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À qui le tour ?

Publié le 27 août 2007 par Philostrate
  
   Le  Tour de France cycliste est oublié, les pluies estivales ont  lavé les colonnes des journaux des affaires de dopage qui chaque année souillent la Grande Boucle et  une nouvelle saison de sport s'annonce. Quoi de mieux que les championnats du monde d'athlétisme pour attaquer la rentrée du bon pied ? Enfin un bol d'air pur, dirons les grands naïfs. Mais l'athlé, lui aussi, traîne ses casseroles remplies de pilules, de seringues et de fioles. La presse est généralement plus discrète et circonspecte lorsqu'il s'agit de nous en donner le détail, mais il y ces derniers mois de quoi remplir un joli Hall of Fame avec les alchimistes du tartan égarés dans la pharmacopée.

   Tatiana Lyssenko, recordwoman du monde du lancer du marteau. La lanceuse russe, plus préoccupée par ses performances que par son sex appeal, a joué de l'anti-oestrogènes pour diminuer sa production d'hormones féminines. Contrôlée positive le 9 mai dernier, elle pourrait, en compagnie de sa compatriote Ekaterina Khoroshikh prise aussi par la patrouille, avoir un bel avenir après les Jeux de Pékin dans les concours de lancers… masculins !

   Guiseppe Gibilisco, champion du monde du saut à la perche en 2003. L'Italien a annoncé sa retraite en juillet, au "sommet de sa gloire". Pouvait-il en effet espérer plus belle sortie que ses deux ans de suspension requis par le Comité national olympique italien (CONI) pour "usage ou tentative d'usage d'une substance ou d'une méthode interdite" ? Non. À moins qu'il ne décide de se reconvertir dans le sport cycliste, où ce genre de dérive bénéficie tout de même d'une meilleure couverture médiatique…

   Yolanda Ceplak, recordwoman du monde en salle du 800m et médaillée de bronze aux JO d'Athènes en 2004. Pas bégueule pour deux tolars - la monnaie slovène…- Yoyo s'est fait une bonne copine de la fée érythropoïétine. Comme quoi l'EPO n'est pas l'apanage exclusif du vélo. Mais là où un contrôle positif  vaut si ce n'est une "Une" du moins une page dans le cas du peloton, la nouvelle, annoncée le 26 juillet dans notre quotidien sportif national, tient en deux minuscules colonnes ! Une recordwoman du monde et médaillée olympique méritait mieux tout de même.

   Justin Gatlin, le brave bébé coureur, ex-chef de file de la "nouvelle génération" du sprint américain. Suspendu lui aussi, mais cette fois pour montée de testostérone suspecte. Petit joueur le poupon : aux dernières nouvelles, il tentait de faire réduire sa peine en évoquant un jour une crème de massage éventée, le lendemain une séance de mésothérapie partie en vrille. Floyd Landis, avec ses bières et son whisky censés le transformer en étalon de concours, est tout de même nettement plus drôle…

   Mention spéciale enfin pour les "repentis du demi-fond" français, les époux Dehiba. Non contents d'être convaincus de tricherie, les Pieds nickelés de l'EPO se coulent dans le peu reluisant costume de balances et écrivent à tour de bras des lettres à la Komandantur. Hind Dehiba, recordwoman de France du 1500m, et son mari Fodil balancent les copains à tout-va, même ceux qui n'ont rien à se reprocher, espérant ainsi voir réduire leur suspension de deux ans. Une politique de la boule puante, qui leur a au moins valu une page dans notre quotidien sportif national le 27 juillet. Faut dire qu'en matière d'appel à la délation et à l'autocritique le titre fait désormais référence. On attend d'ailleurs avec impatience, après le désormais mythique éditorial "Parle-nous Jaja…" pendant le Tour de France cycliste, les "Parle-nous Zizou…" ou "Parle-nous Didier…" pendant le prochain championnat d'Europe des Nations de football !

   La liste ne demande d'ailleurs qu'à s'allonger, puisque lors de ces championnats du monde d'athlétisme à Osaka l'IAAF nous annonce un dispositif antidopage renforcé. Quand on cherche et que l'on ne se contente pas des gros titres de la presse "à sensation", on trouve. La preuve…

NDLR : Que les historiens du sport se rassurent. Le brave Fernand Gonder (gravure ci-dessus), recordman du monde à la perche en 1905 (3,74m) n'a rien à voir avec tout ce remue-ménage ! Et chapeau à ceux qui se souviennent de son titre aux Jeux "intermédiaires" du dixième anniversaire de la renaissance de l'olympisme en 1906 à Athènes (3,50m)…

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