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De la pauvreté hypertextuelle des blogs

Publié le 09 février 2009 par Daidy

Il y a quelques temps déjà Tim O’Reilly recommandait de ne pas créer plus de 50 % de liens internes (des liens hypertextes vers les mêmes pages du site). Cette parole a ensuite été reprise, encore et encore, par de nombreux blogs, qui y voyait là une loi sacrée du bon blogger qui se respecte ! Si les liens internes s’entendent exclusivement comme une forme d’auto-promotion, du style : “j’ai aussi écrit dans un ancien post quelque chose (sous-entendu : de très intéressant) sur le sujet, allez donc voir aussi ici“, forcément on ne saurait recommander l’usage abusif de ce type de lien.

Le syndrome : “allez donc voir aussi ici”

Car là est toute la question, que masque cette affirmation péremptoire d’O'Reilly : de quel type de lien parle-t-on et peut-on en créer de nouveaux ?

Les liens que l’on trouve sur tous les blogs (celui-ci y compris, hein ! je me mets dans le même panier que tout le monde) ne sont que des liens de référence, qui ne disent rien d’autre que : “allez donc voir aussi ici” (parfois sous-entendu : si j’y suis, et il se trouve que j’y suis ! auto-promotion quand tu nous tiens…). Nous sommes tous atteints du syndrome : “allez donc voir aussi ici” ! Un lien dans un billet vers un autre billet n’est qu’une référence à un article intéressant qui touche de près ou de loin au même sujet dont on parle. Regardez aussi les Tags, c’est la même chose, ils fonctionnent comme un index ou une table des matières qui ne dit rien d’autre que : si le sujet “jeu vidéo” vous intéresse, eh bien “allez donc voir aussi ici“. De même pour les blogrolls ou liste de liens intéressant : “si vous aimez mon blog, allez donc voir aussi ceux-ci qui devraient vous intéresser“. On pourrait aussi aller voir du côté des réseaux sociaux, pour s’apercevoir que la liste des “amis” dans Facebook, n’est rien d’autre qu’un échange de liens : “allez donc voir un peu ce que fais mon pote qu’est là-bas“. Mais il faudrait considérer aussi ici la fonction sociale du nombre d’amis affichés sur son profil : “regardez comme je suis une personne de valeur, avec ces 200 amis !“, mais on quitte alors le niveau purement sémantique pour une valeur pragmatique.

Des liens peu ou pas signifiants

Ce qu’il apparaît dans le web d’aujourd’hui et plus particulièrement dans les blogs est le fait que les liens hypertextes ne sont absolument pas signifiants. Ils n’assument qu’une fonction de renvoi à un autre texte ou page ou site, dont la relation avec l’article de départ est pauvre et peu signifiante. Aucun effet de sens n’est créé, autre que par la relation de contiguïté : ce billet et celui-là, donc celui-là devrait s’approcher d’une certaine manière de celui-ci. Mais de quelle manière ? S’agit-il d’une source, d’un avis contradictoire, d’un complément d’information, d’une définition, d’un argument supplémentaire, etc. ?

Ne serait-il pas intéressant de donner du sens à nos liens ? De fournir un indice sur la destination des liens. En somme pourquoi le web a-t-il abandonner le typage des liens ? Les types de liens étaient à l’origine de projets hypertexte tels que celui de Ted Nelson (sur lequel nous reviendrons un jour), comme des premiers logiciels, type Hypercard !

Typer les liens

On a bien dans les CMS, style Wordpress, des tags pour étiqueter les billets. Et même des catégories, en observant entre parenthèses que, sous Wordpress, les tags et les catégories se distinguent de moins en moins dans leur fonction : tout autorise à utiliser les catégories comme des tags et inversement. Disons qu’ici, j’utilise les catégories pour hiérarchiser les billets dans des thèmes relativement large, et les tags font peu ou prou la même chose, sauf que je m’autorise à décrire les billets avec autant de tags que nécessaire. Fin de la parenthèse.

Pourquoi pas aussi des tags pour les liens hypertextes ? A ma connaissance, mais je me trompe peut-être, aucun éditeur de blogs ne propose d’étiqueter des liens. Ce serait pourtant un outil formidable, et facile à mettre en œuvre (par exemple avec un code de couleur, c’est d’ailleurs faisable à la main en bidouillant dans les css et dans le code html) , qui permettrait de signaler la signification du lien produit et de donner un indice sur sa destination. Je me rappelle vaguement avoir eu connaissance d’une extension qui permettait d’ajouter une petite icône pour signaler d’un lien externe. Bon ! c’est quand même le degré zéro du typage de lien…

Pourquoi typer les liens ?

Pour ajouter une nouvelle dimension au texte. Pour sortir du déroulement linéaire du texte, en ajoutant des possibilités de bifurcation, tout en balisant suffisamment pour que le lecteur ne s’y perde pas. Tout un programme donc ! Et surtout, qui saura écrire de cette manière ? C’est donc aussi un défi… Nous y reviendrons…

Conclusion : y’en a marre du “Web 2.0″, retournons à Hypercard ;o) !


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