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La fille qui rêvait d'un pot de cyanure et d'un appartement désert

Par Theclelescinqt

La fille qui rêvait d'un pot de cyanure et d'un appartement désert


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Un jour ils auront ma peau...

Mes bonnes intentions bellemertales et le concert de louanges récemment adressé à mon empoté de beau-fils ont duré ce que durent les roses (ou un bon plat de tiramissu dans le frigo) chez les Lescinqt.

Il faut dire que chacun a apporté sa pierre à mon château de ras-le-bol branlant qui tient comme par magie au bout de presque sept jours de ce charmant mode de vie : rappellez-vous ces cinq mômes et ces 67 m2 dont je vous bassine à longueur de blog.

C'est la petite qui ne dort plus, ni dans son lit ni dans sur le petit matelat posé à côté de nous : ce qu'elle veut c'est être collée à moi à partir de quatre heures du matin, ou rien. Et la journée elle aime bien hurler et continuer à me coller sans cesse, des fois que j'aurais envie d'exécuter l'une de mes passionnantes occupations ménagères.

C'est le mari qui se lève donc à quatre heures du mat. en pestant contre l'éducation que je prodigue à ma fille, et qui vient se recoucher deux heures plus tard pour me brasser dans tous les sens, une fois que j'ai réussi à me réendormir. Il faut bien qu'il me dise bonjour.

C'est le beau-fils qui se casse au club préados en laissant tout en plan sur la table, couteau à pain à la portée de la petite, miettes partout,  nutella même pas refermé, ou qui joue au benêt avec son assiette du déjeuner, si on insiste vraiment : "Ben comment on ouvre le lav'vaisselle ? "

Tu sautes sur place et ça finira bien par s'ouvrir.

C'est le fils aîné qui me tanne depuis trois jours pour que je lui achète un déguisement, comme si c'était comme ça qu'on allait finir le mois, et pour que je l'inscrive dans une agence de castings pour enfants, car c'est un fondu de théâtre. C'est vrai que quand on l'effleure il bondit de trois mètres en arrière, il est temps que ça rapporte enfin...

C'est le benjamin qui se vexe dès qu'on ne l'écoute pas lui exclusivement, et qui s'arrête le cas échéant tout bonnement de marcher dans la rue, ce qui est bien pratique quand ce sont trois qui essaient de vous parler en même temps. Dès le matin, j'essaie de l'apprivoiser, je lui mets un CD de rock pour qu'il daigne faire son entrée dans le salon, avant que le beau-fils ne débarque et lâche un beau : "Qu'est-ce que c'est que cette musique de nuls?"

Rappelle-toi qui fait la bouffe et réfléchis avant de parler.

Il n'y a que le cadet qui me fout la paix, qui va dormir gentiment dès le repas fini, qui ne râle pas pour ses fringues qui seraient moches, ses chaussettes qui ne lui plairaient pas, le goûter qui ne conviendrait pas, le film qu'il n'aurait pas choisi, la campagne où il n'aurait pas envie d'aller, la douche qu'il n'aurait pas envie de prendre, etc. C'est le seul qui voit un psy d'ailleurs en ce moment : un bon point pour les psys. La mère est sur le point de débloquer sévère mais le fils,lui, va bien.

Sans parler du linge. Il faut que je sois folle pour leur avoir acheté plus d'une tenue chacun.

Tout mettre à la poubelle. Quand je pense qu'en plus je récupère des garde-robes entières de filles en très bon état, taille 10 ans, que mes voisins flanquent à la benne! Comme si j'avais besoin d'entasser six ans à l'avance. Eh bien je le fais. Que des marques en plus, ce sont les gens qui sont fous, finalement.

C'est pourquoi avant-hier j'ai vraiment pété un câble, après plusieurs jours de ménage comme une toquée et débarrassages intempestifs de tables de fainéants. C'est simple, chaque matin, avec ces cinq lascars, il ne me faut rien moins qu'une heure et demie pour remettre ce petit appartement en état, et je ne vous parle pas des vitres, des courses, de la cuisine, des lessives ou du repassage. Non, redonner à cet habitacle juste l'aspect d'une habitation humaine qu'il n'aurait jamais dû quitter me demande 90 minutes ! Aspirateur, lits, rangement, plan de travail, ramassage de vêtements posés artistiquement sur le sol, ramassage de jouets, poussière,...

Puis midi et demi arrive en même temps que mari et beau-fils qui avec la fille attendent leur légitime pitance sur un plateau d'argent. Ne vous demandez pas qui prépare, ni qui débarrasse. Ca plus l'après-midi de repassage parce qu'il faut bien que les fringues rentrent tout droit dans leurs boîtes, plus la charmante soirée qui m'attend à base de gamine hurlante sur le chemin du centre de loisirs pour cause d'incompatibilité d'humeur avec sa poussette, benjamin hurlant qu'il veut des bonbons sous peine de crever de faim sur la chaussée, aîné qui imperturbablement, me raconte pendant ce temps sa journée, avec sa petite voix de futur acteur, même si je n'y comprends rien et que je lui ai déjà dit vingt fois de parler plus fort (il n'y a pas que nous dans la rue), beau-fils qui de retour du club préados veut regarder Alien, ou Alien vs prédator, ou Danny the Dog, indifférent à mes objections, à tel point que j'en viens à planquer les télécommandes et le menacer de ne pas le nourrir pendant les merveilleux jours qui nous restent à passer ensemble, eh bien il suffit que personne ne m'aide à débarrasser après dîner pour que je pète un plomb, éteigne directement le film choisi par mon cher mari et convoque une réunion au sommet :

" Vous allez me débarrasser immédiatement votre foutoir, bande de couillons, ranger vos affaires, vider le lave-vaisselle, bordel, bordel, bordel!"

" Si vous n'obtempérez pas tout de suite il va falloir vous trouver une nouvelle bonniche, bien que je doute fort qu'une aussi bonne poire que moi existe sur le marché, surtout pour toi, le quarantenaire."

"Il n'y a d'ailleurs pas marqué bonne poire là."

" Si ça continue comme ça je vous flanque tous dans un sac avec 30 kg de pierres et un chat direction les eaux du Bosphore à l'internat."

" Toute paire de chaussettes ou même chaussette orpheline trouvée par terre sera immédiatement jetée à la poubelle."

"Les toilettes seront désormais fermées à clef et à mon usage exclusif tant que vous ne m'avez pas prouvé que vous savez les traiter convenablement."

"Il est hors de question que toi et toi là rentriez demain pour déjeuner après un soi-disant travail ou club préados, ou alors vous vous débrouillez ! En tout cas moi je ne suis pas là."

Alors ça a râlé, vitupéré, ordonné de fermer mon clapet (il ne sait pas à quoi il s'expose!) mais dans l'ensemble les choses ont été faites.

Malheureusement ce matin les affaires ont repris sous forme d'une gamine hurlante et décidée à continuer à ignorer sa poussette, un beau-fils ayant oublié son rendez-vous trois quarts d'heure plus tôt et pique-nique à Disneyland ce jour, m'obligeant à confectionner un panier-repas en moins de trente secondes, plus deux fils décidant de s'administrer une peignée contre les murs de la garderie, devant ces dames qui d'habitude s'extasient sur la bonne mère que je suis, au risque pour Eudes de s'éclater les lèvres et ses dents de lapin. Prévoir de lui faire poser un appareil pendant le trou de dix minutes de mon agenda la semaine prochaine.

Comme maintes fois ce sont encore les femmes qui m'ont sauvée du suicide, avec l'appel de ma copine Rosanna me rappelant qu'en tant que membre du club des café-alcooliques j'étais en train de me mettre en retard pour la séance hebdomadaire dans son logis, ce qui m'a permis de laisser moisir mon appartement sans aucun scrupule.

Puis ces dames de la garderie ont pris la mesure de la situation à la vitesse de l'éclair, ce qui leur a permis à treize heures de me planter dans la main un petit mot où était noté le numéro de leur psychologue préféré, spécialiste des troubles du sommeil chez l'enfant.

Espérons qu'il soit spécialiste des mères aussi car de toute évidence ma cocotte-minute va bientôt exploser.

Ces féminines attentions m'ont ragaillardie, et un coup de fil aujourd'hui d'une autre copine a achevé de me remettre sur pieds. Elle connaissait ça, cet effondrement de la mère qui tout à coup bénéficie d'une journée pour elle seule et qui déprime à bloc car elle ne sait plus quoi faire de sa peau.

Il faut s'organiser, c'est tout. Et pour commencer ranger le pot de cyanure, ça ne ferait rien que me mettre en retard.

La fille qui rêvait d'un pot de cyanure et d'un appartement désert
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