Magazine Océanie

l'Australie, terre astrale?

Publié le 29 août 2007 par Richard Gonzalez

Skippy

(Wallaby agile - Macropus agilis, Katherine Gorge, Northern Territory, Australie, le  6 août 07)

L’Australie, j’en rêvais depuis l’enfance. Cette grosse patate germée en bas à droite sur les cartes Vidal Lablache m’intriguait, m’attirait. Dans ma petite tête remplie de songes, la série télé Skippy le Kangourou et l’album de Tintin Vol 714 pour Sydney avaient dessiné ce pays comme une contrée à part, un endroit du monde spécial, hostile et prodigieux à la fois, aux paysages de légende et peuplé de créatures étranges. Projet souvent différé par les infortunes de la vie, le cinquième continent a donc conclu ma série de voyages lointains entamés en 2003.

L’impression que j’en retire à chaud est très positive. Je ne crois pas m’être aussi souvent émerveillé en voyage, j’ai même cru entrer au paradis, pardonnez-moi l’ingénuité de la comparaison, en plongeant mon regard sous les eaux de la Grande Barrière de Corail. L’approche d’animaux quasi mythologiques, Wallabies, Koala, Ornithorynque, Opossum, Renard volant et tous ces lézards bizarres qu’on appelle encore Dragons, a renforcé si besoin était ma passion pour la vie terrestre. La découverte des légendes aborigènes, la relation de magie créée voilà plus de 40 000 ans entre l’Homme et la Nature, m’a aussi beaucoup questionné sur notre devenir commun. L’Australie, un territoire grand comme les Etats-Unis, avec à peine plus de vingt millions d’habitants : vous imaginez l’espace disponible pour le rêve et l’espoir.

Je crois que les Australiens, du moins ceux issus du settlement, ont conscience de leur bonheur. Mieux : ils savent le communiquer. Quand nous autres Européens geignons sans cesse sur notre sort, le front bas, les Aussies n’arrêtent pas de trouver la vie « fantastic », le regard qui brille et les bras ouverts. Ce n’est pas une erreur de boussole si plus de 30 000 jeunes Français de moins de 30 ans sillonnent actuellement le bush, émigrés en quête d’une vie différente, ailleurs que dans les couloirs souvent kafkaïens de notre Hexagone.

Les arguments pour contraster l’image de l’Australie ne manquent pas. Le succès du modèle australien repose sur une dynamique de colonisation, avec tous les effets pervers qu’un tel mouvement entraîne. L’établissement des Européens à la fin du 18e siècle a provoqué de graves désordres écologiques, avant une récente prise de conscience qui commence à porter ses fruits. Elle a surtout précipité la déculturation, sinon le génocide d’une partie du peuple aborigène. Les perspectives de réconciliation sont longues à entrevoir après une gestion, perpétrée jusqu’à la fin des années 1960, qui ne fut pas sans rappeler l’apartheid sud-africain. Le drame se prolonge. Dans certaines villes traversées comme à Tennant Creek, dans le Northern Territory, j’ai vu des aborigènes survivre dans des conditions de sous-prolétariat. L’actuel gouvernement, très conservateur, s’est aussi rangé du côté de George Bush, que ce soit dans le refus du protocole de Kyoto ou dans l’ingérence armée en Irak. Mais les Australiens ne sont pas dupes et ne pardonnent rien à John Howard. Les derniers sondages avant les élections législatives prévues cet automne laissaient espérer un changement d’administration dont on peut aisément supposer qu’ils renforcera le lien culturel et politique avec l’Europe.

(Photo spéciale dédicace à Armelle, qui adore les animaux à euh... grandes oreilles)


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