Magazine

Au petit matin d'hirondelles...V

Publié le 23 mars 2009 par Bonamangangu
SantaCroce_int_4656.jpg

"...Le but de l’art est toujours l’accomplissement d’une épiphanie, mais celle-ci ne s’effectue plus par la persuasion mimétique de l’œuvre, mais par sa puissance d’évocation, par la réminiscence qu’elle provoque dans l’esprit de celui qui la rencontre.

   En ce temps où les hommes s’apprêtent à entrer dans ce que l’historien nomme la « période contemporaine », abandonnant la consolation religieuse et confrontés seuls à la mort devenue irrémédiable, il semblent chercher dans l’émotion artistique l’expérience d’une sorte d’éternité immanente, qui certes transcende l’irréversibilité du temps, mais s’inscrit cependant dans le cercle de l’histoire et se réfère à une époque révolue de ce monde, sans ouvrir une quelconque porte sur un autre monde.

   L’œuvre d’art devient désormais un revenant qui vient témoigner pour un passé refoulé. Elle est un « médium » qui nous met en correspondance avec les génies du passé. L’apparition de ce fantôme produit alors un effet bouleversant sur les âmes sensibles.

   Cet effet est aujourd’hui cliniquement observable, il a même été catalogué dans la nomenclature médicale comme « syndrome de Stendhal », et selon un psychiatre florentin, Graziella Magherini qui lui a consacré un livre en 1996, les hôpitaux de Florence enregistrent annuellement une dizaine de cas depuis près de trente ans. Il doit son nom à un texte de l’écrivain français qui relate son émotion, lors de son voyage à Florence, après la visite de l’église Santa Croce :

« J'étais dans une sorte d'extase, par l'idée d'être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »

Jacques Darriulat. In Winckelmann, Beauté et désir. Esthétique.

Florence_Arno_4411.jpg

Illustration: Santa Croce. Ci-contre Florence.

...............................................................................................................


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bonamangangu 60 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog