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Paso doble n°122 : Le chiffon rose

Publié le 04 mars 2009 par Toreador

A las cinco de la manana…

Le bâton merdeux de l’homoparentalité

Politiquement, on pourrait s’interroger longtemps sur les raisons qui ont conduit un gouvernement de droite, déjà chahuté par la rue, et bastonné par ses propres troupes à propos du travail dominical, à sortir subitement du placard des réformes le statut de beau-parent, pour permettre de reconnaître implicitement le partenaire homosexuel.

Soit cela participe du génie – mais dans ce cas, c’est du billard à 5 bandes (emmerder la gauche ?) – soit c’est un chiffon rouge qui va un peu plus exciter une partie des troupes de l’UMP.

Il n’y a qu’à voir la réaction épidermique de mon collègue Kiwizien Chafouin, catholique convaincu, pour comprendre que, clairement, pour la frange conservatrice, c’est le projet de trop. Chafouin a fait un billet très clair et carré.

Une vision cynique de l’institution maritale

Les termes du débat sont connus de tous. Si on raisonne par cercles concentriques, la première bonne question serait :  » Faut-il reconnaître l’homoparentalité, phénomène social existant déconnecté de la parenté biologique ? » La seconde serait : « L’Etat doit-il légiférer pour dire ce que doit être le modèle parental ? ».

Il se trouve que j’ai, il y a longtemps déjà, défini ma position sur les sujets de société « sensibles ». Selon moi, l’Etat se permet de reconnaître une union parce que, principalement, il l’encourage par des avantages fiscaux et une politique familiale.

Si l’Etat favorise la famille, ce n’est pas par altruisme : c’est car elle est un relais indispensable pour la formation et l’éducation des générations futures. En quelque sorte, l’Etat favorise la “forme” familiale parce qu’elle “stabilise” la société. Le coût élevé du divorce autrefois participait de cette même réflexion : lutter contre la tendance naturelle de l’homme et de la femme “d’aller voir ailleurs”.

Par conséquent, si à mon sens, le mariage civil devrait être reconnu aux couples homo, il n’en est pas de même au niveau des avantages fiscaux. En effet, c’est assez cynique, mais l’Etat a plus d’intérêt à promouvoir les unions hétérosexuelles plutôt que les unions homosexuelles car les premières produisent naturellement des enfants.

Cette idée étant posée, reste donc le problème de l’adoption. Pour des raisons exposées dans le billet linké, je considérais qu’un référendum était nécessaire sur ce sujet.

Considérations non tranchées sur la problématique homoparentale

Le problème le plus difficile dans ce débat, est qu’il survient alors que l’enfant est devenu une sorte de produit de consommation de luxe. Certains le voient moins comme la conséquence du couple (ou son prolongement) que comme le moyen de l’officialiser en important un trait d’union.

Il est à noter que cette dérive n’est pas du tout limitée aux seuls parents homos mais qu’elle a bel et bien débuté chez les hétéros. Certains font des enfants un peu comme ils adopteraient un chien.

La différence étant que, la castration chimique n’étant pas permise dans un Etat de droit pour les parents stupides (du moins, jusqu’à l’élection de certains blogueurs de ma connaissance à l’Elysée…), on ne peut pas faire grand chose contre un parent hétérosexuel indélicat.

L’autre problème est qu’aucune étude sérieuse n’a jamais véritablement tenté ni d’analyser les causes de l’homosexualité, ni d’évaluer l’impact que le fait de ne pas avoir un père et une mère peut avoir sur le psychisme d’un enfant. L’explosion du nombre de divorces a déjà provoqué la multiplication des familles monoparentales et des familles recomposées. D’après ce que j’ai pu constater dans mon univers proche, cela ne fait pas de bien du tout à l’enfant, mais il n’est pas sûr que le regain de faveur actuel de la thématique familiale n’en soit pas un contre-coup positif.

Le dernier problème est qu’en France plus qu’ailleurs, la laïcisation de l’Etat et sa séparation totale du monde religieux rend l’équation encore plus complexe. Si on y regarde de plus près, le mariage est une institution religieuse que l’Etat a dupliqué à son compte en le laïcisant. Longtemps cela n’a pas posé de problème car les valeurs de la société – largement judéo-chrétienne – et celles de l’Etat – morale républicaine calquée sur la morale chrétienne – cheminaient en parallèle.

Aujourd’hui, l’Etat a conservé cette morale chrétienne laïcisée mais la société, elle, a changé. Le mariage est finalement dans la posture d’un enfant commun qui est le seul trait d’union entre deux parents dont les chemins ont divergé très sensiblement depuis 1 siècle.

Le projet Morano

En conclusion, quel est donc ma position sur le projet Morano ? Et bien, je suis pour, au risque de me faire agresser par le groin, Super-Bourkha ou Ridicus. En effet, il est pragmatique de vouloir combler un vide juridique par rapport à des situations de fait où l’enfant peut être victime directe de ce divorce Société/Morale chrétienne dont j’ai déjà fait état.

Simplement, n’est pas beau-parent qui veut.  L’accession au statut de beau-parent devrait être l’occasion de critères très concrets, un peu comme pour une naturalisation. A brûle-pourpoint, je pencherais donc pour :

- Un critère de durée. Le beau-parent doit avoir exercé effectivement le rôle d’autorité co-parentale pendant une durée minimale continue de 3 ans.

- Un critère d’effectivité. Le beau-parent doit avoir financièrement contribué à l’éducation et à la vie de l’enfant (participation aux frais de scolarité, vacances ensemble, etc…)

- Un critère plus subjectif de « affectio pulchris ». La relation établie entre l’enfant et son beau-parent doit témoigner de sa vitalité, d’un amour partagé.

En cas de décès du parent biologique, une priorité serait donnée à la filiation biologique sauf si aucun autre parent biologique ne serait en mesure de prouver qu’il a exercé auprès de l’enfant une présence parentale, même discontinue (comme par exemple, l’emmener en vacances ou verser une pension alimentaire). En d’autres termes : si l’enfant est né d’une mère porteuse, il appartient au papa de veiller à son éducation en cas de décès de son compagnon; si l’enfant a encore sa mère et que le père biologique en avait a garde, le beau-père n’a pas la garde de l’enfant.

A priori, si on croit Madame Morano, laquelle est loin d’être la caricature que l’on a d’elle, le projet ne va pas si loin : « Il s’agit de permettre le partage de l’autorité parentale, si et seulement s’il y a un accord entre les parents biologiques et celui qui va s’occuper de l’enfant, par le biais d’une convention homologuée chez le juge (…)  Cela doit permettre à ceux qui élèvent l’enfant (…) d’agir dans la vie quotidienne, de tous les jours, s’agissant des actes usuels ».

Je pense néanmoins qu’il vaudrait mieux élargir la réflexion et fixer un cadre légal s’appliquant à toutes les situations, et notamment le décès du parent biologique dans le cadre d’un couple homoparental.

HomoparentalitéKiwisNadine Morano

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