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Critique de “Hard As Love” (2009) par Joseph Leon

Publié le 17 mars 2009 par Eddie

http://www.lechoix.fr/albums/hardaslove.jpg

Hard As Love

par Joseph Leon


Année : 2009
Label : Diese
Stéréotypes : Folk
Liens : MySpace

Hybride. Joseph Leon n’a pas une grande voix. Ce n’est pas un Cat Power au masculin, ce n’est pas une copie d’Antony Hegarty. Il possède une voix que j’ai peur de caractériser sans avoir l’air péjorative (je vais l’être à un moment de toute façon). En fait j’ai un problème avec cette voix. Je vais tenter une comparaison un peu bizarre, mais cette voix est comme un hybride des organes de Nick Drake et Vincent Delerm. Oui, j’avais prévenu, ça peut choquer. Elle est douce, pas très assurée, sans ampleur… En fait elle n’a rien de particulier, et ça m’emmerde un peu. La voix de Nick Drake a quelque chose d’aérien, de suspendu dans le temps et l’espace. Les voix de Leon et Drake ont cela en commun qu’elles ne sont pas particulièrement “colorées”, il n’y a pas de fortes émotions à aller y chercher, pas de mimiques vocales énervantes… Ces voix vous accrochent pourtant et c’est les histoires qu’elles racontent qui vous bouleversent. Un peu comme si vous tombiez sur le journal intime de quelqu’un que vous ne connaissez absolument pas, que vous lisez dans votre tête, sans intonations particulières, sans chercher à vous mettre dans sa peau, mais vous vous laissez embarquer dans ses histoires.

Film. Hard As Love me fait penser à un film français. Les films français se caractérisent entre autres - pour ce que j’en ai vu - par ces longs plans fixes sur les visages des personnages, ces plans qui n’ont.. aucun intérêt apparent, mais qui doit - enfin je crois - nous faire repenser à ce qui vient de se passer et essayer de le mettre en perspective, nous mettre dans la peau du personnage, ce que je n’arrive jamais à faire car leurs histoires - d’un romantisme mou - sont souvent… bon, on va arrêter là la diatribe sur le cinéma français. Pour être claire, Hard As Love est une collection d’expériences, d’émotions, de Pars vite et reviens tard, À nos amours ou autre Le Code a Changé. Je n’aime pas le cinéma français. Et les textes de Joseph Leon ont vraiment du mal à me parler.

Conflit de générations ? J’ai 21 ans, il en a 33 ans… je sais pas. Le problème quand les chanteurs n’ont pas une grande voix, c’est que je vais m’intéresser plus particulièrement aux textes et là je vais faire quelque chose que je n’aime pas vraiment mais je suis obligée : “Nothing really matters, everybody’s crawling. And sooner or later, we’ll all meet the ending. (…) Crying behind the bedroom door, I wish I could ease your mind (…) Nothing really matters, everybody’s lying. And sooner or later, this world will be falling”. Par moments j’ai vraiment l’impression que le journal intime est celui d’un emo de 15 ans. Je n’aime pas mettre ça en lumière parce que certains vont croire que toutes les chansons sont du même acabit et ce n’est pas le cas, et puis après les textes on s’en fout, etc, mais moi ça m’a emmerdé et je ne peux pas le cacher.

Musique. Musicalement c’est vraiment un album très réussi, très agréable, ça glisse dans l’oreille comme une douce et mélancolique brise matinale. Les mélodies sont elles aussi réminiscentes de Nick Drake ou Townes Van Zandt, mais elles sont bien plus travaillées. Les arrangements sont excellents, jazzy, tout en douceur, comme de la folk de chambre si vous voulez. On imagine bien Joseph Leon chanter accoudé à un balcon dans le Marais à Paris, rêvant de l’Amérique dont il se dit habité et qui se traduit par des ballades americana comme “San Francisco Bay”. Alors voilà, arrivée à la fin du disque, j’ai un drôle de sentiment : Joseph Leon a un talent mélodique fou, il connaît vraisemblablement ses classiques, mais certains textes ont gâché le tableau et sa voix peine vraiment à me toucher.

Ne passez tout de même pas à côté de ce disque car mon appréciation négative est pour le coup très, sans doute trop subjective et beaucoup d’entre vous seront sans doute très touchés par ces histoires.


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