l'anguille

Le canapé et ses plaisirs régressifs.
Les plus intenses étant ceux de pas d’heures quand, à peine rentré, vous posez un œil mol et peut-être un peu jaune sur le genre d’émission qui ne peut se trouver qu’à ces heures.
Enfin, "ne pouvaient", plutôt ; avant que ne se généralisent les foyers où grouillent les chaines.
Comme ici on bichonne les petites perversions, voici, pour les amateurs, un très beau documentaire, en technicolor, sur l’anguille.
Un programme préparé et présenté par Mapie, habituée de ces lieux, petite main dépanneuse, O.S. et docteur ès eau qui, dans sa grande bonté, vient parfois donner le coup de main et pallier aux désertions de ce blog nous faisant par là jouir de ses expertises halieutiques.
Enjoy.

L’anguille est une espèce en voie de disparition, comme il y en a de nombreuses en France. J’ai choisi de vous parler de cette espèce car pour une fois l’Europe exige que chaque Etat mettre en place un programme de restauration. Mais voilà comme à son habitude la France a choisi la solution de la facilité et donc de l’inefficacité.
Ce premier billet présente la biologie de l’anguille, les suivants présenteront les facteurs anthropiques responsables de la disparition de cette espèce et le programme « pondu à la va vite » par la France.

ESPECE

L’anguille est un poisson ayant un squelette osseux et dont le corps à une forme dite « anguilliforme » c'est-à-dire long et cylindrique. Ce poisson est présent dans la majeure partie des océans et mers du globe. Il existe plusieurs espèces suivant les océans et mers.
Outre le fait d’être un poisson osseux, l’anguille a un cycle biologique atypique. C’est un poisson amphihalin (vivant alternativement en eau douce et en eau salée) thalassotoque (croissance en eau douce et reproduction en eau salée).
Parmi l’ensemble des 19 espèces d’anguilles que comprend la famille des anguillidae, Anguilla Anguilla (Linné, 1758) est la principale espèce présente en Europe. Même s’il est possible de rencontrer Anguilla rostrata (LeSueur), cette autre espèce ne constitue qu’une très faible proportion.

AIRE DE REPARTITION DE L’ANGUILLE EUROPEENNE

L’anguille est le seul grand migrateur amphihalin thalassotoque européen. Son cycle biologique est complexe et marqué par deux migrations très longues et une métamorphose.
Dans la famille des Anguillidae, l’anguille européenne est certainement l‘espèce qui présente
l’aire de répartition la plus vaste. En zone continentale l’aire s’étale dans la majorité des pays côtiers d’Europe et d’Afrique du Nord, entre une limite méridionale située en Mauritanie et une limite nord située en mer de Barents. L’ensemble du bassin méditerranéen et de la mer Noire sont également peuplés par les anguilles européennes jusqu’à 45°E (EGE 1939).

CYCLE BIOLOGIQUE
Après la reproduction des adultes, les larves dites « leptocéphales » ont une migration passive à travers l’océan Atlantique via le Gulf Stream. Cependant des études récentes ont mis en évidence la possibilité de nage active. Cette phase du cycle biologique reste malgré tout sujette à de nombreuses thèses, notamment sur la durée de la migration entre la zone de ponte dans la mer des Sargasses et nos côtes.
Aux abords du talus continental, les larves se métamorphosent en civelles, préparant ainsi leur migration de colonisation des eaux continentales (7 à 11 mois).
La migration des civelles a lieu en hiver et au début du printemps, entre octobre et mai, avec un mode d’arrivée en estuaire variable selon les sites considérés, mais généralement centré sur les mois de janvier ou février (ELIE 1979, CANTERELLE 1981, ELIE et ROCHARD 1994). La pigmentation des individus se met en place au cours de cette phase de migration, la civelle se développe en anguillette (stade intermédiaire entre la civelle et l’anguille différenciée sexuellement) totalement pigmentée.
La maturation sexuelle est un phénomène long qui se met en place en eaux continentales, mais se poursuit jusqu’à la migration marine de reproduction.
Ensuite, le stade jaune strictement sédentaire permet notamment à l’anguille de se différencier sexuellement.
Une dernière métamorphose transforme l’anguille jaune en anguille argentée (une couleur dorsale sombre et une robe ventrale argentée). L’œil grossit et la rétine évolue (« adaptation » à la vision en eau profonde). L’anguille argentée ne se nourrit plus jusqu’à sa reproduction. La vessie natatoire (sorte de ballaste), organe vascularisé voit son fonctionnement modifié (l’anguille passe de l’eau douce à l’eau salée de l’océan et des eaux  de surface aux profondeurs océanes).

La cinétique de la métamorphose et les paramètres environnementaux influents ne sont pas connus. Il s'agit de caractéristiques importantes permettant de comprendre les modifications de comportement des individus concernés en fonction des saisons, par exemple, chaque année une partie des anguilles se prépare à la migration de reproduction, leur comportement change et peut influencer
Après la métamorphose, au cours de l’automne, les anguilles regagnent l’océan pour rejoindre leur aire de reproduction. L’orientation des déplacements est axée globalement vers la mer des Sargasses. Malgré tout, la trace des anguilles argentées disparaît aux abords du talus continental de sorte qu’il soit impossible d’affirmer que les anguilles européennes, regagnant l’océan, traversent effectivement celui-ci pour parvenir à l’aire supposée de reproduction. Cette hypothèse est toutefois largement admise (BERTIN 1951, TESCH 1977, SINHA et JONES 1975), de même, la mort des géniteurs après la ponte est souvent présumée, seuls FONTAINE et al. (1982) montrent une survie d’anguille après maturation génitale provoquée artificiellement et s’appuient sur cette observation pour avancer l’hypothèse d’une population « landlocked », selon leurs termes, c’est à dire qu’une partie de la population d’anguilles effectuerait son cycle entier au niveau de l’aire de reproduction.

Source : thèse de Gilles Adam