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La République bananière de Nicolas Ceaucescu Sarkozy & ses abus de pouvoir

Publié le 01 mars 2009 par Kamizole

sarko-pabo.1235656843.jpgTrop c’est trop ! Sans doute l’article de Libération Abus de pouvoir en série – la plume trempée dans le vitriol – ne m’apprend-il rien mais il a le mérite de remettre en mémoire et en perspective les pratiques antidémocratiques mises en oeuvre par Nicolas Sarkozy depuis son accession au trône – gloups ! - à la présidence de la République.

A chaque fois commises «au nom de l’urgence»… Je rappellerais à cet égard que les pires abus - tant ceux de la Terreur que des Bolcheviks - ont tous également été commis au nom de l’urgence et de la gravité de la situation. Les règles démocratiques étant censées être rétablies dès que les dangers seraient écartés…

Elles ne le furent jamais – il fallut le 9 Thermidor ainsi que la mort de Staline - les régimes totalitaires trouvant toujours de nouveaux prétextes à maintenir leurs pouvoirs exorbitants.

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy joue sur du velours : la crise lui donnerait tous les droits ! Y compris - illustration la plus récente avec l’affaire Pérol – de fouler aux pieds les règles démocratiques : passer outre l’étape de la Commission d’éthique en mentant effrontément sur un «avis positif» qu’elle aurait donnée – sans même avoir eu le temps de se réunir !

Certes, il ne guillotine non plus qu’il n’envoie au Goulag et malgré sa détestation des intellos en général ainsi que des juges, nous n’en sommes - pas encore ? - arrivés aux «Procès de Moscou» ou des «blouses blanches»

Il se contente de les «exécuter» par de sommaires et ineptes diatribes démagogiques, sans doute à l’usage «du peuple» - l’idée qu’il s’en fait - censé partager son aversion pour les «sachants» selon un actuel néolo-gisme, lu à plusieurs reprises et tout dernièrement dans l’analyse d’un sondage d’opinion.

La Constitution de 1958 est loin d’être parfaite mais aucune ne l’est et – quitte à me répéter – je suis certaine que bien plus que la lettre d’un texte constitutionnel ce qui importe c’est l’usage que l’on en fait et les coutumes instaurées – ou défaites - au fil des ans, des majorités législatives et des chefs de l’Etat qui se succèdent.

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L’on disait le texte de la Ve République «taillé sur mesures» pour le Général de Gaulle par Michel Debré - que ne fit que reprendre l’esprit du «Discours de Bayeux» prononcé par le Général de Gaulle en 1946 – sans instaurer toutefois le régime présidentiel qu’eût souhaité de Gaulle : la Constitution de 1958 est à cet égard un texte de compromis qui préserve l’essentiel du système parlementaire.

Or, François Mitterrand qui s’opposa à ce texte et à De Gaulle (cf. « Le coup d’Etat permanent») fut sans doute celui des présidents – avec Jacques Chirac dans une moindre mesure – qui enfila le costume sans difficulté.

Néanmoins, la révision constitutionnelle de 1962 – l’élection du Président de la République au suffrage universel – renforça indubitablement le caractère présidentiel du régime.

Sans doute le Général de Gaulle avait-il déclaré en 1962 – pour faire gagner le «oui» au référendum portant révision constitutionnelle - que : «ni les droits respectifs, ni les rapports des pouvoirs ne sont modifiés du fait de l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel»

Il devait préciser exactement le contraire dans une conférence de presse du 31 janvier 1964 : «Le président de la République qui est l’homme de la nation, mis en place par elle-même pour répondre à son destin, qui choisit le premier ministre, qui le nomme, ainsi que les autres membres du gouvernement, qui a la faculté de le changer (…) Il doit être évidemment entendu que l’autorité indivisible de l’Etat est confiée toute entière au président par le peuple qui l’a élu, qui n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire qui ne soit conférée et maintenue par lui».

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Cette déclaration est bien évidemment éclairante. Dans cette optique, le 1er ministre n’est à l’évidence jamais que «le premier des ministres» : retour à la pratique de la Monarchie de Juillet ou du Second Empire. L’exécutif «bicéphale» de la Constitution de 1958 est une commode fiction uniquement destinée à faire «plancher» les étudiants de la basoche !

Sauf, bien évidemment lorsque les électeurs élisent une majorité contraire à l’Assemblée nationale : périodes de «cohabitation» (1986-1988 et 1997-2002) le chef de l’Etat étant alors bien obligé de composer avec le 1er ministre qui tire son pouvoir et sa légitimité de la majorité législative.

Ce qui - théoriquement - ne devrait plus se produire avec le mandat présidentiel ramené à 5 ans et les élections législatives ayant lieu dans la foulée de l’élection présidentielle pour la même durée.

Force est donc d’admettre que la vision qu’a Nicolas Sarkozy de la suprématie de son rôle est en droite ligne de la déclaration du général De Gaulle de 1964. Laquelle n’a toutefois aucune valeur constitutionnelle : ce n’est qu’une des interprétations possibles du texte de 1958.

«Les Français m’ont élu pour une mission et je la poursuivrai jusqu’au bout» dit-il en substance. Sarkozy, nouvel homme providentiel, nouveau «sauveur de la France» dont il s’agirait de bousculer les habitudes, nouvel «homme fort»… Entre Pétain, De Gaulle, Louis-Napoléon Bonaparte et… Jeanne d’Arc ?

Jusqu’à présent la seule instance qu’il n’ait pu faire plier à sa volonté ou contourner – quand bien même eut-il essayé en vain sur le principe de non-rétroactivité de la loi pénale – est le Conseil constitutionnel dont les décisions s’imposent à toutes les autorités de l’Etat.

Il est fort dommage que le gardien de la Constitution n’ait à connaître que de la constitutionnalité des lois et non des pratiques du pouvoir en général et du président de la République en particulier.

«L’activisme» tous azimut de «l’hyper-président» est proprement stupéfiant. Même en se référant au pouvoir personnel du Général de Gaulle ! Il occupe tout l’espace, aussi bien politique que médiatique… jusqu’à la saturation ?

Nicolas Sarkozy se substitue à tous les autres pouvoirs et contre-pouvoirs.

Le Parlement obligé en permanence de légiférer dans l’urgence : une seule lecture par chambre - au lieu des deux qui devraient être la règle et qui plus est, sur des sujets extrêmement importants qui mériteraient que l’on prît le temps de la réflexion.

Je ne peux m’empêcher de me poiler en pensant aux parlementaires - notamment centristes, sans oublier Jack Lang ! - que Nicolas Sarkozy a proprement entourloupé en leur promettant une revalorisation du rôle du Parlement pour que malgré leurs résistances, ils votassent la révision constitutionnelle !

Je vous fiche mon billet qu’il trouvera bien quelques moyens de ne pas appliquer les règles…

La méconnaissance totale des prérogatives du Parlement a pris tout son relief lors de l’adoption de la loi sur l’audiovisuel public et une des dispositions les plus importantes - avec la nomination des Présidents des chaînes non plus par le CSA mais par le Président de la République en Conseil des ministres – la suppression partielle de la publicité.

Non seulement il fut un temps question de passer outre le Parlement en procédant par décret mais le débat au Sénat eut lieu alors que la suppression de la publicité était effective depuis deux jours !

C’est avec son habituelle mentalité de petit boutiquier que Nicolas Sarkozy a justifié pourquoi il enlevait au CSA la prérogative de la nomination des Présidents des chaînes : «Les choses doivent être claires, il y a un actionnaire, cet actionnaire nomme le président».

Qu’il s’agisse en réalité de soumettre l’audio-visuel public aux diktats du pouvoir est évident. Le «décerve-lage politique» ou vendre le «temps de cerveau disponible» des citoyens-télespectateurs à l’UMP… Big Brother !

Dans quelques temps, quand il s’agira de la nomination des présidents des chaînes privées, qu’inventera Nicolas Sarkozy pour complaire à ses amis propriétaires des chaînes privées, les Lagardère, Bolloré, etc… ? La disparition pure et simple du CSA sera peut-être à l’ordre du jour.

Le gouvernement lui-même est totalement marginalisé. Nicolas Sarkozy impose ses vues, décide de tout dans les moindres détails, reprend les choses en mains. Au besoin, le projet de loi est déjà tout ficelé, à l’insu même du ministre concerné. Et comme cela ne suffit encore pas, Nicolas Sarkozy sort de son chapeau d’illusionniste quelques comités ad hoc qui se substitueront au ministre.

La récente «affaire Pérol» est bien entendu embléma-tique de la dérive anti-démocratique du pouvoir. Nicolas Sarkozy ayant décidé que son conseiller économique à l’Elysée devait prendre la direction du nouvel ensemble bancaire Caisse d’Epargne-Crédit Mutuel, et cela ne pouvant attendre – toujours l’urgence – il passe outre la saisine du Conseil d’Ethique.

Et nous sortant au passage un nouveau gros mensonge dont il a le secret - cf. la constante de Sarkozy : «un scandale par semaine, un mensonge par jour» sans oublier un petit syllogisme sans prétention autre qu’humoris-tique ! - il prétend que la Commission avait donné son feu vert : elle ne s’était même pas réunie !

Idem pour le contre-pouvoir des syndicats. Nicolas Sarkozy feint de conserver les mécanismes de la négo-ciation paritaire tout en s’asseyant dessus.

A peine les syndicats patronaux et salariés avaient-ils trouvé un difficile compromis sur la représentativité syndicale et la réforme du temps de travail - ce qui théoriquement excluait le recours à la loi, les accords ayant vocation à s’appliquer avec la même force obligatoire - non seulement Xavier Bertrand, alors ministre du travail, s’empressa-t-il de présenter des textes de loi qui de surcroît ajoutaient des dispositions contraires à l’accord intervenu. Au grand dam du Medef et de la CFDT.

La multiplication des discours, des interventions télé-visées du Chef de l’Etat ne s’explique pas autrement : il entend passer au-dessus des autres pouvoirs et contre-pouvoirs pour s’adresser directement au peuple. Lui instiller sa vision des événements et le convaincre du bien-fondé de sa politique et des décisions qu’il prend… Pour son bien !

Par ailleurs, comment ne pas remarquer la tendance actuelle à «criminaliser» toute forme de contestation ? Certes, cela n’a rien de nouveau et je me souviens que dès décembre 1999, dans le groupe des «Amis du Monde diplomatique» du Val d’Oise, après la victoire – à la Pyrrhus ? – des altermondialistes au sommet de l’OMC à Seattle, nous le pressentions très fortement…

Je ne parle bien évidemment pas des mouvements violents que j’ai toujours condamnés et qui préci-sément justifient toutes les violences des forces répressives qui s’en donnent à cœur joie et tabassent la plupart du temps les manifestants pacifiques : ils ne sont ni organisés ni préparés à une confrontation.

Or, de plus en plus les manifestations sont réprimées violemment, des abus de pouvoirs manifestes ont lieu – saisie de matériels : banderoles, tracts, journaux, autocollants comme ce fut le cas à Melun et Vienne où les militants récalcitrants furent emmenés manu militari et gardés à vue !

Il y a dans cette manière de (mal)traiter les contesta-taires – et les «fliquer» de toutes les façons - quelque chose qui m’évoque furieusement les pires heures de la «chasse aux sorcières» Maccarthyste…

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Circé-45 a écrit dernièrement deux articles, l’un consacré à un militant du PC qui a fait l’objet d’un PV car il vendait l’Huma à la criée sur le Marché Dejean dans le XVIIIe arrondissement – comme si depuis des lustres, les militants politiques, de droite aussi bien que de gauche, ne diffusaient pas de tracts et autres matériels de propagande sur les marchés !

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L’autre, à un militant associatif de Crest (Drôme) qui avait apposé un panneau - hostile à la politique de Nicolas Sarkozy et appellant à une manifestation - au pied d’un poteau de signalisation – la photo en fait preuve ! - et reçut un PV pour un motif controuvé qui ne manque pas de sel : «pour une apposition de publicité sur un immeuble sans autorisation écrite du propriétaire (PV 1080004261)» ais-je lu sur le site où je suis allée signer la pétition

La police municipale de Crest a l’imagination drôlement fertile, à moins que ce ne fut l’ordre du maire (UMP)… La contestation est bien évidemment le plus grave des délits.

Toute contestation indispose Nicolas Sarkozy. Qu’on ne l’aime pas – sa personne et sa politique – lui est aussi incompréhensible qu’intolérable. Il y a chez lui comme chez tous les dictateurs une tendance au «culte de la personnalité»

Le pire étant sans doute que ceux qui le lui rendent – les zélateurs patentés de l’UMP notamment – ne s’en rendent même pas compte. Ils glosent à perte d’haleine et de salive sur les mérites du président Sarkozy, de ses décisions, etc… Adoubé nouveau «petit père du peuple» ?

Les mauvais sondages lui sont autant d’insultes personnelles. Il feint actuellement de les assumer – il est impopulaire en raison de la crise – mais nul doute qu’intérieurement cela ne le fasse rager ! Et qu’il n’en multipliera que davantage discours et interventions télévisées. Dans le secret mais vain espoir de redresser la courbe.

Il voudrait être aimé – adulé - mais tout ce qu’il fait, sur le plan personnel (étalage de luxe «bling-bling» et de sa vie privée) aussi bien que politique (privilégier les possédants, tondre les «petits» tout en feignant la compassion, exprimer le plus grand mépris pour nombre de corporations : juges – sa bête noire ! – enseignants-chercheurs, journalistes qu’il «siffle» quand bon lui semble, etc…) ne peut que lui attirer une solide détestation dans un nombre croissant de corporations, chez les pauvres et dans les classes moyennes toujours davantage mises à contribution…

Toutes les occasions lui sont bonnes pour parcourir inlassablement la France, y tenir des réunions, discourir, se montrer. Il souhaiterait des «bains de foule» mais une garde prétorienne de plus en plus fournie et violente maintient la foule – contestataire – à bonne distance. 400 CRS à Saint-Lô qui n’ont pu empêcher les sifflets – forts désagréables aux oreilles du Chef de l’Etat. Le résultat ne se fit pas attendre : le Préfet et le Directeur de la sécurité publique limogés dans les jours qui ont suivi.

J’aurais garde d’oublier le limogeage du Directeur de la sécurité publique en Corse à qui Nicolas Sarkozy et MAM reprochaient de n’avoir pas évacué manu militari les «occupants» - pacifiques - de la villa de Christian Clavier - copain d’enfance de Nicolas Sarkozy… Le directeur limogé se défendant en disant, à juste titre, qu’il avait voulu éviter toute violence inutile qui eût mis de l’huile sur le feu dans une île où les esprits s’échauffent facilement.

Outre, que je soupçonne fortement Nicolas Sarkozy de préférer précisément la manière forte pour que les violences déclenchées justifient a posteriori son délire sécuritaire, cette affaire est emblématique de l’utilisation des moyens de l’Etat à des fins totalement privées.

On retrouvera le même népotisme à l’œuvre dans l’affaire de la garde à vue (10 heures !) totalement injus-tifiée d’un automobiliste de 75 ans qui eut le malheur de blesser (légèrement) une fillette… parente de Nicolas Sarkozy.

J’y ajouterais pour faire bonne mesure la garde à vue devXavier Thiry, pilote amateur qui eut la malchance de croiser la route de l’avion de François Fillon – lequel était au demeurant en excès de vitesse – et de friser une collision. Alors que théoriquement ce genre d’incidents relève d’une commission de l’aviation civile, il fut envoyé devant le tribunal de Pontoise qui lui infligea la suspension de sa licence… «Selon que vous serez puissants ou misérables»…

Le 24 avril 2007, j’écrivis un réquisitoire féroce mais aussi réaliste sur l’action de Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l’Intérieur et candidat que prémonitoire – Le sarkozysme est une maladie intellectuellement transmissible – où j’envisageais que l’Elysée devienne un «camp retranché», une sorte de bunker. Nous y sommes presque !

La palme du ridicule fut sans doute atteinte il y a peu : le village de Daumeray (Maine et Loire) mis carrément en «état de siège» : 700 policiers (dont 4 compagnies de gendarmes) pour 1600 habitants ! Et pas un seul manifestant à l’horizon… Instruit par l’exemple de son ex-collègue de la Manche, le préfet du Maine-et-Loire a mis les petits plats dans les grands.

Nul doute que les «couches-culottes» - si chères à Xavier Darcos - feront désormais un sacré tabac chez les pleutres de la «préfectorale» !

Le verbe «limoger» date de 1916 quand le Maréchal Joffre affecta à Limoges des généraux qu’il trouva incapables - lesquels, effectivement, semblent n’avoir guère manqué pendant la 1ère guerre mondiale !

J’ai beau savoir que le préfets – représentants de l’Etat dans les départements, nommés par le pouvoir et révocables par lui – n’ont aucunement la garantie de l’emploi et que de tous temps des préfets, sous-préfets et secrétaires généraux de préfecture ou sous préfecture ont fait les frais d’une disgrâce présidentielle.

Il n’empêche : toute dictature implique nécessairement la peur… et l’instabilité permanente…

Hannah Arendt le dit bien : «Une chaîne de commandement hiérarchique, cela veut dire que le pouvoir que le pouvoir de celui qui commande dépend de l’ensemble du système dans lequel il opère. Toute hiérarchie, si autoritaire qu’en soit la direction, toute chaîne de commandement, si arbitraire ou dictatorial que soit le contenu de ses ordres, tend à stabiliser et aurait limité le pouvoir global d’un chef de mouvement totalitaire (…)

Dans le langage nazi, c’est «la volonté du Führer», jamais en repos, dynamique – c’est moi qui souligne ! – qui devient la «loi suprême» d’un Etat totalitaire».

Enfin, il y a peu de temps, un ami qui vient de lire récemment «Mein Kampf» - non par goût ni moins encore adhésion aux idées développées par Hitler mais pour les étudier directement à la source – nous disait être frappé par une certaine analogie entre le sens de la propagande, de l’agitation politique et de l’utilisation méthodique et systématique des médias par Hitler et Nicolas Sarkozy… Brrr !

Dans quelle mesure ces abus de pouvoir constituent-ils une marche en avant vers l’instauration d’un régime encore plus anti-démocratique voire tyrannique, dictatorial et totalitaire ? La question mérite d’être posée.

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Ce matin, je me suis replongée dans l’ouvrage d’Hannah Arendt, «Le système totalitaire» (ed. de 1972 au Seuil Collection Points Politique) 3ème partie de sa somme en 3 volumes : «les origines du totalitarisme» et je suis tombée sur un passage tout à fait intéressant :

«Dans l’organisation des mouvements totalitaires, l’échelon le plus élevé est le cercle intime qui entoure le Chef» (…) qu’il s’agisse d’une institution officielle (Politburo bolchevik) ou d’une clique changeante d’hommes qui n’ont pas nécessairement de poste (entourage d’Hitler)»

Or, nous savons par la presse que Nicolas s’entoure d’une «garde rapprochée» dite par les intéressés et l’Elysée le «G7» composée des favoris du moment – avec Sarkozy, l’on tombe aussi vite en disgrâce que l’on a été porté au pinacle ! La Roche Tarpéienne jouxtait le Capitole…

Ajoutez à cela que la politique présidentielle est concoctée par les multiples conseillers de l’Elysée dont, bien entendu Henri Guaino et Claude Guéant (secrétaire général de l’Elysée) qui se répandent sans compter dans la presse comme s’ils avaient rang de ministre ou quelque fonction officielle. Sans oublier Raymond Soubie conseiller économique…

La primauté donnée aux «hommes de l’ombre» au détriment des instances officielles élues ou nommées n’augure rien de bon pour le respect des règles démocratiques.

J’’en reviens à la Constitution de 1958. Quand j’étudiai il y a presque 30 ans l’histoire de la seconde guerre mondiale, de l’Allemagne nazie et ses prémisses, je fus stupéfaire de constater combien la Constitution de Weimar (1919-1933) présentait d’analogies avec celle de la Ve République.

Me demandant par ailleurs par quel miracle un texte presque identique n’avait pas produit en France de si désastreuses conséquences.

Certes, l’on dira que les circonstances furent très différentes. L’Allemagne subissait les conditions du funeste et désastreux «Traité de Versailles» (28 juin 1919) qui non seulement l’humiliait mais lui imposait des «réparations» financières exorbitantes alors même qu’elle sortait ruinée par une inflation démentielle (mon père, qui fit partit des troupes d’occupation après la guerre nous racontait que pour dîner dans le moindre restaurant il fallait une valise remplie de billets pour acquitter le prix du repas !).

Les retombées du krach boursier de 1929 sur les banques allemandes, le chômage et la désespérance des classes populaires firent le reste : le régime était mûr pour sombrer dans le nazisme.

Or, Nicolas Sarkozy s’arroge des pouvoirs exorbitants précisément en raison de l’urgence créée par la crise financière et économique…

J’ai relu tout à l’heure – à la rechercher de tout autre chose – un article, sans doute prémonitoire, du 31 mars 2008 «Pour François Fillon, «pas de plan de rigueur»… mais rigueur budgétaire (à l’épreuve des fait ?) où j’écrivis : «D’abord, parce que la croissance ne sera très certainement pas au rendez-vous. La conjoncture mondiale frisant plus une crise peut-être aussi grave que celle de 1929 selon certains Cassandre qui me semblent plus réalistes».

Les mêmes causes provoquant en règle générale les mêmes effets nous pouvons redouter que le régime présidentiel ne tournât au cauchemar.

Enfin, ce matin, allée dans la cuisine pour me préparer un café et réfléchissant à toutes les questions qui me venaient au sujet de l’article de Libération, je cherchais en vain dans ma mémoire l’exemple d’un président de la République qui ait pu, à un tel point, dénaturer et pervertir les institutions de la République.

Mais je limitai mes souvenirs aux régimes récents de 1875 à aujourd’hui (IIIe, Ive et Ve République) quand soudain j’eus une illumination : j’oubliai la Seconde République : 1848-1851 et son «Prince-Président» - Louis-Napoléons Bonaparte… qui après avoir été élu tout à fait régulièrement, prit le pouvoir par le Coup d’Etat du 2 décembre 1851 avant d’instaurer le Second Empire…

Je lis sur le Dictionnaire encyclopédique d’Histoire de Mourre, qu’il «séduisit les ouvriers par de vagues déclarations contre la richesse et la haute finance»… qu’il favorisa bien évidemment pendant toute la durée de son règne ! Se faisant par ailleurs le champion du libéralisme et de la libre circulation en matière commerciale.

Coïncidence troublante, n’est-il pas ?

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