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Arbres de fumée de Denis Johnson

Par Sylvie

ETATS-UNIS
NATIONAL BOOK AWARD 2007

Arbre de fumée
Editions Christian Bourgois, 2008
Voici un livre somme de 700 pages sur les guerre du Vietnam et ses conséquences de 1962à 1983. Sur une vingtaine d'années, nous suivons l'itinéraire d'une douzaine de personnages, soldats américains, colonels et jeunes soldats, une infirmière humanitaire et quelques vietnamiens, ennemis ou alliés des Etats-Unis.

Arbre de fumée n'est pas un roman de guerre classique. Rien à voir avec A l'ouest rien de nouveau qui montre continuellement les soldats au front. Très peu de bataille, très peu d'action. Mais beaucoup d'attente ; nous sommes entre le roman d'aventures, le roman psychologique et le roman d'espionnage.

Les deux personnages principaux, Skip Sands et son oncle colonel, appartiennent aux services secrets américains aux Philippines puis ensuite au Vietman. Mais le colonel joue cavalier seul et se met à critiquer dans un rapport secret les agissements des services secrets américains. L'idéalisme américain du début, à savoir lutter contre le communisme, en prend un sacré coup....Espionnage contre contre-espionnage, double jeux des vietnamiens....L'horizon se brouille et le lecteur tâtonne dans cet arbre de fumée (une citation biblique) qui désigne aussi le champignon atomique.
Les hommes immergés dans la jungle attendent...vont voir les prostituées et philosophent. Si bien que Skip Sands est relégué dans un petit village pour collecter les contes et légendes locaux et à traduire Cioran et Artaud. Un curieux personnage que ce Skip.
Car la qualité du roman réside d'abord dans l'épaisseur psychologique des personnages, à leur mystère non dévoilé. La palme revient au colonel Sands dont le lecteur ne saura jamais toutes les causes de ses actions. Il devient à la fin une légende morte ou vivante, on ne sait.
On appréciera des personnages bien campés, aux motivations diverses. Les vrais guerriers, les jeunes américains désoeuvrés qui quittent leur patrie pour évacuer leur violence intérieure, les "bonnes âmes", les vietnamiens voulant quitter leur pays pour une vie meilleure aux Etats-Unis.
Pour appécier ce roman aux qualités certaines, je pense qu'il faut d'abord être vraiment intéressé par le sujet. Certes, il n'y a pas de batailes à tout bout de champ mais les tenants et les aboutissants de l'espionnage sont parfois difficiles à suivre.
Le style d'écriture est très prosaïque, va à l'essentiel, les discussions sont souvent anodines ce qui fait ressortir les épisodes philosophiques. L'atmosphère gluante de la jungle ne fait que ressortir davantage l'enlisement des Etats-Unis.
Je retiendrais de ce roman le mystère des personnages.


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