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Le purgatoire (1) : La tradition de l'Eglise

Publié le 25 février 2009 par Hermas
Nous avons publié, dans le courant du mois de décembre, et dans la perspective de Noël, qui marque le grand événement de la Rédemption, une série d'articles de Mgr Masson relatifs aux démons et à l'Enfer. Il s'agissait là principalement de manifester, négativement, le sort attaché à l'humanité par le péché, l'enjeu de l'Incarnation rédemptrice, et la tragédie éternelle dont celle-ci est venue libérer les hommes.
Il manquait à cette série un article sur le purgatoire, que son auteur nous avait livré mais que nous n'avons pas été en mesure de publier en temps et en heure. C'est un mal pour un bien, d'une certaine façon, car cela nous permet de le publier aujourd'hui, au commencement de ce Carême 2009, temps pénitentiel qui nous ouvre à la lumière de Pâques, comme le Purgatoire est un "temps" mystérieux de purification dans l'attente de la Vision bienheureuse. Puisse la méditation de celui-ci nous encourager à une plus grande générosité dans celui-là.
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I.- Le purgatoire dans la tradition de l'Eglise

Pour la théologie catholique, le purgatoire est un processus de purification de l'âme après la mort et qui suit le jugement particulier, et presque tout le monde y passe avant d’entrer au Ciel faute de s'être préoccupé de réparer les dommages causés de son vivant.

Depuis la naissance de l'Église catholique, les chrétiens présentent à Dieu des prières en faveur de leurs morts ; on trouve trace de sacrifices offerts en faveur des morts dans la Bible juive mais le sort des personnes décédées n'était pas clairement établi.

Une confusion est souvent faite entre la perfection d'une âme et le fait que toutes ses cicatrices soient effacées. Chaque péché engendre une plaie à l'âme alors que chaque acte d'amour accroît sa perfection.

La perfection ne peut s'accroître que parce que les personnes disposent de leur libre arbitre pour poser des actes d'amour ou des actes de haine (les péchés) ; après la mort, l'âme perd l'usage de son libre arbitre, il n'est donc plus question pour elle de progresser en perfection, elle est comme statufiée au degré d'amour ou de haine qu'elle a atteint durant son existence.

Les plaies causées par les péchés sont effaçables pendant la vie par : la prière, l'aumône, le jeûne, les actes pénitence corporelle, le désir d'aller au ciel, un grand dévouement pour ses frères, un grand amour pour les autres, et enfin par la tristesse et le regret intérieur d'avoir commis ces péchés "si je pouvais je reviendrais en arrière et ne ferait pas ces actes", le plus important étant de regretter non par appitoiement sur soi mais par amour de Jésus. Tous ces actes effacent les conséquences nuisibles du péché, ce que la théologie nomme "la peine due pour le péché." Si les personnes n'ont pas travaillé à réparer de leur vivant le tort qu'elles se sont causé par leurs péchés, le purgatoire exerce une action purificatrice par le feu et par l'état de non vision de Dieu, qui est une souffrance incomparablement plus aigue que l'action du feu.

Pour les chrétiens catholiques, le Purgatoire (du latin purgare, « purifier, nettoyer ») désigne l'ensemble des moyens par lesquels les âmes mortes en état de grâce mais non encore entièrement purifiées des conséquences de leurs péchés, accède à la vision directe de Dieu, vision qui cause une jouissance infinie et éternelle, "le paradis", ou "le ciel".

Le mot désignant le lieu purgatoire était inconnu avant le XIe siècle, mais pas ce qu'il désigne : un des premiers documents à mentionner ce nom est une lettre du bénédictin Nicolas de Saint-Alban au cistercien Pierre de Celle en 1176.

Un des témoignages les plus anciens est le récit de la passion de Perpétue et Félicité: en prison Perpétue voit en songe son jeune frère mort avant elle, sortir d'un puits sombre ; à la suite de ce songe, elle va offrir des prières pour lui et ensuite une autre songe le montrera heureux "je vis qu'il avait été soustrait à sa peine" Si la localisation du purgatoire ne gênait pas les premiers chrétiens, ni le fait d'avoir un nom pour désigner ce lieu, la réalité de secourir par la prières et l'ascèse les défunts est clairement établie dès l'antiquité chrétienne.

Grégoire de Nysse (IVe siècle):

« Quand il a quitté son corps et que la différence entre la vertu et le vice est connue il ne peut pas s'approcher de Dieu avant que le feu de purification ait ôté les taches dont son âme était infestée. Ce même feu chez d'autres effacera la corruption de la matière et l’inclination au mal.»

Ou encore Augustin d'Hippone:

« Certains subissent des punitions temporelles dans cette vie seulement, certains après la mort, pour certains avant et après, mais tous avant le jugement dernier, le plus rigoureusement mené. Mais ceux qui subissent des punitions temporelles après la mort n’encourront pas tous les punitions éternelles, qui doivent suivre ce jugement. »

Une explication concise de la doctrine catholique sur le Purgatoire a été présentée par le cardinal Julien Cesarini aux pères Orientaux Orthodoxes assemblés au Conseil de Ferrara-Florence, lors de la Session VI, en juin (1438 ?) :

«Dès le temps des Apôtres» a-t-il dit, « l'Église catholique enseignait que les âmes parties de ce monde, pures et franches de tout péché - c’est-à-dire les âmes des saints - entrent immédiatement dans la félicité. Les âmes de ceux qui après leur baptême ont péché, mais qui se sont ensuite sincèrement repentis et ont avoué leurs péchés, quoiqu'incapables d’exécuter l'epitimia prescrite par le confesseur, ou d’apporter des fruits de repentir suffisants pour expier leurs péchés, ces âmes sont épurées par le feu du purgatoire, tantôt rapidement, tantôt plus lentement, selon leurs péchés; et ensuite, après leur purification, elles partent pour les lieux de bonheur éternel. Les prières du prêtre, les offices liturgiques et les actes de charité concourent dans une grande mesure à leur purification. Les âmes de ceux qui sont morts dans le péché mortel, ou dans le péché originel, vont directement à la damnation ».

Un développement de la doctrine sur le Purgatoire se retrouva par la suite dans les canons du Concile de Trente (Session XXV), qui pensait pouvoir tirer l’idée de Purgatoire « des Écritures saintes et de la tradition ancienne des Pères enseignée dans les Conciles. »

(à suivre)

Mgr J. Masson


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