J'avais prévu de faire ma critique de Un secret de Philippe Grimbert mais... Je ne retrouve plus mon
livre !!! Or j'en ai besoin pour étoffer ma critique, ne serait-ce que pour retrouver les passages qui m'ont marqués (J'inscris les numéros de pages sur mon petit cahier avec juste le début de
passage). Bon, en attendant, ci-dessous ma critique de Chinoises.
"Un dicton chinois prétend que dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute
voix.
Un femme a rompu le silence. Durant huit année, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque à la radio chinoise
une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion elle les a écouté se raconter et lui
confier leurs secrets enfouis (cachés ?) au plus profond d'elles-mêmes.
Épouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances
incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie... Mais elles parlent aussi d'amour. Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, en dépit du chaos politique,
elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste.
Mon avis :
Comme noté dans mon article sur Les
funérailles célestes, Xinran est une journaliste qui a animé une émission de radio en Chine pendant 8 ans. A Londres depuis 1997, elle exerce maintenant la noble profession d'enseignante
comme professeur d'études orientales et africaines.
Ce roman a été publié en anglais courant 2002 et le titre original est The Good Women in China. La
traduction française date de 2003 (traductrice Marie-Odile Probst). Vous constaterez en lisant cet article que ces dates ont leur importance. Chinoises est le récit de témoignages de femmes recueillis pendant ces années radiophoniques.
La révolution culturelle a laissé des traces douloureuses, indélébiles. Parmi les nombreuses victimes de ces
années noires, les femmes ont eu une place de choix : victimes de mariages forcés (il faut noter qu'il fallait demander l'autorisation au Parti pour se marier quand celui-ci n'était pas
imposé), viols, familles dispersées, guerres et pauvreté, coutumes chinoises qui pour nous semblent dater d'un autre siècle.
Pour ce pays où le mâle est roi, recueillir ces témoignages relève déjà de l'exploit et cela n'a pas été
sans difficulté pour l'auteur.
La lecture de Chinoises m'a fendu le coeur : la condition féminine y étant décrite avec tellement de
simplicité, de sincérité. Ce sont des témoignages, des histoires vraies et l'auteur a su, avec beaucoup de sobriété, se mettre au service de ces femmes et de leurs récits
respectifs.
Un roman qui nous invite à réfléchir sur notre propre condition de femme. Il nous invite aussi à se plonger
(replonger ?) sur la révolution culturelle chinoise et les dégâts causés. J'ai maintenant une envie incontrolable d'approfondir le peu de connaissances que j'ai sur cette période de
l'histoire.
Je ne peux que recommander ce livre à toutes les femmes : il nous rappelle que nous avons un statut (même si
les salaires des femmes sont toujours de manière générale inférieurs à ceux des hommes, ben oui Messieurs !), une vraie place, une reconnaissance dans nos pays occidentaux. Nous avons la chance
de ne pas appartenir à nos époux, nous partageons leur existence en les aimant certes (ou pas) mais l'inverse est également vrai, nos époux ou compagnons ne nous appartiennent pas, ne sont pas
une propriété. Le reste est une question de valeur et de confiance mutuelle.
Je mets cependant en garde le lecteur : Attention, lecture bouleversante qui laisse des
traces.