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Nem-porte quoi !

Publié le 20 mars 2009 par Dalyna

nem

Le Magazine « Envoyé Spécial » a vraiment une dent contre les nems. Il y a 4 ans, vous avez sans doute vu ce fameux reportage, où les journalistes alertaient sur l’hygiène déplorable de certains traiteurs asiatiques. Quand je dis « sans doute », c’est parce que personnellement, je ne l’ai pas vu, mais qu’autour de moi, TOUT le monde m’en parle. Ca fait 4 ans que ma maman fait une grimace dès que je dis que je vais manger chinois. Le week-end dernier encore, je revois une amie d’enfance qui me dit son dégoût pour la bouffe chinoise… et de préciser « Tu sais, j’ai vu un reportage chez Envoyé Spécial ». Donc, sans avoir vu ce reportage, je me doute qu’il devait être bien gore pour avoir écœuré toute la planète à ce point là.

Hier soir, j’allume ma télé, et ô surprise ! « Envoyé Spécial » a décidé de remettre ça, avec un reportage sur le même sujet. L’angle ? Voir si 4 ans plus tard, les choses ont évolué. Après avoir loupé le reportage le plus retentissant du siècle, je décide donc de ne pas rater cette suite afin d’être un peu plus au courant quand les gens grimaceront à chaque fois qu’ils entendent le mot « nem ».

Et là, franchement, je dois vous avouer que je suis restée sur ma faim. Le journaliste Jean-Charles Doria commence par suivre un business illégal de vente de barquettes de sushis. Pendant 15 minutes, il suit une jeune asiatique qui vend des barquettes de sushis au noir. Oui, bon. Le travail clandestin, je crois qu’on connaît déjà et cela ne concerne pas que la nourriture asiatique. Nous assistons à de gênantes interpellations policières, où le flic prend un ton péremptoire face à des asiatiques qui ne parlent pas bien notre langue. Le journaliste nous dit en voix off que le trafic de barquettes peut leur faire gagner 1 000 à 2 000 euros par mois. Ouais, pas de quoi se faire le Fouquet’s non plus quoi. Donc, toute cette partie du reportage ne nous apprend strictement rien.

Ensuite, il essaie de mener l’enquête sur les méthodes de confection des produits. Il filme des cuisines, où on voit en effet des cuisines pas très soignées, certains ustensiles usagés, et des poissons crus pour sushis qui ne sont pas toujours bien protégés. Malgré la voix off grave du journaliste, les insinuations et les plans caméras, je ne suis toujours pas choquée. Alors, le journaliste décide de passer à la vitesse supérieure : il se rend chez 10 traiteurs parisiens et fait analyser 32 plats achetés. Il s’avèrera ensuite que sur ces 32 plats, 13 sont déclarés « non-satisfaisants au niveau de l’hygiène » par le laboratoire. Ces chiffres peuvent effrayer à première vue, mais s’ils ne sont pas mis en relation avec d’autres chiffres, pour moi, ils ne veulent toujours rien dire. Et si on faisait une enquête Mc Do ou Quick? Et KFC ou Hippopotamus ? Je pense que ce serait intéressant de comparer, on risque d’avoir des surprises. Un jour, il m’est arrivé d’être au Mc Do et de voir une souris passer. Vrai de vrai. Donc jeter l’opprobre sur l’hygiène des asiatiques, en donnant l’idée qu’ils ont le monopole de la saleté et des aliments « non-satisfaisants au niveau de l’hygiène », cela me semble être encore une fois un reportage sensationnaliste et voyeuriste à deux balles, sensé effrayer la populace devant son écran.

Mais ce n’est pas tout. Il y a ensuite une spécialiste (nutritionniste mais je ne suis plus sûre, peu importe) qui intervient pour dire que les conséquences peuvent être très graves, que l’on peut se retrouver avec une contamination sur les bras… Blablabla. Sauf que moi, ce que je voudrais qu’on me dise justement dans ce reportage, ce ne sont pas les craintes et autres supputations sur la dangerosité potentielle, ce sont les FAITS. Y a-t-il eu oui ou non déjà des cas d’intoxication alimentaire due à l’ingestion de produits asiatiques ?

La réponse, je l’aurais plus tard par le journaliste invité en plateau. D’ailleurs, c’est marrant, il a presque fait un lapsus en répondant « non, c’est ça le bém… ». Comprenez le bémol. Ben oui, parce que c’est dommage pour l’enquête ça. Passer 45 minutes à parler hypothèses, en pourrissant le business de milliers d’asiatiques et répondre ensuite qu’il n’y a JAMAIS eu de cas d’intoxication recensés, ça la fout mal en effet. Envoyé Spécial, y’à pas à dire, c’est le niveau ZERO du journalisme en France.


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