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Ce qu’il se dit sur Hadopi

Publié le 04 mars 2009 par Daidy

Petit parcours sur le web, dans ce qu’il se dit ici ou là, à propos de la loi Création et Internet ou loi Hadopi, destinée à protégée les droits d’auteur sur Internet.

Pour en rappeler les enjeux on ira d’abord voir le texte de Paul Guermonprez, de l’ISOC (Internet Society). Celui-ci décrit dans son article de fiction intitulé Création & Internet : le boomerang législatif, l’essentiel des points d’achoppements de cette loi, si elle venait à passer. Sous forme prospective, on voir défiler les premières condamnations, le cafouillage juridique, les premières stratégies de contournement de la part des pirates aguerris, le déplacement du piratage « à la roots », c’est-à-dire de main à main grâce aux clés USB par exemple, jusqu’aux réseaux cryptés et à l’évocation de l’interdiction de la cryptographie à usage privé, le 7 avril 2010 ! Article bien fait, qui synthétise tout le débat.
Et pour les paresseux, Framablog nous livre une petite synthèse de cet article.

Maître Eolas, dans son billet sélectionné par l’hebdo Vendredi, remet en place les arguments plus que douteux de Luc Besson. Et c’est drôle, quand Besson tente de filer des métaphores, et s’emmêle les pinceaux associant pirates et dealers. Luc, qui sont donc ces dealers qui distribuent gratuitement de la drogue et se financent avec de la pub sur leur T-shirt ? Cet article propose donc en prime une petite leçon de rhétorique !

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, enfonce le clou « les sites comme beeMotion sont des dealers. Sauf que, quelle ironie, un lien sur le site BienBienBien nous informe que l’UMP est accusé de deal, justement. Le parti aurait utilisé la musique du groupe de rock américain MGMT sans son autorisation, lors du congrès national du parti et dans des vidéos de propagande, pardons, de communication, visant les jeunes.

De son côté, Lefebvre, pour revenir à lui, publie tranquillou des vidéos et dessins de caricatures sans l’autorisation de leur auteur. Non mais je vous jure !

Et pendant ce temps là, JCFrog pirate les paroles de Boris Vian, Le déserteur. Mais arrêtez-les ! Interlude musical :

The Hadopi Song from jcfrog on Vimeo.

Et tout ça pour un budget non négligeable, rappelle Ecrans. On l’estime à 6,7 milliards d’euros, sans compter le repérage par les ayants droits, pour la modique somme de deux ou trois millions d’euros. Et sans doute dix millions d’euros, pour les coûts de l’identification des adresses IP et des messages d’avertissements, à la charge des fournisseurs d’accès.

Certaines mauvaises langues pourraient dire qu’Albanel s’inspire de la Chine, avec sa liste blanche de sites autorisés sur les accès Wifi dans les lieux publics. Sur le principe c’est effectivement un firewall destiné à filtrer les accès à des sites web contrôlés et labellisés par le pouvoir en place.

Vous en avez assez de lire des blogs ? Pas de problème, on vous résume aussi l’essentiel en vidéo :


les dangers de la loi Hadopi

François Poulain sur Agoravox assimile Hadopi à une loi ordonnant la fermeture de toutes les fenêtres, pour que le soleil ne fasse pas concurrence aux fabricants de chandelle. Bref, on essaie de créer un besoin artificiel de musique payante, en coupant la source de la diversité culturelle et d’un accès à une large variété d’œuvres.

ReadWriteWeb livre une interview de Patrick Waelbroeck, professeur associé à l’ENST au département Economie et Science Sociale, pour qui « Hadopi est une mauvaise réponse faite par des gens désemparés ».
Mieux, l’interdiction du téléchargement risque de créer l’effet inverse, pour « ceux qui utilisaient le P2P pour s’informer et découvrir et qui du coup consommaient plus, et si on ne leur fournit pas un outil équivalent pour explorer, c’est quelque chose de négatif pour l’industrie de la musique et pour la culture en général. »
Bref, le téléchargement est bon pour la culture et encourage les réseaux de pratiques culturelles diversifiées : « Nous allons vers une société où les jeunes seront sur-cultivés, notamment en matière d’usages des technologies, avec un appétit, des besoins et une culture bien plus vaste et diversifiée, et une population d’“anciens”, nourris par l’industrie de la culture, en état de sous alimentation culturelle. »

HADOPI - Le Net en France : black-out
Portons donc avec la Quadrature du net, le deuil d’un réseau neutre :
Devant le ridicule d’un gouvernement qui s’entête à vouloir déconnecter du Net des familles entières sans preuves valables ni procès, la Quadrature appelle les citoyens épris de liberté à procéder au « black-out » de leurs sites, blogs, profils, avatars, etc. Comme en Nouvelle-Zélande, seul pays avec la France où la « riposte graduée » devait être imposée par la loi, pour finalement être repoussée : pour protester contre cette loi imbécile et sa « liste blanche » de sites autorisés, le Net français doit agir et se draper de noir.”


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LES COMMENTAIRES (1)

Par François Poulain
posté le 10 mai à 11:42
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Bonjour,

Notez qu'en aucun cas je revendique que la culture doit être gratuite et que personne ne doit être payé pour son travail (caricature facile que l'on entend trop souvent). Ce que je revendique c'est qu'il n'y a pas besoin de contrôler la copie (et donc l'information qui circule sur le réseau) pour préserver les conditions matérielles de la chaine de production musicale.

Disons que l'idée de raréfaction artificielle des biens immatériels est une transpositions hâtive de l'économie de marché dans la sphère immatérielle qui a des effets de bords désastreux. Il faut penser l'immatériel comme une économie de service et pas comme une économie de marché. Par exemple si un distributeur proposait pour un prix raisonnable (<0.5€ la chanson) un catalogue très complet et dont le parcours se fait en trois clicks, nul doute qu'il profiterai de l'effet "longue queue" et vendrait ses chansons. Pourquoi ? Parce qu'en terme de "service" (accès au catalogue) il serait alors concurrentiel par rapport aux offres P2P et ce que les gens payeraient ce n'est pas la chanson en elle même, mais le service de décryptage de l'offre existante.

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