’évoquer le sort de ces prisonnières… Il la coupe brutalement : - Meurtrières vous voulez dire ! Elles ont volontairement inoculé le sida à des centaines de gamins ! Et vous voulez que j’ai pitié de ces gens ! Il crie, il sent qu’il va s’emporter. Cécilia tremble sur ses jambes. jamais elle n’aurait dû se lancer dans une telle aventure. Si seulement Nicolas était là, lui il sait comment se sortir de toutes les situations. Il reprend : - J’ai dit à mon fils que j’acceptais de vous parler, alors je vous prie de bien vouloir excuser mon emportement, mais comprenez que le sort de ces gamins est ma principale préoccupation. - Tout à fait Monsieur, j’ai déjà dit à votre fils que nous voulions avant tout aider ces familles et que nous pourrions y mettre tous les moyens. Mon mari est un homme dynamique qui peut faire bouger les choses et avec qui vous devriez vous entendre. Je suis sûr que vous avez le même caractère. - Bon, écoutez, voilà ce que je propose. Je vous invite à venir me rendre visite, mais que ceci se fasse dans la plus grande discrétion. Et je vous rappelle une nouvelle fois que la situation est loin d’être débloquée. Mon pays est souverain, l’Occident doit le savoir ! Cécilia, je dois vous le dire, fait preuve d’un grand sang-froid malgré son trac.  - Est-ce que cela peut se faire rapidement ? - Oui, oui, disons la semaine prochaine. Quel jour sommes nous ? Jeudi et bien disons lundi prochain, je vous passe mon secrétaire, à bientôt Madame. Celui-ci, debout trois pas en arrière de son chef accoure, prend l’appareil et définit avec Cécilia quelques points. Il promet de rappeler le lendemain pour régler ce voyage. Nous sommes à la mi-juillet. Jusque là vous avez pu constater que le déroulement des événements n’a rien d’extraordinaire. Mais il faut savoir que l’on a tendance à fantasmer, a grossir des faits qui souvent ne ressortent que de la banalité. Je veux dire par là, que d’une part il y a un problème humain dramatique et d’autre part des gens d’une consternante banalité. Cela veut dire qu’il faut se rendre suffisamment disponible pour comprendre la souffrance et accepter la bêtise. C’est pour cette raison que j’ai des réserves envers la démarche du PS. Ce parti et surtout ses responsables, sensés connaître les méandres de la politique font à mon avis preuve d’imprudence quand ils réclament à cors et à cris un compte-rendu qu’il est difficile de faire si l’on veut respecter les sensibilités diplomatiques et qui sont de la responsabilité des gens au pouvoir. A suivre…. motpassant

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