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Se passer d'éditeur à l'heure numérique ? Facile, au contraire

Publié le 23 mars 2009 par Actualitté
Autre époque, autres moeurs, disait Cicéron, et l'on se rend compte que décidément revoir ses classiques se ferait pas de mal. Toujours dans cette fameuse lettre-bilan du numérique, le SNE, dans ce qui ressemble définitivement à une campagne douche froide menée au sujet du livre électronique, deux points concomitants sont abordés : le rapport des éditeurs au numérique et leur rôle.
Stephen King va vous faire peur... Sérieux ?
Commençons par tordre le cou à cette contre-vérité avancée par le SNE sur le rôle de l'éditeur : Stephen King a bien tenté de vendre un ebook sans passer par un éditeur... en 2000. Faire de cet exemple un moteur de la réflexion du Syndicat montre bien à quel point les chiffres et les références retardent. Pourquoi ne pas évoquer ce que Paulo Coelho a fait, en offrant son livre en téléchargement gratuit ? En outre, les tarifs pratiqués par Stephen King, qui vendait son livre au chapitre, étaient considérés comme excessifs. De là à dire que c'est « une méconnaissance du métier et de la valeur ajoutée de l'éditeur », les connaisseurs apprécieront.

L'éditeur d'avant va disparaître
Se passer d'éditeur à l'heure du numérique se fera au contraire avec une facilité déconcertante : les auteurs veulent certes être payés pour leur travail, mais avant tout être lus et s'il faut pour cela assurer sa diffusion par ses propres moyens, pour s'épargner l'écueil des DRM, par exemple, soyons assuré que les auteurs le feront. Les canaux de distribution ne manqueront prochainement pas, qu'on se le dise.
« Si elle ne pense pas la modernité, l'industrie traditionnelle du contenu va peu à peu réduire son catalogue à un mélange d'artistes vieillissants et de “Star Academy”. Ce n'est pas très palpitant... », affirmait M. Serge Soudoplatoff, dans une analyse du marché numérique fort intéressante. À ce titre, le rôle de l'éditeur est des plus menacés s'il ne campe sur ses actuelles, et nécessairement fragiles, positions.
Quelles prospections aujourd'hui ?
En outre, le SNE tente de rassurer sur l'action des éditeurs face au numérique. Non, ils ne sont pas sur la défensive. Réagir en assignant Google et Free en contrefaçon représente donc une démarche prospective ? La défense du droit d'auteur est primordiale, mais opposer Europeana contre Google Books semble quelque peu illusoire, autant que cela illustre une compréhension floue des attentes du lectorat.
D'autre part, une offre légale de qualité est sur le grill. On se demandera si ce n'est pas celle qui concerne l'alliance La Martinière - Gallimard, pour la distribution de livres électroniques, nouvelle mainmise sur le secteur important du livre papier : diffusion et distribution... Quant à Gallica 2 ou un éventuel portail des libraires, on peut se poser des questions, un sur sa plus-value, deux, sur son apparition un jour ou l'autre.
Du livre libre de droit gratuit aux canaux de vente
Si les possibilités d'obtenir des livres libres de droit se multiplient et permettent de se passer aisément d'un éditeur, les offres des nouveaux auteurs, qui pourront vendre leur contenu via iTunes ou Amazon ne manqueront pas. Avec internet, un auteur trouvera toujours le moyen de se diffuser, mais qu'en sera-t-il des livres à éditer si les conditions de leur édition ne satisfont pas leurs auteurs ?
Internet et les ebooks ne représentent pas un danger pour les éditeurs, mais ce que certains qualifient de comportement suicidaire nuira sans peine à leur avenir...

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