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Telepathe - Dance Mother (2009).

Publié le 25 mars 2009 par Oreilles
Il ne suffit pas d'être produit par David Sitek et d'être originaire de Brooklyn pour être un bon groupe. Le premier album de Telepathe, encensé ici ou là dans la presse spécialisée, en est la preuve. Sans vouloir crâner, il serait bien possible qu'on tienne là le pier album de l'année... _J'aime tellement TV on the radio, Liars, YYY, que je m'intéresse par principe à tout ce que fait Sitek ; et il est difficile d'être insensible à ce qui se passe sur cette scène new-yorkaise bouillonante. Mais là, non, Telepathe est un petit soufflet hype qui se dégonfle trés vite à l'écoute. _
Le groupe est composé de deux demoiselles issues du punk rock arty local, avec frange dans les yeux, sourire en option, et alibi psyché en bandoulière : « on veut vous faire planer ». Ah le psychédélisme ! Que deviendraient tous les groupes mal inspirés sans lui?
_Le psychédélisme a été une invention forte des remuantes sixties et a constitué une avançée remarquable dans le langage musical de la musique populaire. Il a été un formidable mouvement d'invention de nouvelles modalités expressives, en phase avec une critique frontale de la réalité sociale. Avec Telepathe, les portes de la perception se referment sur des procédés vides, et le psychédélisme fonctionne comme cache-misère : boucles ennuyeuses, bruitages divers et variés, réverbération à tous les étages (et là on peut faire confiance à Sitek, qui s'est fait gentiment remercier par Foals, l'année dernière, pour en avoir un peu trop abusé).
_Pour cacher quelle misère ? Misère des voix, d'abord, qui sont celles de jeunes filles en fleurs, qui auraient perdu leur Proust pour sublimer et érotiser leur banalité. Quand on a une tessiture aussi réduite, il faut assurer sur d'autres plans. Elles sonnent comme les voix d'Au revoir Simone, mais sans aucune expressivité ou émotion quelconque (écoutez le magnifique Stay Golden du premier album des ARS , et vous verrez la différence). Misère des mélodies, ensuite, que ne renierait pas un Plastic Bertrand, qui lui, au moins, ne planait que pour lui, sans essayer de faire planer les autres. Le pompom de ce point de vue s'appelle Devil's trident, qui vous infligera quatre minutes de synthé préprogrammé, de parlote marmonnée dans la frange, pour finir en pâmoisons pseudo-orgasmiques, et, comme il se doit, réverbérées. Quelques timides guitares s'invitent de temps en temps, mais ce qui prédomine c'est l'impression d'entendre une synth-pop ringarde, baclée et froide. Les rythmiques décalées roulent les mécaniques en début de morceau, puis s'éternisent comme un hamster dans sa roue.
_Comme le disait je ne sais plus quel cinéphile éclairé : il ne suffit pas de filmer des escaliers torturés, des murs penchés et des fenêtres de traviole pour faire un film expressioniste. De la même manière, il ne suffit pas de reprendre quelques procédés psyché pour faire de la musique.
_En bref : pas besoin d'être télépathe pour comprendre que Sitek avait un redressement fiscal à payer pour entreprendre de produire un album aussi mauvais. C'est froid, mais sans le petit plaisir SM de la cold wave, c'est psyché peut-être, mais plutôt dans le genre bad trip.
Et maintenant tu peux t'amuser, cher lecteur, à celui qui écoutera jusqu'au bout cette vidéo (un peu comme quand tu joues à celui qui ne vomira pas en écoutant Cannibal Corpse) :

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