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239°. La Vague - ou La dictature pour les nuls.

Publié le 09 mars 2009 par Jacques De Brethmas

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Film allemand de Dennis Gansel, d'après un roman américain de Todd Strasser paru en 1981, relatant une authentique expérience dans un collège américain.

Cette méticuleuse autopsie du fascisme laisse pantois, et la seule égrégore des spectateurs choqués par cette étonnante démonstration, qui se regardent en sortant de la salle avec l'air de se demander si quelque chose a vraiment changé pendant la séance en dit long sur l'efficacité et la simplicité du processus démonté ici en un schéma simple et accessible.

On prend une petite foule déjà liée par une certaine identité. C'est dans le film l'inscription à un stage thématique dans un lycée, ce peut aussi bien être le partage d'une misère... Un rien peut faire l'affaire.

Le film, lui, très allemand et même très berlinois, s'attarde avec malice sur l'augmentation du chômage, la baisse du pouvoir d'achat, les communautarismes éthniques et religieux, les inégalités sociales, autant de facteurs qui caractérisent aussi bien l'Allemagne actuelle que la France et qui porte à croire qu'un battement d'ailes de papillon suffirait à faire prendre la mayonnaise tant les conditions de base sont à ce point réunies.

On les persuade qu'ils valent mieux que le sort qui est le leur, que de la communauté et de la discipline naissent un pouvoir, qu'ils sont tous un indispensable rouage d'une machine parfaite, qu'ils ont été choisis parce membres d'une élite destinée à changer la face du monde, on les constitue en ordre avec repères, emblèmes, signes de ralliement et uniformes, et on obtient le monstre de science fiction classique constitué de millions de clones doués d'une pensée commune.

La morale de chaque individu cède le pas devant la nouvelle morale subordonnée à l'intérêt général devant lequel tout doit s'effacer, et on obtient les bourreaux nazis qui expliquaient à leurs juges qu'ils ne leur appartenait pas d'apprécier ce qu'on leur demandait de faire, mais seulement d'exécuter des ordres.

On se souvient du Cercle des poètes disparus, de American HistoryX, et surtout de Sa Majesté des Mouches..., autant de films sur la vulnérabilité des adolescents et les emballements collectifs..

L'ouvrage prend toute sa force lorsqu'on on en compare les ingrédients et la progression avec tel congrès d'un parti politique récemment survenu porte de Versailles où l'on voit un tout petit homme sur une scène colossale, avec son portrait et l'emblème de son mouvement au-dessus de lui, haranguer une foule immense et attentive rangée devant lui en d'interminables files bien rectilignes... Un peu d'imagination et on se souvient d'un grand stade de Nuremberg, ou bien de la saisissante scène du film « The Wall » d'Alan Parker, où l'on voit sur fond de musique de Pink Floyd, Bob Geldhof enflammer une salle de partisans et l'exhorter à dénoncer les traîtres (on retrouve cette scène dans La Vague!)

On pourrait même ajouter que le film devient prémonitoire lorsqu'on voit le tout petit homme remplacer ses ministres, nommer directement les directeurs des banques dont il force la fusion en devançant non seulement les décisions, mais même les réunions de la commission de déontologie, et désigner lui-même le président de France-télévision... Mais parlons plutôt de la Vague...

Pour le film, c'est d'ailleurs l'option politique qui est finalement choisie, mais soucieux de pédagogie, le réalisateur ne se prive pas, dans la construction du système, d'effleurer les fonctionnements sectaires en créant notamment le personnage de l'esprit faible qui se livre corps et âme au concept au point d'en dépendre complètement, et en décrivant les dérives de l'objet de l'expérience qui finissent par échapper à leur concepteur de manière hautement significative.

On y voit encore le portrait du « suiviste », du « mouton », de celui qui appartient au mouvement « parce que c'est bien » comme je connais certains militants politiques qui n'ont jamais envisagé d'autre destin que de servir une cause sur laquelle ils ne se sont jamais interrogés. On y trace aussi le profil des apparatchiks qui n'existent que dans le parti comme un poisson dans un bocal et vont d'échec en échec dans leur « vie extérieure ».

Film saisissant et puissant qu'on devrait également projeter dans les écoles. En restant dans la théorie et dans l'abstrait et en s'abstenant de toute référence historique, la démonstration se soustrait à toute emprise politique ou religieuse qui peut engendrer du négationnisme. Ainsi débarrassé de toute velléité communautaire, le principe de la lutte contre le risque fasciste pourrait y gagner en efficacité.

Dans le cadre du prêt à penser, un gag et une alerte rouge:

Le gag:

Dans l'excellent « L'aile du papillon » de ce dimanche 8 mars, (Canal+, 12h10), un journaliste s'étonne de la nomination de Gilbert Montagné et de David Douillet à la direction de l'UMP, aux secrétariats en charge respectivement du handicap et des sports.

Coup de chance pour le journaliste, il tombe justement sur Dominique Paillé, porte parole de l'UMP sur le perron du siège du parti. Il pose sa question sous forme de boutade: « Et c'est pour quand, Bigard à la culture? ».

Dominique Paillé ne saisit pas le ton goguenard de la question et répond au premier degré et le plus sérieusement du monde qu'une telle nomination « apporterait une vision de la culture qui permettrait de sortir de l'élitisme dans lequel nous sommes malheureusement confortés par un certain nombre de gouvernements successifs, ...[...] notamment de gauche....[...] car L'UMP est un mouvement populaire ». Survient opportunément devant la caméra Nathalie Kosciusco-Morizet qui se réjouit d'une mesure qui permettra des « regards croisés » sur certaines situations.

http://www.canalplus.fr/tous-les-programmes/les-emissions/pid2180-c-p-dimanche.html?

On ne peut que se féliciter de voir l'UMP échanger des regards croisés avec Gilbert Montagné. Quelle clairvoyance! Mais si la culture doit devenir populaire, qu'on me permette de plaider ici la cause de Steevy, ce phare de la pensée umpienne, grand thuriféraire de notre sublime timonier, grand oublié de cette vague de nominations. Habitué qu'il est aux exigences viziresques, son maître bien-aimé pourrait par exemple, créer pour lui un secrétariat à la bouffonnerie. Cela manque encore à la cour.


STEEVY, L'HOMME-HUÎTRE
envoyé par Tiotevalisse

L'alerte rouge:

A Genève, en avril prochain, doit se tenir une réunion sur le projet de déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance, dite «Durban II ».

Présidé par la Lybie et vice-présidé par l’Iran, le comité préparatoire institué pour la finalisation du projet de déclaration se livre à un véritable détournement du concept de protection des droits de l’homme pour tenter de légaliser le délit de blasphème, d'institutionnaliser de nombreuses discriminations au nombre desquelles l'antisémitisme et l'homophobie, conformément aux préceptes de l'Islam, institué pour l'occasion « religion de référence », de rétablir une société sexiste et communautariste, de rejeter l'universalité des droits de l'homme au profit d'une prééminence des « spécificités culturelles et traditionnelles » et de rejeter la laïcité comme une forme d'hérésie.

La Canada, Israël et les Etats Unis se sont d'ores et déjà désolidarisés de cette mascarade, et il importe que les pays européens, de toute urgence, en fassent autant.

On a célébré en décembre dernier le 60° anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, nous attendons les réactions du « brain trust » de l'UMP...

http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm


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