Magazine France

Un grain de blé dans l’eau profonde

Publié le 22 février 2009 par Philippe Thomas

Le Dimanche de la Vie, 3

Je néglige actuellement mes exercices quasi ignatiens sur l’actualité (La semaine de Fraise). La règle du jeu est de prendre un temps de recueillement  pour, sans le secours d’aucun document, faire le point dans la foulée en quelques lignes sur ce qu’on a bien retenu de l’actualité de la semaine écoulée. C’est pas qu’il ne se passe rien, mais je suis pris actuellement par d’autres chantiers… Je renoue aujourd’hui avec le Dimanche de la Vie, juste pour citer ces deux poèmes de Georges Haldas, le fin chroniqueur du Boulevard des Philosophes et non moins profond poète à la métrique subtilement décantée. J’y reviendrai bientôt et après Brodski, c’est donc aujourd’hui avec Haldas le début d’une chronique à épisodes…

Fidélité lointaine (1. L’eau profonde)

Je descends dans le puits

artésien du grand doute

Je traverse une nuit

pointillée par tous ceux

qui furent là un jour

demain n’y seront plus

Mais toi réduite au souffle

toujours tu seras là

Toujours je cueillerai

l’anémone le soir

Toujours je revivrai

au bruit des pas, des voix

Toujours je redirai

dans le gouffre : patience

Toujours je te verrai

renaître de l’absence

Vision  (2.Le grain)

Le soleil du matin

peignait les rues légères

Rendait gais les passants

La fontaine parfois

détournait son visage

afin que chacun puisse

mieux entendre sa voix

Dans les jardins mouillés

les plus vieux bancs du monde

invitaient au silence

Au fond des allées sombres

les marronniers rêvaient

Et moi je voyais Dieu

dans un grand voile d’or

porter pour nous des œufs

Georges Haldas (né à Genève le 14 août 1917), Un grain de blé dans l’eau profonde, L’Age d’Homme, 1982.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Thomas 103 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte