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Europe et stratégie: Des armes nucléaires russes en BIELORUSSIE?

Publié le 28 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

ebc777fe33bf0c8ff3514f3d53e16380.jpgINFO OU INTOX? La Russie serait prête à installer en Biélorussie  (pays-dictature non membre du Conseil de l'Europe) de nouveaux équipements militaires, y compris nucléaires. L'annonce en a été faite, lundi 27 août, par l'ambassadeur de Russie en Biélorussie, Alexandre Sourikov. Selon les informations du journal russe Kommersant, Minsk n'y serait pas opposé.

Les Izvestia posent la question clairement, mais en rappellant quelques données internationales que l'ambassadeur semble avoir oubliées:La Russie peut-elle déployer des armes nucléaires en Biélorussie?

"En fait, cette mention des armes nucléaires a, pour le moins, étonné experts et hommes politiques. En 1992, la Russie, les Etats-Unis, la Biélorussie, l'Ukraine et le Kazakhstan signèrent l'accord de Lisbonne, conformément auquel Minsk, Astana et Kiev proclamèrent leur territoire zone dénucléarisée et transmirent gratuitement à Moscou toutes les armes nucléaires qui se trouvaient sur leur territoire au moment de la désintégration de l'URSS. Après l'accord, la Russie signa un protocole selon lequel ces armes se trouveraient désormais sur son territoire.

La réunion hypothétique de la Russie et de la Biélorussie au sein d'un Etat d'Union ne changerait en rien la situation. Aux termes du document signé, Minsk sera toujours considéré comme un sujet souverain du droit international, disons, tant que la Biélorussie ne fera pas partie de la Russie. Mais il n'est bien sûr pas question de cela", ecrivent les IZVESTIA en donnant la parole à des militaires qui contredisent l'ambassadeur.

 "Je ne vois pas la nécessité militaire de déployer des armes ou des ouvrages nucléaires en Biélorussie", a déclaré Viktor Essine, ancien chef d'état-major des troupes de missiles stratégiques, commentant les paroles de l'ambassadeur. Nous avons la région de Kaliningrad où nous pouvons déployer n'importe quoi sans enfreindre aucun accord international.

Selon les experts russes, pour un missile balistique intercontinental, le lieu où il est stationné n'a pas d'importance. Avec une portée de plus de 10.000 km à partir du territoire de la Russie, un adversaire potentiel peut être frappé n'importe où…

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Rappel: En ce moment, deux ouvrages militaires stratégiques russes se trouvent sur le territoire de la Biélorussie: une station radar (près de Baranovitchi) et un centre de télécommunications de la marine russe dans le district de Vileïka. Un aérodrome intermédiaire d'appui pour l'aviation stratégique se trouve également dans les environs de Baranovitchi. Au cours des guerres "du gaz" et "des tarifs" avec Moscou, Minsk a maintes fois essayé de faire chanter son voisin en lui rappelant la présence de ces ouvrages. Mais les déclarations de l'ambassadeur sont peut-être un ballon d'essais bien calculé.

Les experts occidentaux suivent évidemment cela de  près. Le déploiement des missiles russes en Biélorussie est d'autant plus possible que "toute l'infrastructure militaire biélorusse date encore du temps du traité de Varsovie et se trouve dans un état idéal, y compris les installations de mise en marche des missiles avec des ogives nucléaires, qui ont été transportées en Russie après la chute de l'URSS", comme vient de le rappeller l'adjoint du secrétaire général de l'Union de la Russie et de la Biélorussie, Ivan Makouchok. "Moscou ne manquera certainement pas une telle occasion. La Biélorussie est pour la Russie un atout dans la dispute avec les Etats-Unis. Faire revenir les missiles dans les silos de missiles est beaucoup plus rapide que construire un radar en Pologne", a-t-il ajouté dans une interview accordée à Kommersant.

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Si la Russie réalise ce projet, M. Loukachenko, le président biélorusse, aura un levier de pression supplémentaire sur Moscou concernant les querelles autour des livraisons des ressources énergétiques. "On ne pourra pas d'un côté imposer à la Biélorussie des prix pour le gaz et le pétrole et de l'autre mener un dialogue stratégique", suppose Ivan Makouchok. En se présentant en garant de la sécurité de la Russie, le président biélorusse pourra non seulement marchander avec elle les prix du gaz mais aussi réclamer de Moscou des garanties sur son maintien au pouvoir en Biélorussie.

Dans le contexte actuel, cette information confirme en tous cas une chose:pour Poutine, l'armée est bien la priorité des priorités de Poutine. L'histoire du bouclier américain a fait rebondir l'Histoire. Ce n'est pas le retopur à la guerre froide, mais l'on a connu une paix plus chaude.  


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