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En finir avec le dollar - pour une monnaie de réserve internationale stable et équitable

Publié le 25 mars 2009 par Edgar @edgarpoe
Hier je rendais compte d'une proposition fort intéressante de la Chine, qui proposait de faire des Droits de Tirage Spéciaux la monnaie de référence du système monétaire international.

J'écrivais que ce système était stable et équitable, point contesté par un commentaire.

Je reviens là dessus, car c'est sans doute intéressant et je n'avais absolument pas développé cette assertion.

Aujourd'hui, quand la France vend des Airbus ou achète du pétrole, elle paie et est payée en dollars. Or le dollar a un cours très volatil, ce qui est gênant. Quand le dollar monte, nous payons notre pétrole plus cher, et quand il baisse, nous touchons moins de nos ventes en dollar, nos produits sont concurrencés par les produits en dollar et enfin le pétrole baisse moins que ce que les taux de change permettraient, car les producteurs font monter le prix du baril quand le cours du dollar baisse.

Bref, tout cela est gênant. On peut s'assurer contre les variations du cours du dollar, mais c'est complexe et coûteux.

Payer en DTS, panier de plusieurs monnaies, serait plus stable, et équitable.

Equitable d'abord : la Chine propose d'élargir le nombre de monnaies intégrées dans le calcul du cours du DTS, ce qui est juste. Les Etats-Unis ne pourraient plus abuser de leur capacité à faire baisser le cours du dollar pour vendre plus à l'étranger, tout en étant assurés de continuer à être financés grâce au statut de monnaie de référence de leur devise. Si les excédents asiatiques étaient placés en DTS, les USA auraient plus de mal à accumuler autant de dettes. Les excédents commerciaux globaux se porteraient sur le DTS et sur les devises qui le composent, de façon sans doute bien mieux répartie qu'actuellement.


Stable ensuite : pour vendre nos Airbus et acheter du pétrole, nous paierions et serions payés en DTS, dont le cours serait sans doute bien plus stable que celui du seul dollar (alors que les Etats-Unis représentaient presque la moitié du PIB mondial au moment de Bretton-Woods, en 1944, leur part dans la production mondiale se situe entre un cinquième et un tiers du PIB mondial, selon qu'on la mesure en parité de pouvoir d'achat ou à prix courant).

La proposition chinoise, soutenue apparemment par la Russie, et de nombreux autres pays émergents est donc visionnaire. Nul doute qu'un de Gaulle s'en serait emparé.

L'Union européenne a déjà réagi par la voix de Joaquin Almunia, commissaire aux affaires économiques : "je pense que tout le monde est aussi d'accord pour dire que la monnaie de réserve internationale actuelle, le dollar, va continuer à être là pour une longue période." Donc, puisque tout le monde est d'accord (comprendre les Etats-Unis et l'Europe), l'Europe répondra comme les USA.

Barack Obama a fait évidemment la même réponse , mais lui défend sa propre monnaie, il est dans son rôle. Obama voit le dollar comme "extraordinairement fort" et ne voit aucune raison qu'il cesse d'être la monnaie de réserve internationale - c'est plus facile pour financer les plans de relance et les sauvetages de banque sans douleur).

Voilà donc une proposition politique et économique forte, censée, visionnaire, soutenue par la Chine, la Russie, le Brésil, l'Inde, qui obligerait les Etats-Unis à mener des politiques économiques moins déstabilisantes pour le reste du monde, et voilà l'Union européenne, marshmallow de la politique mondiale, qui rejette la chose sans aucun débat public.

Il est véritablement temps d'en finir avec cette construction inutile et stérilisante. Surtout, ne pas contribuer à rendre ce truc crédible en votant en juin prochain.


 

Lire aussi : le n°2 du FMI trouve la proposition chinoise sérieuse.

On rappellera que Joaquin Almunia, qui s'est prononcé en moins de douze heures comme un véritable sous-fifre au service des Etats-Unis, est un socialiste européen, membre de à gauche en Europe, association créée par Michel Rocard et DSK, membre du conseil scientifique de Terra Nova...

On notera pour l'occasion que Terra Nova, dans la notice de M. Almunia,mentionne tous ses diplômes en oubliant son passage à la Kennedy School of Governement, à Harvard (comparer avec la notice wikipedia ou le CV sur le site de la Commission). Faut pas avoir honte...





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