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Confession d'une mère libre dans son siècle

Par Lethee
Confession d'une mère libre dans son siècle
Demain sort Et qu'on m'emporte de Carole Zalberg. Un dossier paraîtra à son sujet, avec un bel entretien auquel elle s'est prêtée, dans le Magazine des livres n°15, qui sortira le 18 mars 2009.

Et qu'on m'emporte est le second volet de la Trilogie des Tombeaux. Les mères et les filles sont rompues par des relations difficiles, unies par des liens complexes et destructeurs pour les unes, égoïstes pour les autres. Dans La mère horizontale, le premier volet, Fleur racontait comment elle avait grandi auprès de sa mère déchue, échouée (Sabine). Un point de vue omniscient était également là, en alternance, pour aider à prendre cette distance nécessaire à une lecture plus saine, un point de vue plus éclairé (bien que le point de vue de Fleur soit très avisé). Avec Et qu'on m'emporte, Carole Zalberg remonte le temps, et laisse la parole à Emma, la mère de Sabine, qui parle à sa fille décédée - trop tard donc - pour lui expliquer ses actes et sa façon de l'avoir aimée.
Aussitôt, me vient un tableau en mémoire :
Confession d'une mère libre dans son siècle
Il s'agit bien sûr des Trois âges de la femme, de Munch. Sabine, les mains dans le dos, à gauche, semble déjà tournée vers le passé, pourtant encore dans sa jeunesse. Au centre, Emma : l'égoïste soixante-huitarde, qui sacrifie sa maternité à son bon plaisir, offrant son corps plein, nu, au présent qu'elle veut vivre tout entier... Et puis à droite, la mère d'Emma... dont nous ne connaissons pas le point de vue (mais que j'espère avec impatience !).
Amélie Nothomb compare Emma à Clytemnestre. Ameleia évoque elle aussi des figures de la mythologie, avec Electre et Antigone. Deux points de vue de lectrices Amélie avisées et aguerries.
De génération en génération, Carole Zalberg se fait archéologue des sentiments ambigus et douloureux d'une famille de femmes puissantes et castratrices, empêchées mais décidées, cruelles mais pourtant aimantes..
Son écriture se fait de plus en plus dense et précise à mesure que les relations se dessinent. L'oeuvre est poétique, remarquable, de toute beauté. C'est un souffle inspiré par des voix souvent entendues, trop rarement écoutées, trop longtemps mal traduites : Carole Zalberg sait écouter les voix, et surtout les offrir aux lecteurs que nous sommes.
Pour le plaisir, quelques autres tableaux...

Les trois âges de la femme et la mort de H. Baldung Grien (à gauche)
et Les trois âges de la femme de Gustav Klimt.

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