Le printemps des poètes, 1

En ces temps de crises qui seront bientôt le temps des cerises, et pour faire pièce à Minc-Séguéla-Lévy-Sylvestre.... , Le printemps des poètes est une manifestation salutaire. Partout en France, dans les rues, les écoles, les trains et les trams, les ateliers même, chacun peut trousser son vers, battre la mesure du distique et de la rime, bégayer son calligramme. Saltimbanques du verbe chargé de futur, histrions du piano à bretelles ! tous ensemble, tous ensemble ! Nos mots sont des pavés lancés aux étoiles, pour que la vie se mette enfin debout. Dans Feuillets d'Hypnos, dédiés à Albert Camus, voilà ce que notait René Char en 1943 : Viendra le temps où les nations sur la marelle de l'univers seront aussi étroitement dépendantes les unes des autres que les organes d'un même corps, solidaires en son économie. Le cerveau, plein à craquer de machines, pourra-t-il encore garantir l'existence du mince ruisselet de rêve et d'évasion ? L'homme, d'un pas de somnambule, marche vers les mines meurtrières, conduit par le chant des inventeurs...