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Vins... en vain ! Lettre à Madame Bachelot.

Par Laporteplume

Madame le Ministre,

Assez ! Assez de recevoir chaque semaine, chaque jour, par perfusion sournoise, au cœur même de notre coeur… la honte d’être Français !
Tantôt, par ses dirigeants les plus zélés, l’État nous masque des pans entiers de notre histoire ou nous charge d’une repentance dont le citoyen est en droit de se demander ce que sont ses objectifs réel ; tantôt il culpabilise et contraint tous les automobilistes que nous sommes, au prétexte que quelques-uns d’entre eux se comportent comme des assassins au volant ; tantôt il propose d’incarcérer des jeunes de plus en plus jeunes pour les mettre hors d’état de nuire à leurs contemporains, privant ainsi notre société de la fraîcheur, de l’énergie créatrice, de l’envie d’entreprendre, et de la vision d’avenir du plus grand nombre !
Poussons un peu plus loin cette pratique politique : pourquoi ne pas obliger chaque Français à passer un brevet de randonnée en haute-montagne parce que quelques passionnés imprudents laissent leur vie chaque année sur les pentes du Mont-Blanc ? Pourquoi ?
Aujourd’hui, afin (paraît-il) de lutter contre l’alcoolisme galopant (paraît-il) de ces jeunes (toujours eux la cible !), emboîtant le pas à Monsieur Evin, vous déclarez une nouvelle guerre aux vignerons et brasseurs de France, à leurs distributeurs et à leurs clients, accentuant la crise que subit déjà depuis des années une filière patrimoniale pourtant vieille de plus de vingt siècles ! Et, dans le même temps, sous pression européenne nous dit-on, notre État autorise la mise en circulation de boissons explosives dont les effets nocifs à court, moyen et long terme, semblent pourtant bien connus ! Où est donc la logique ?
Difficile de comprendre de telles décisions concomitantes qui, loin de résoudre les problèmes évoqués, n’ont pour effet que de stériliser notre société en alignant l’immense majorité de ses individus justes, corrects, respectueux, raisonnables, travailleurs et paisibles sur quelques dizaines de cas souvent tragiques de déviance. La courbe de Gauss sera toujours la courbe de Gauss ! Ce n’est pas parce que nous brimerons huit neuvièmes d’individus sains que nous guérirons le neuvième de malades restant !
La France ne compte pas 40 millions de chauffards en état permanent d’ivresse au volant, ni soixante millions de citoyens, tous âges confondus, addictés à l’alcool ou à la drogue !
Plutôt que de tenter d’atteindre de façon très aléatoire des minorités en difficultés en usant de moyens coercitifs appliqués à tous, ne vaudrait-il pas mieux tenter de repérer l’origine de leur malaise et comprendre l’état réel de leur situation ? Travail autrement important et difficile, certes, mais évidemment productif de meilleur résultats, dans le respect de tous et de chacun.
La conséquence de ces mesures annoncées à grand renfort de coups de presse, et de communiqués d’agences spécialisées peuplées d’experts incontestables (l’une d’elle vient de nous expliquer que la charcuterie est terrible pour la santé, le beurre redoutable, et le fromage… mortel !) c’est (à n’en pas douter) l’affaiblissement de filières professionnelles qui ont contribué à la renommée mondiale de notre pays, la perte annoncée d’une image de qualité et de savoir-vivre, la disparition programmée d’une culture unique de la gastronomie et du patrimoine qui fait de la France la première destination touristique de la planète. Et la défaite d’une économie !
Portons nos regards partout autour de nous : La France est le seul pays à aimer s’automutiler de la sorte ! Par quelle maladie sommes-nous donc rongés ?
Et, pendant que nous nous échinons à ruiner notre domaine, d’autres se construisent le leur qui, déjà, vient nous concurrencer chez nous ! Voudrions-nous faire le lit des vins chiliens, états-uniens, sud-africains, australiens et… chinois, que nous ne nous y prendrions pas autrement. Car, une fois notre viti-viniculture détruite, aucun pays (à commencer par l’Union Européenne – à juste titre) ne nous autorisera à limiter l’invasion de nos tables par ces vins et alcools issus de pays étrangers ! Ces mêmes pays étrangers qui nous noient déjà sous des montagnes de produits dont les normes de qualité sont si loin des nôtres qu’ils obligent régulièrement à des mises en garde du consommateur, voire à des interdictions de distribution.
Cessons donc de nous auto-flageller ! Respectons ceux qui produisent dans la tradition multiséculaire de notre pays et ceux qui consomment sainement (le plus grand nombre), et ne nous offrons pas, pieds et poings liés, aux conquérants de marchés qui, quelque bonne volonté que vous y mettiez, Madame le Ministre… subsisteront !
Ce n’est pas parce que ces conquérants nous exportent leur pire (la pratique de l’open bar par exemple) que nous devons leur sacrifier… notre meilleur !
Et souvenons-nous, pour l’enseigner à notre tour, de ce que Paracelse enseignait déjà au 16ème siècle :
Rien n’est poison… tout est poison… seul l’excès est poison ! Pour clore cette lettre, permettez-moi, Madame le Ministre, de lever mon verre à votre santé, et à celle des productions et traditions honorables de notre Pays !

images : Cave oubliée et A votre santé photos GL 090309


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