Magazine Photos

Patricia Laranco : réflexions.

Par Ananda

Le danger, avec le bonheur, c'est qu'on voudrait qu'il dure.
On lui demande l'impossible.
On le voudrait hors temps, imperméable au temps.
On s'y accroche, on y prend goût et l'on ferait tout, n'importe quoi pour qu'il se prolonge.
Mais le temps est une succession de hauts, de bas et de périodes totalement neutres.
D'où, peut-être, le fantasme : "je voudrais mourir avant que cet instant heureux ne s'efface".
24/02/09
Les insatisfaits s'obnubilent sur ce que la vie leur refuse.
Mais la satisfaction d'un désir est quelque chose de bien illusoire. La concrétisation d'un rêve dans la réalité laisse sur sa faim. Car le plaisir ne dure guère. Il est aussi éphémère, diaphane, prompt à se dissiper qu'un coup de vent. Les instant se succèdent si vite, le cours du temps est si impétueux, on laisse, par obligation, si rapidement derrière soi le moment de joie pour passer à autre chose que, parfois, l'on se demande si ça vaut la peine de tant lutter pour l'obtenir.
L'idée qu'on s'en fait est pareille à la montagne qui accouche d'une mouche.
La soif ardente de l'insatisfaction nous trompe, nous fait paraître grandiose ce qui, en fait, n'est qu'assez peu de choses, et se dissipe.
23/02/09
La vie dans les villes et les foules prédispose à l'intolérance.
L'anonymat y oeuvre, auquel les gens réagissent par l'indifférence quasi autiste et/ou la révolte individualiste la plus excessive, ce d'autant plus qu'ils se sentent menacés dans leur "espace vital" par la trop grande promiscuité qu'instaure le grouillement humain.
La vie en ville, en foule devient alors une école de haine glacée , de négation de l'autre.
Les racines de l'intolérance ?
Le rejet de tout ce qui n'est pas MOI.
Si la pauvreté peut rendre méchant - comme elle peut rendre solidaire - l'embourgeoisement qui fabrique à tour de bras de la "classe moyenne", lui, anesthésie.
Il y a un tel écart entre le mode de vie protégé, hédoniste et "hight tech" des classes moyennes des pays du G8 et celui du reste du monde qu'on peut véritablement parler d'un gouffre - matériel et mental.
Et, à l'intérieur des pays à la pointe du développement, les classes moyennes, celles qui ont bébéficié de l' "ascenseur social" sont devenues si éprises d'embourgeoisement, si abruties par la course obligée aux biens de consommation et l'hédonisme, si aveuglées par l'individualisme qui bâtit autour de chaque être une véritable "tour d'ivoire" qu'elles sont devenues complètement coupées de l'univers des pauvres.
C'est ce que l'on nomme "l'exclusion", la "fracture sociale".
Pour elles, l'abondance est devenues un acquis, elle va de soi. Guerre, misère et même simple pauvreté sont devenues si étrangères à leur univers qu'elles aimeraient tellement croire "universel" qu'elles ne suscitent plus en elles que peur instinctive couplée de mépris.
Ainsi l'immigré, parce que pauvre, est associé à menace, violence.
Mais aussi il faut qu'il soit là, afin de servir de "repoussoir".
C'est grâce à lui (contre lui) que se cimente le sentiment d'appartenance à un même groupe, si necessaire dans ces sociétés égoïstes où le lien social devient si lache.
La question est de savoir si, oui ou non, on peut raisonnablement penser qu'un jour, toute la masse des 6 milliards d'êtres humains (vouée à s'accroître) aura accès à la béatitude hédoniste que fait miroiter la société capitaliste occidentale.
On sait déjà, à ce que disent les chercheurs relayés par les écologistes, que cela aboutirait à une catastrophe environnementale.
Comme je suis un être logique (ou à tout le moins semi-logique), je poursuis mon raisonnement : de tout ce qui précède, s'ensuit que la société dite d'abondance et de loisirs (dont l'idéal est de "jouir sans entraves" dans une optique strictement matérialiste) ne pourra jamais qu'être réservée à une minorité de privilégiés, alors même que sa logique est d'attiser toujours le désir (pour faire tourner la sacro-sainte consommation) et de gagner la planète entière à sa cause. De beaux jours en perspective, on le voit !
La frustration et l'amertume sont déjà au rendez-vous.
Nul désormais (antennes paraboliques obligent) n'est plus censé ignorer le luxe et la volupté de l'opulence.
Alors, en vouloir aux exclus, aux démunis du Tiers-Monde, est-ce logique ?
Les paroles sont bues par le temps, par le vent. Et/ou déformées par l'oreille qui les capture.

Au bout du compte, je trouve parler si dérisoire que, quelquefois, j'éprouve l'intense besoin de déconstruire la conversation, de la rendre absurde. Je la détourne au profit de "vannes" très pince sans rire qui peuvent aller jusqu'à atteindre le statut d' "énormités" déconcertantes, presque choquantes aux oreilles de l'auditeur qui, lui, reste "dans le jeu" de la conversation.

C'est que c'est plus fort que moi : la conversation ma paraït prêter à rire. Les mots et leur sens se sont dégonflés à l'instar de baudruches. Leur urgence ne m'apparaît plus. Ils deviennent plumeux, sans poids.
Alors, je "décroche", au grand dam de ceux qui restent accrochés au fil. De ceux qui attribuent à l'échange verbal une quelconque portée. De ceux qui finissent par sursauter et, immanquablement, m'en vouloir.
Mon attitude est, sans aucun doute, une source de malentendu.
C'est normal : elle déstabilise; on ne sait plus où je veux en venir. Les gens tiennent toujours à ce que l'on prenne les mots qu'ils échangent au sérieux quand bien même ces derniers sont voués à se diluer, à rester sans portée réelle. Les mettre, en quelque sorte, du fait de cette attitude (agaçante) en face de la vacuité, de la profonde inimportance des mots qu'ils jettent est un bon moyen de les prendre en flagrant-délit d'imposture, d'inanité.
Les gens attachent toujours trop d'importance aux paroles qu'ils produisent.
Que ne se posent-ils la question "pourquoi conversons-nous ?", et que n'y ajoutent-ils pas aussitôt  la réponse "pour rien !" !
Se laisser aller au poème, à sa dictée.

Patricia Laranco


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines