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Parisot and Co

Publié le 20 février 2009 par Dagrouik

Un des blogueurs que je connais, je ne sais pas si c'est Adrien de Politique 2.0 nous a parlé un jour du décalage idéologique ambiant. Tant la droite est à droite que certains  re-découvrent le coté radical socialiste du proto-délinquant Chirac, et oublient tout le reste ( CPE, affaires, politique fiscale etc..). 

Et devant la frénésie neo-conservatrice de l'OVNI élyséen, on est en admiration devant les choix politiques de Merkel prête à exproprier des actionnaires ou ceux des traitres travaillistes anglais qui pensent à nouveau utiliser une windfall tax sur les profits des grandes entreprises. Bientôt, on découvrira surpris et ébahis que c'est Tony Blair qui a utilisé cette option en 1997...

D'un autre coté, plus chez nous, on a toujours connu la CGPME comme un syndicat de petit patrons, forcément réactionnaires et donc très à droite.

Quand Parisot a été élue à la tête du MEDEF, on nous l'a présenté comme la moderne face au frère Sarkozy et au monde ringard de l'industrie (UIMM). Rien que ce mot moderne nous a fait sursauter. Vos mères et grand-mères, ont du vous parler un jour de ces représentants en aspirateur qui arrivaient et sonnaient à leur porte pour présenter le truc moderne, mais bien sûr hors de prix. On se rendait compte souvent après quelques temps, que le truc était en fait une saloperie mal fagotée ne rendant pas le service attendu. Désormais dans la sphère néo-conservatrice et libérale, on trouve aussi des marchands d'aspirateur.

L'autre soir, vous avez donc entendu ou vu à la TiVi le lider minimo expliquer qu'il voulait qu'on partage les profits avec une règle des 3 tiers. Je vous ai quelques fois rappelé cette promesse qui date de Janvier 2008 en pleine affaire du "pouvoir d'achat". L'überprésident à talonnettes a expliqué ensuite qu'il demanderai aux partenaires sociaux de se mettre d'accord sur le partage des profits. On est prié de saluer ici la recherche du dialogue social et l'idée moderne... jusqu'à ce qu'on découvre que le dialogue social en question commence mal.

Parisot a expliqué que pour elle il n'était pas question de négociations nationales sur ce sujet, et que dans quasiment toutes les entreprises, on discute du partage de la valeur ajoutée. Là après une bonne crise de rire, on comprend qu'on nage en pleine intoxication du Medef. Remarquez on a lu des blogueurs libéraux nous expliquer , grande joie, que des entreprises du CAC40 avaient distribué des profits à des milliers de salariés. Oui vous avez bien lu, des milliers. On rappellera à ce brave jeune homme qu'il y a en gros 28 milions de salariés dans la population active. C'est quand même autre chose que quelques milliers.

La moderne Parisot dit niet dès le début, pour elle le partage des profits c'est niet. Et que découvre-t-on en même temps? que la CGPME supposée réactionnaire, est d'accord sur l'ouverture de négociations. La CGPME a acquiescé à ce travail de réflexion qu'on pouvait avoir sur le partage des profits. Ce partage fait partie de l'éthique de la CGPME à travers les valeurs qui sont celles du travail, de l'effort, de l'initiative, mais également du partage. Nous sommes donc tout à fait partants pour travailler sur ce sujet, et nous avons d'ailleurs proposé la semaine dernière au gouvernement une mesure pour diminuer l'impôt sur les sociétés sur la partie des résultats qui seraient soit distribués sous forme d'intéressement ou de participation, soit montés en haut du bilan pour renforcer les fonds propres de l'entreprise, soit dépensés en investissements immédiats.

On notera que la CGPME supposée réactionnaire (souvenez vous) a fait la même remarque sur l'ajustement de l'impôt en fonction de la destination des bénéfices en réponse au contre-plan de relance du PS. Pour cela rendez vous page 20 de l'Hebdo des socialistes du 31 Janvier 2009. La moderne Parisot elle dit niet à tout ça.

Pendant ce temps on parle de donner des miettes aux salariés ( 2,4 milliards modulo les trucages comptables), et là encore la répartition des "offres" est très dépendante du statut social: Marc a fait le calcul, les plus riches vont de goinfrer de 800 euros et les plus pauvres de 40 euros en moyenne. Simple calcul, même pas besoin de faire une règle de 3 capable de terrasser sur place un Darcos en perdition.

On est sûr d'une chose, quand les négociations sur le partage des profits commenceront, le MEDEF dira niet. Tout reviendra donc dans le giron de l'état et de Sarkozy. Ce sera le retour à la case départ, et donc au final sans doute pas grand chose. Car d'ici le grand barnum sarkozyste aura produit musique, bruitage et paroles pour engloutir cette idée dans le reste du fatras.

Entre temps, voilà ce qu'on va pouvoir proposer comme informations à la moderne Parisot, et surtout à mes lecteurs. Par ce que franchement dans ce domaine on a tout lu, en particulier un pénible essai d'intoxication de la part du journal sans fond. D'après cet auteur, la baisse de la part du travail dans la répartition travail/capital n'explique pas la crise que nous vivons et en particulier la crise financière.

On va donc rappeler deux courbes à l'attention des tenants du libéralisme et défenseur du dogme de la main invisible. Courbes que j'avais explicité dans un billet sur les belles courbes où vous trouverez les références de ce qui suit.

La baisse de la part salariale a conduit à un rétablissement spectaculaire du taux de profit moyen à partir du milieu des années 1980. Mais dans le même temps, le taux d’accumulation a continué à fluctuer à un niveau inférieur à celui d’avant-crise (graphique 3: UE,G7). Autrement dit, la ponction sur les salaires n’a pas été utilisée pour investir plus. Le fameux théorème de Schmidt (« les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain) n’a pas fonctionné.

Le profit non investi a été principalement distribué sous forme de profits financiers. L’écart entre le taux de profit dégagé par les entreprises et la part de ces profits allant à l’investissement est donc un bon indicateur du taux de financiarisation. On peut alors vérifier que la montée du chômage et la financiarisation vont de pair (graphique 4: UE). Là encore, la raison est simple : la finance a réussi à capter la majeure partie des gains de productivités au détriment des salaires dont la part a reculé. (...) A partir du moment où le taux de profit augmente grâce au recul salarial sans reproduire des occasions d’accumulation rentable, la finance se met à jouer un rôle fonctionnel dans la reproduction en procurant des débouches alternatifs à la demande salariale.

Donc messieurs et mesdames les défenseurs de la main invisible et opposés au partage des richesses, que pensez vous de ces jolies courbes ? Surtout la dernière qui montre que le taux de chômage en occident suit étrangement l'évolution du taux de financiarisation des profits.

Et quelques nouvelles données trouvées dans le Monde Diplomatique« en 2007, le montant des dividendes versés et de l’investissement productif réalisé par les entreprises non financières était respectivement de 227 milliards et de 209 milliards d’euros »  et aussi que la part des dividendes versés dans la valeur ajoutée est passée de 3,2 % en 1982 à 8,5 % en 2007. Au détriment des salaires, mais également des dépenses de recherche et de développement, de l’investissement matériel qui a stagné en France durant cette période. Tout ceci est parfaitement compatible avec la financiarisation du capital visible dans les courbes ci-dessus.

On apprend aussi que l'OCDE qui est sans doute un repaire de dangereux gauchistes a découvert que « la part des salaires dans la valeur ajoutée est tombée de 67 % à 57 % en moyenne dans les pays les plus riches  ».  Ça se trouve dans un rapport disponible en ligne. On lit dans le résumé du rapport que Les inégalités se sont généralement accentuées parce que les ménages riches ont vu leur situation beaucoup s’améliorer par rapport aux familles de la classe moyenne et du bas de l’échelle des revenus. Et ce n'est pas dans l'Humanité ou dans la bouche de Besancenot qu'on lit que Les disparités salariales entre les travailleurs à plein temps se sont creusées dans la plupart des pays de l’OCDE. Cela tient à ce que les hauts salaires ont encore accentué leur avance sur les autres. La mondialisation, le changement technologique, qui favorise les compétences, et les institutions et politiques du marché du travail, ont contribué à cette situation.

Non c'est dans un rapport de l'OCDE que la moderne Parisot a du lire, et vite oublier. Quand le grand bidule du libéralisme reconnait que les politiques du marché de travail contribuent à l'augmentation des disparités du travail et donc des revenus en faveur des tranches supérieurs, il serait peut être temps que la moderne du MEDEF le reconnaisse. On va résumer, l'OCDE reconnait que TINA est responsable de l'évolution des inégalités. C'est sans appel.

Tout comme ces données de l'INSEE sont sans appel :

On voit qu'entre 1998 et 2008, les 90% des salariés les moins payés se voyaient gratifier de +0,9% tandis que les 0,1% plus payés de +68,9%, ou les 10% les mieux payés gagnaient 8,2% de plus.

C'est à dire que ces 10% les mieux payés ont eu un gain 9 fois supérieurs à celui des moins payés. On va résumer ça, ce sont les salaires les plus élevés qui se sont le plus envolés en 10 ans.

Tout cela n'est donc pas contestable, et le jeu sarkozyste des 3 tiers pose un autre problème. La partie des profits qui est partagée avec les salariés est reversée en intéressement. Et ces revenus ne sont pas dans l'assiette des cotisations sociales d'assurance chômage,santé ou retraite que ce soit pour le salarié ou l'employeur. Il devient donc facile à l'entreprise de verser du revenu par ces biais plutôt que dans le salaire de base du salarié. Le gain est alors évident pour tout directeur financier. On rappellera que la cour des comptes à déjà donné son avis sur l'apport de cette niche sociale dans la dimension du trou des comptes sociaux.

Mais finalement, n'est ce pas là l'objectif final de Sarkozy? La rupture, casser le système pour l'individualiser au maximum et privatiser au nom de la concurrence tout ce qui reste de collectif, pour satisfaire ses électeurs qui en ont marre de payer pour tous ces fainéants, comme le dit un de mes trolls. Sauf que là, les supposés fainéants sont ceux qui participent y compris dans le service public à la création et l'évolution du capital dont on voit bien que la répartition par en vrille depuis les années 80.

Et n'oublions pas aussi que la moderne Parisot s'est inquiétée du financement des 2,6 milliards de cette semaine, le sois-disant virage social de Sarkozy... mais qu'on ne l'avait pas entendu se plaindre quand il s'agissait des banques. La voilà qui faussement naïve nous explique: "Je ne sais pas si on peut dire que le compte n'y est pas car je n'arrive même pas à faire les comptes"; On l'avait déjà vu parait-il trompée par les vieux gris de l'UIMM, la voilà qui ne sait plus compter.

Elle a l'émotion à dimension variable. Et comme tout vendeur d'aspirateur, elle est capable de vous faire croire que la Flat-Tax c'est forcément moderne. Pour l'instant elle juge la société avec un regard du siècle dernier, voire même du XIXe. Pour elle hors de question de partager que ce soit les profits ou les responsabilités et décisions. Alors que le corps social a évolué bien plus vite que sa petite tête engoncée dans des certitudes d'une autre époque. Mais bon puisse qu'on vous dit qu'elle est moderne.

Et à force de jeter de l'huile sur le feu sociale, Madame Parisot finira peut-être par produire l'étincelle qui fera les gens se révolteront et ils auront raison selon les propres mots de Sarkozy. Il faut dire qu'elle ne pense qu'aux entreprises et pas à ceux qui les font vivre...


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