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Anatole France, Putois, Le petit soldat de plomb, Edmée ou la charité bien placée, Grinalbert

Par Irigoyen
Anatole France, Putois, Le petit soldat de plomb, Edmée ou la charité bien placée, Grinalbert

Anatole France, Putois, Le petit soldat de plomb, Edmée ou la charité bien placée, Grinalbert

D’Anatole France, je me souvenais surtout de Les dieux ont soif, remarquable roman sur l’itinéraire d’un révolutionnaire dans les années suivant 1789 et qui posait la question de l’idéalisme en politique … roman sérieux, grave, qu’il n’est d’ailleurs pas inutile de lire en ces temps où, comme dit la chanson de Jacques Dutronc : « Non jamais je ne conteste / Ni revendique ni ne proteste / Je ne sais faire qu'un seul geste / Celui de retourner ma veste, de retourner ma veste / Toujours du bon côté » …

Mais laissons cela de côté, je ne vais tout de même pas m’énerver une énième fois à cause de la politique politicienne et des petits calculs des uns et des autres qui déshonorent la chose publique …

Abandonnons ces tristes sires à leurs combines d’épiciers et revenons à Anatole France … j’ai découvert avec un plaisir certain ces trois histoires courtes dont certaines ont une résonance tout à fait actuelle …

Putois pose la question de la fiabilité du témoignage … Je me suis d’ailleurs souvent demandé, dans l’exercice de ma profession, comment on pouvait se contenter d’un son de cloche … recouper les informations, mettre une citation en regard d’une autre est pourtant un des enseignements fondamentaux de toute école de journalisme …

Putois, disais-je avant de m’interrompre sans vergogne, met en scène trois personnages : Lucien, sa fille Pauline et sa sœur Zoé … les deux adultes se « souviennent » de Putois, personnage totalement inventé pour échapper aux invitations d’une certaine madame Cornouiller … cette dernière prétendra pourtant être la victime de ce monsieur qu’elle accusera d’avoir volé des melons dans son potager … Putois se verra également accusé d’avoir engrossé la cuisinière de madame Cornouiller … Mais Putois est-il vraiment un personnage sorti tout droit de l’imaginaire des hommes ? la question reste posée à la fin … à moins qu’il ne s’agisse d’une ultime mise en garde d’Anatole France à son lecteur afin qu’il se méfie aussi de ce qui lui est raconté … du grand art !

Edmée ou la charité bien placée est une réflexion sur l’attitude des riches à l’égard des pauvres … Horteur, fondateur de l’Étoile et directeur politique et littéraire de la Revue nationale et du Nouveau Siècle illustré demande à Marteau de lui faire un conte de 300 lignes pour un numéro spécial … un conte pour les riches… un conte où les riches éprouveraient de la pitié pour les pauvres … débute alors un dialogue entre deux conceptions totalement opposées de la vie, Marteau reprochant précisément cette pitié qu’éprouvent les riches envers les pauvres … Il voudrait que l’on se comporte normalement avec les démunis … L’un veut rendre la condition des pauvres supportable, l’autre veut supprimer cette condition des pauvres … S’en suivra un conte où une fille bien née fait l'aumône à un ramoneur qu’elle épousera par la suite … le contrat sera donc rempli puisque le conte sera moral …

Un texte particulièrement actuel lui aussi en ces temps de crise où les plus riches continuent de s’engraisser et les pauvres de s’appauvrir …

Enfin, Petit soldat de plomb, que je trouve le mois intéressant des trois textes, l’auteur revient sur la bataille de Fontenoy – vous savez, « Tirez les premiers messieurs les Anglais » - … et il y revient en choisissant pour personnage principal la Tulipe, soldat de plomb sorti d’un meuble …

Dommage que j’apprenne si tardivement l’existence de cette histoire … il me souvient en effet que, à l’école primaire, ma maîtresse – j’entends par là mon institutrice, n’allez pas me prêter un comportement précoce – nous avait invité à plancher sur le sujet suivant : « pendant votre sommeil, vos jouets parlent. Racontez. » … cette invitation au réalisme magique cher aux écrivains sud-américains, m’avait littéralement angoissé … Trente et quelques années plus tard, je m’apprête à animer une rencontre au Salon du Livre avec un auteur mexicain appartenant à ce « courant littéraire » …

N’y a-t-il pas des coïncidences curieuses ?


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