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Loin (mise en poche)

Publié le 22 février 2009 par Clarabel

Loin, Victoria Lancelotta

9782264046666R1
Un soir dans un bar, Martha rencontre Edward avec qui elle dit oui à tout et tout de suite. Toutefois Martha fausse le jeu : elle boit, elle le suit sans protester et ne prétend finalement pas être elle-même. Ne rien dire du fond de ses pensées. Aussi, quand elle quitte Baltimore pour une petite ville en Floride, elle part sans dire au revoir. Accord tacite (selon elle). Quelques temps après, Martha apprend qu'Edward sort avec Carly, sa soeur cadette. Cette nouvelle réveille des fêlures, datant depuis l'enfance et l'adolescence, et qui pourraient expliquer ces fuites en avant. Martha, enfin seule, repue de cet isolement, veut démêler le vrai du faux, comprendre ce qui cloche chez elle.
A force d'affirmer qu'elle n'attendait rien de lui, qu'elle avait coutume de dire trop facilement oui à tout, qu'elle était constamment insatisfaite, Martha doit admettre qu'une mécanique secrète est en panne. Pourquoi les autres, et pas elle ? Pourquoi les mêmes qui ont trente ans se marient, vivent en lotissement dans une banlieue cossue, mais toujours pas elle ? Il faut dire, aussi, qu'il n'y a pas ce désir, non aucun désir chez elle, d'y parvenir un tant soit peu.
Pour comprendre davantage Martha, il faut donc aller plus "Loin". C'est ce que suggère l'auteur Victoria Lancelotta dans ce premier roman serré, exigeant et riche de subtilités. Il y a aussi une part du désir chez cette jeune femme, juste suggérée pour ne pas le décrire en termes graveleux, comme pourrait le supposer son comportement. Martha est étrange et inquiétante. Mais c'est tout de même une histoire mélancolique et amère qu'elle raconte, avec un froid cynisme et un humour presque vain. Elle nous le sert sur un plateau, c'est comme ça, pas autrement, acceptez-le ou non. Moi j'ai été scotchée.
Victoria Lancelotta est aussi l'auteur d'un recueil de nouvelles, En ce bas monde (publié chez Phébus et 10-18), acclamé par la critique, qui n'hésite pas à la comparer à Raymond Carver ou encore à Kaye Gibbons. C'est un auteur américain que j'apprécie beaucoup ! Une vraie découverte.

(Roman lu en décembre 2005)

Phébus, 2004 /  10-18, 2009 - 288 pages - 7,90€
traduit de l'anglais (USA) par Bruno Boudard


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