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Poil à gratter

Publié le 20 mars 2009 par Jlhuss

roselyne_bachelot_reference.1237407722.jpgLes médecins depuis quelques années ont été, en apparence, associés à la gestion hospitalière. Il est ainsi possible de les engluer dans des décisions pénalisantes.  Ils n’auraient jamais du accepter de jouer ce « jeu ». Leur signature  était trop souvent utilisée pour cautionner les pénuries quand elles se faisaient jour.
Rupture” oblige, ce n’est pas le moindre mérite de la nouvelle loi « Hôpital, patients, territoire, santé » que de mettre un terme à cette dualité incompatible.

Le chef de l’État a été clair, désormais «il faut un, et un seul, patron à l’hôpital». Tel est le maître mot de la réforme. Et ce patron, ce sera le directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS) avec son “bras armé”, le directeur de l’hôpital.

Jusqu’à présent, il y avait une sorte de partage des rôles entre le directeur de l’hôpital et  la Commission Médicale, son président médecin, les chefs de “pôles”. La nouvelle loi fait du directeur de l’hôpital « le Chef unique». Il sera nommé par le directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé) Pour mettre de l’ordre dans le système, Roselyne Bachelot donnera aux directeurs des Agences Régionales de Santé  (ARS) “les pouvoirs d’un P-DG”

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Signe tangible de son pouvoir, le directeur d’ARS choisira les directeurs des hôpitaux et il pourra les évaluer, leur donner des primes et même les limoger. Le directeur d’hôpital, lui, verra également ses pouvoirs renforcés. Il devient le « Chef en sursis » de l’établissement à la discrétion du directeur de l’ARS. Il s’entourera d’un directoire à sa botte, dont il nomme les membres et qu’il peut révoquer à sa guise. Il tiendra sa légitimité du seul directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS),  ce dernier désigné en conseil des Ministres. La boucle est bouclée. Les responsables sont clairement désignés.

Les médecins devraient pouvoir enfin, s’ils comprennent l’enjeu et ne tombent pas à nouveau dans les pièges, retrouver une entière liberté de paroles, de contestation. Ils ne doivent plus s’écarter d’un millimètre de leur rôle : demander le meilleur pour leurs patients sans tenir compte un instant des questions économiques. Ce n’est pas leur métier.

Ils auront le devoir retrouvé, de faire connaître les besoins de l’excellence, de les réclamer sans relâche, de désigner les manques, les risques, les insuffisances. Ils ne doivent plus participer, ni de prêt ni de loin, à l’organisation d’une quelconque pénurie, ne pas galvauder leur signature, ne pas cautionner les restrictions : devenir les accusateurs et les dénonciateurs de l’insuffisance. C’est en ce sens qu’ ils retrouvent leur liberté.

« Un seul Chef » … Un seul responsable : pas eux, le directeur.

Des esprits aiguisés rétorqueront que le « projet médical d’établissement » demeure la charpente de l’édifice hospitalier. Certes, mais les médecins doivent y participer avec l’unique idée du mieux pour leur patient, sans aucune connotation économique : afin que les refus éventuels ne puissent en aucun cas leur être imputés. Avec cette loi la caution implicite du corps médical devrait s’éteindre. Mais il faut que ce dernier sache saisir tous les avantages de ces nouvelles dispositions. Le médecin pourra ainsi regagner son poste uniquement préoccupé par la qualité de ce qu’il offre aux malades, -il n’aurait jamais dû le quitter. Il doit devenir le poil à gratter, le caillou dans la chaussure, l’empêcheur de “tourner en rond”, le quémandeur du toujours plus et mieux. Il appartiendra aux autres d’assumer les refus éventuels. 

Certains diront “caricatural” … Pas tellement ! Une bonne illustration du “management par l’affrontement” …

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