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Contes de l'ordi sacré : Gudule à Sainte-Marguerite 2

Publié le 14 mars 2009 par Porky

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Episode 2 : Où l'on apprend la très horrifique mais très véridique histoire du Masque de Fer.

Contact après contact, notre héros, le fameux Comte de *** fut mis en relation avec une sorcière qui encombrait déjà l'univers depuis xxxx siècles et dont l'objectif principal au cours de sa trèèèèèèèèèèèèèèèèès longue existence était de trouver un homme suffisamment stupide pour l'épouser. Mais la gent masculine, pourtant peu réputée pour son intelligence, ne s'était pas laissée prendre au piège. La sorcière avait beau eu agiter ses couettes et concocter ses diverses potions, aucun homme n'avait poussé la relation d'une part jusqu'à l'exploration de sa personnalité, et d'autre part jusqu'à graver son nom au bas d'un parchemin nuptial à côté de celui de l'horrible sorcière. Elle avait cependant bien failli réussir avec l'homme de Neandertal mais ce dernier s'était défilé à l'ultime moment et lui avait flanqué un coup de massue qui l'avait estourbie pendant quelques siècles.

Gudule l'Atrocité (car vous l'aurez bien sûr reconnue) vit en ce vaillant Comte de ***, amoureux et donc particulièrement idiot, une proie facile. Elle promit de l'aider et le futur Masque de Fer la crut, bien que l'apparence physique de la Sorcière le répugnât profondément ; mais il se disait que laideur ne rimait nullement avec incompétence. Il lui accorda donc sa confiance et la laissa prendre la direction des opérations.

Ce fut, on s'en doute, un des plus mauvais calculs de son existence. Gudule commença par rendre la Magnifique hideuse et quand on le lui reprocha, elle se réfugia derrière de prétendues erreurs de manipulation. Mais le mal était fait. Le triste Comte de ***  avait vu sa bien-aimée sous un autre jour, et son amour en avait été profondément ébranlé. (A notre humble avis, les fondations ne devaient pas être quand même très solides.) L'Abominable Gudule s'était dit que le moment d'agir était venu : elle avait fait boire au Comte une mixture censée le rendre amoureux fou d'elle. Mais erreur de dosage ? Laideur rédhibitoire de la sorcière ? Impossibilité même de la magie à rendre convenable ce qui oncques ne l'avait été et ne pouvait l'être ? Toujours est-il que le breuvage n'eut que peu d'effet sur notre héros, juste assez pour l'empêcher de se suicider lorsque Gudule, sans vergogne, voulut se jeter sur lui et lui apprendre les délices de la sorcellerie. Multipliant les tours de magie, elle réussit quand même à le traîner devant un prêtre satanique qui devait les unir ; mais au moment de dire oui, le vaillant Comte de *** prit conscience de la monumentale connerie stupidité qu'il allait commettre et partit en courant se réfugier sur l'île Sainte-Marguerite, certain que Gudule ne viendrait pas le chercher à cet endroit.

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Hélas pour lui ! La boule de cristal révéla bien vite sa cachette et Gudule débarqua un matin dans sa cuisine à l'heure du petit-déjeuner, lui fit une scène épouvantable, le traita de tous les noms, et pour sa punition, lui jeta un double sort : le malheureux se vit obligé de porter un masque de fer pour le restant de sa vie, qui allait être fort long, puisque la sorcière le condamna aussi à l'éternité. C'est ainsi que la légende du Masque de Fer prit naissance. Le fameux Saint-Mars, geôlier de l'illustre prisonnier n'était en fait qu'un séide de la sorcière chargé de garder le pauvre Comte, enfermé dans une cellule du fort de l'île.

Ce châtiment paraîtra peut-être un peu bizarre : au regard de la sorcière, il ne l'était pas. Gudule avait en effet décidé que le Comte serait un jour son mari, et elle comptait bien sur l'ennui dans lequel allait baigner le prisonnier tout au long de son éternelle vie pour le faire changer d'avis.  Mais le Masque de Fer avait pris goût à sa captivité, à son immortalité, et ce fut le séide qui craqua le premier. Une nuit, il quitta l'île et regagna le continent, abandonnant le Comte à son triste sort et partit se mettre sous la protection d'une autre sorcière, un peu plus compétente et un peu moins pénible que Gudule. Le prisonnier en profita donc pour s'échapper et alla se réfugier dans une grotte dont il fit son habitation principale et vécut là pendant quelques siècles, tranquille et à l'abri des soubresauts du monde.

Mais, direz-vous, comment échappa-t-il à la surveillance de Gudule et de sa boule ? Par un moyen bien simple, que lui avait indiqué le séide avec qui il avait eu de longues conversations et qui l'avait quelque peu briefé sur les pratiques magiques. C'est ainsi que le Comte de *** avait appris, à sa grande surprise, qu'en oignant son corps de jus d'ortie, il pouvait échapper à la caméra magique parce que la boule de Gudule craignait par-dessus tout le contact avec ce type de végétation urticante. Et sans sa boule, la sorcière était totalement démunie. Oui, mais, continuerez-vous à dire, et vous serez alors particulièrement pénible, et les tarots ? Gudule pouvait observer le prisonnier par l'intermédiaire de ses cartes. Là encore, une parade existait : outre le jus d'orties, il fallait chaque matin avaler une décoction de chardons pilés et vous étiez à l'abri des révélations des tarots, ces derniers étant allergiques à cette plante. Pourvus de ces renseignements, le Masque de Fer n'avait eu aucune difficulté à disparaître des écrans du château d'Onyx Noir et Gudule, bien qu'ayant battu tous les buissons de l'île, n'avait pu remettre la main sur lui. Elle s'était vengée de cet échec en séparant Logarithme et Monogramme, mais là encore, son plan avait échoué, comme on a pu le constater lors du conte précédent. (1)

Le Masque de Fer avait donc vécu pendant trois siècles dans une paix royale et il entendait bien poursuivre encore très longtemps cette existence de rêve. Sa solitude ne lui pesait nullement, au contraire. Car il avait pris l'habitude de penser. Et pour s'occuper, il pensait. A tout. Il était devenu un véritable obsédé de la pensée, à tel point que les herbes, les rochers, les arbres de l'île Sainte Marguerite l'appelaient le « Penseur Masqué ». Et comme il était très heureux en compagnie de ses pensées, il n'avait aucune envie de voir quiconque s'introduire dans sa petite vie bien rangée.

Comme il avait l'éternité devant lui, il n'était pas non plus du genre à se presser, ni à s'énerver pour des futilités. Et cette paix dont il jouissait durait depuis des siècles lorsqu'un jour, funeste entre tous, Marsupilania la Vaillante et Multimédia la Stressée ((2) eurent l'idée saugrenue d'expédier Gudule à l'endroit exact où il n'aurait pas fallu qu'elles l'envoient...

(Que va--il se passer ? Comment le Masque de Fer va-t-il réagir en voyant surgir devant lui l'Horrible Gudule ? Et notre vaillante troupe n'est toujours pas apparue dans le conte : quand l'auteur va-t-il se décider à penser à elle ? C'est bon, ça vient...)

(1) Voir Logarithme et Monogramme.

(2) Voir les contes précédents.

 

 


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