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Patrimoine industriel et cinéma

Publié le 15 janvier 2009 par Magali Renard
Affiche du film Au risque de m'aventurer sur des terrains minés et qu'on me prenne pour une anarchiste, j'ose quand même vous parler du film que j'ai été voir la semaine dernière et qui m'a véritablement séduite, pour sa fraicheur, sa liberté, et par dessus tout pour le fait que certaines scènes ont été tournées dans l'enceinte duFamilistère de Godin à Guise, en Picardie. Louise Michel, réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine, nous raconte comment les ouvrières d'une usine textile, trahies par un patron qui délocalise intégralement (et bien sûr sans prévenir) pendant une nuit, réunissent leurs indemnités pour faire assassiner leur boss indigne par un tueur professionnel. Hélas, ce dernier ne l'est pas vraiment (professionnel). Le film s'articule autour d'un road-movie complètement déjanté (et c'est un euphémisme) entre Louise, ouvrière analphabète, et Michel, faux tueur à gages. Réunis pour retrouver le patron "ripoux", mais aussi parce qu'ils partagent tous deux un lourd secret, Louise et Michel incarnent en quelque sorte la lutte des "déclassés", des marginaux, des damnés de la Société. Un thème sensible, celui des délocalisations et de leurs conséquences, réelles et fantasmées, qui n'avait encore pas été abordé au cinéma (à ma connaissance) et dont l'initiative mérite d'être soulignée. L'histoire aurait été inspirée d'un fait divers, survenu d'ailleurs près d'ici, dans la région d'Angoulême : un sympathique patron qui avait offert de nouveaux vêtements de travail à ses ouvriers, avant de déménager ses machines en un week-end vers les pays de l'Est... C'est pas joli-joli et d'ailleurs le film en a certainement choqué plus d'un tellement on se rapproche du "politiquement incorrect". Forcément, puisque c'est l'équipe qui a réalisé Groland qui en est à l'origine! Et c'est ce qui explique pourquoi on retrouve un Benoît Poelvoorde reconstituant le 11 septembre dans son jardin, le chanteur Katerine interprétant Jésus Christ Mon Amour dans un bar glauque ou encore Dupontel en tueur serbe. Bref, c'est un savant mélange d'absurde, de provocation, d'explosion de violence, le tout emprunt d'une certaine poésie et je dirais même d'une esthétique remarquables. On regrette cependant que les plans qui mettent en scène le Familistère de Godin, ensemble architectural remarquable classé au titre des monuments historiques en 1991, soient si brefs. Mais c'est déjà une bonne chose qu'on ait choisi cet endroit si symbolique. Il ne vous aura bien évidemment pas échappé que le titre évoque le personnage historique de Louise Michel, figure emblématique de la Commune de Paris, à l'origine des grands principes de la pensée révolutionnaire et anarchique, ce qui permet de faire le lien avec le combat en faveur de la classe ouvrière. Bref, c'est définitivement un film au ton provocateur, qu'on ne peut apprécier qu'avec certains penchants socialistes, il faut bien se l'avouer, mais également une bonne dose de second degré. Provoquer plutôt qu'instruire, n'est-ce pas au final ce que nos professeurs et intervenants nous enseignent?

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