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Fraternité

Publié le 02 mars 2009 par Didier54 @Partages
Connaître au plus près, c’est toujours lier entre eux des idées et des événements relevant de planètes différentes.
Il y a des nous sans fraternité, mais il n’y a pas de fraternité sans nous, et c’est l’énigme des appartenances qu’il nous faudra d’abord élucider, pour arracher ses lourds secrets à ce mot-valise, ce mot-relique, ce mot-épave. Sans pleurer à l’enterrement, sans promettre un second souffle.
L’individu est tout, et le tout n’est plus rien. Que faire pour qu’il devienne quelque chose ? Comment, au royaume éclaté du moi je, susciter ou réveiller des nous qui ne se payent pas de mots et laissent chacun respirer ? Qu’est-ce qui peut encore sceller une complicité, en dehors de la maison, du stade et du bureau ? Questions urticantes, mais que je ne crois pas intempestives.
La fraternité est une essence plus rare, qui se consomme sur ordonnance, diluée et en prises espacées – avec la solidarité de l’État providence –, ou bien vaporisée en convivialité, pour de brèves euphories, ou alors, au compte-gouttes, en tête à tête, sous l’étiquette amitié.
Utopie ? Mirage ? Billevesée ? Peut-être. Tenter de donner couleurs et contours à cette échappée vaudra toujours mieux, cependant, qu’un assemblage de lotissements et de résidences sécurisées, où “l’homme croit vivre et pourtant il est déjà presque mort/et depuis très longtemps/il va et vient dans un triste décor/couleur de jour de l’an/avec le portrait de la grand-mère/du grand-père et de l’oncle Ferdinand” (Prévert). Sans vouloir offenser Ferdinand. Juste pour lui rappeler qu’il y a un monde derrière sa porte blindée, et qui vaut encore le voyage.
Ainsi parle (et écrit) Régis Debray. Qui vient de sortir un livre dont il est longuement question ici : Le moment de fraternité (Gallimard).

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