Magazine

Les Impromptus Littéraires - Anniversaire

Publié le 26 mars 2009 par Sandy458
Je m'étais jurée "plus une seule ligne, plus jamais, plus une histoire, plus de e, de c, de r, de i et de t..., plus rien, plus jamais" ...et SoleildeBrousse m'a suggéré de jeter un oeil aux "Impromptus"... il faut dire que je regardais avec curiosité cette drôle de référence parfois présente au bas de ses histoires que j'apprécie énormément.
Veni, vidi et j'ai été vici le temps du thème de la semaine... narrez une histoire d'anniversaire en utilisant obligatoirement les mots suivants : "coccinelle, bougie, botte, tempête"...
Chez Soleil, c'est :
Pour les Impromptus, un petit tour : iCI
Pour mon pâté, c'est ci-dessous :

"Ils étaient tous là.

Ils avaient tous répondu à l'invitation lancée par les proches du vieil homme qui trônait au milieu de l'assemblée, assis bien doit dans son lourd fauteuil en bois sculpté.


Les invités s'étreignaient les uns les autres sous son regard bienveillant.


Ce n'était que franches accolades, embrassades sucrées, petits mots délicieux, joies des retrouvailles, cris d'allégresse.


« Comment vas-tu ?

-   Et toi ? ça fait une éternité qu'on ne s'est vu !

-   Bien, tu sais ce que c'est, le travail me prend beaucoup de temps.

-   Il est toujours en forme malgré son âge, tu ne trouves pas ?

-   Oui, il devient de plus en plus respectable avec sa longue barbe blanche, un vrai archétype pour les patriarches des familles.

-   Et tu as vu comme il reste droit, fier et imposant ?

-   C'est incroyable après tout ce temps écoulé et tout ce qu'il a réalisé... »


Le vénérable héros de la journée écoutait les conversations d'une oreille distraite, secrètement heureux de contempler toute sa famille réunie autour de lui.


Il se retrouvait avec joie dans les boucles blondes qui flottaient au vent, dans les belles lèvres pulpeuses qui s'ouvraient sur des rangées de dents d'une blancheur immaculée, dans les joues rebondies des chérubins rieurs et facétieux.


La chaire de sa chaire, le sang de son sang.

Il ne pouvait pas les renier, ils étaient tous à son image.


Et l'autre, là, il était venu lui-aussi... celui qui avait été mis au ban de la famille excédée par ses frasques et par l'opprobre publique qu'il avait suscité...

Il déambulait fier comme un paon, camouflant ses pieds déformés par une tare congénitale dans de très voyantes bottes cavalières  en cuir rouge.


Il allait d'invité en invité, butinant du bout de ses lèvres gourmandes sur la peau d'un cou tendre, semant ses baisers sulfureux, délivrant ses œillades langoureuses à hommes et femmes, ses mains chaudes et moites promptes à se saisir des chaires dodues...


Le patriarche avait délibérément choisi de convier toute la famille, les brebis galeuses comme les agneaux de Dieu.

Avec toute sa sagesse, il avait pensé qu'il fallait s'offrir une chance de cohabiter quelques instants dans une paix diplomatique même si elle ne serait qu'éphémère.


De toute façon, il n'appartenait pas aux autres de remettre en cause ses choix, quels qu'ils fussent, il régnait sur tous et s'accordait la prérogative absolue d'agir comme bon lui semblait...


Le gâteau d'anniversaire avait été confectionné avec maestria par ce bon Pierre, une féérie crémeuse et suave dont chaque bouchée promettait de fondre sur les papilles après les avoir ensorcelées.

Le vieil homme se passait la langue sur les lèvres, goûtant à l'avance de ce délice défendu, péché mortel de gourmandise qu'il faudrait confesser.


Les innombrables bougies n'étaient pas encore toutes allumées mais elles étaient déjà fichées dans la crème, attendant la petite flamme qui allait leur donner vie et accompagner d'ombres dansantes les arômes de vanille et de fleur d'oranger.


Dès que le patriarche les aurait soufflées, les plus jeunes devaient procéder à un lâcher de plumes blanches qui tourbillonneraient au gré du souffle s'élevant des poitrines des invités sous une tempête de « viva », en hommage au vieil homme.


« Nom de D... » tonna-t-il intérieurement en avisant le vilain petit canard de la famille essuyant ses bottes écarlates sur la nappe du banquet, avant que son attention ne soit captée par un léger chatouillis sur sa peau.


Une coccinelle se promenait sur sa belle main ridée par les siècles.


« Tiens, une bête à moi ! » se dit-il, charmé par le plaisant présage de chance et de félicité que le petit insecte sympathiquement ponctué symbolisait.


Après tout, ce n'était pas tous les jours que l'on fêtait l'anniversaire de Dieu..."










Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sandy458 856 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte