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L'UMP se couche, Sarkozy aussi

Publié le 27 mars 2009 par Juan
 Le temps s'accélère-t-il en Sarkofrance ? Mardi, Sarkozy voulait remotiver ses troupes. Jeudi, il cède sur un symbole. Entre-temps, il a réussi à enguirlander les députés de sa majorité.
Sarkozy se couche
Il n'a pas fallu attendre longtemps avant que Sarkozy ne recule ... au moins verbalement : mardi, Sarkozy déclarait vouloir attendre l'automne pour une loi éventuelle sur les rémunérations abusives des patrons. Puis, deux scandales plus tard (au Crédit Agricole puis à GDF-Suez), Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée annonçait jeudi 26 mars qu'un décret sera publié d'ici mardi prochain par le Premier ministre pour interdire l'attribution de bonus et stock-options aux dirigeants des entreprises aidées par l'État. Bingo !  "Il faut s'assurer que juridiquement, il n'y a pas besoin d'une accroche, d'un support législatif" a tempéré Bernard Accoyer, le président (UMP) de l'Assemblée Nationale.
Quelques heures après ce meeting de campagne interne à Saint Quentin, Nicolas Sarkozy avait continué son offensive interne. Mardi, son rassemblement de 4 000 militants UMP invités (sur carton) a coûté quelques 400 000 euros d'après le député apparenté socialiste René Derosière.
L'UMP se couche
Mercredi 25 mars, Nicolas Sarkozy recevait donc des députés UMP. Un exercice qui lui plaît, rapporte Le Monde. Il lui plaît surtout de laisser ainsi ses déclarations "off" afin de corriger le tir et/ou de resouder son camp. Mercredi donc, les voix discordantes se sont tues à l'UMP. Ceux qui à droite envisageait une loi contre les rémunérations patronales abusives ou une suspension du bouclier fiscal par solidarité nationale ont subitement changé d'avis. Patrick Roger, pour Le Monde, classe ainsi les déclarations présidentielles :

Matamore. "En France, on avait trois handicaps : les 35 heures, les grèves et la fiscalité. On a réglé les 35 heures. Quand il y a une grève comme celle du 19, le pays n'est pas paralysé. Sur le bouclier, ma capacité à reculer n'est pas d'un millimètre. Prenez-moi bien en photo : je ne créerai pas une nouvelle tranche d'impôt, on n'abandonnera pas le bouclier fiscal."


Pugnace. "On ne peut pas imaginer des bonus dans les entreprises aidées par l'Etat. Le Medef a jusqu'au 31 mars pour nous faire des propositions. Je ne peux pas accepter que Laurence Parisot dise qu'elle n'a pas le désir d'évoquer le partage des profits. Mais on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif. Si le Medef y va pas, on ira par la loi."


Princier. "Je veux une liste des paradis fiscaux et les faire sanctionner. Je ne veux plus que les banques travaillent avec les Caïmans, Hongkong et Macao. Sinon, je démissionnerai de mon poste de coprince d'Andorre. Monaco doit aussi s'aligner : j'en parlerai au prince Albert. Même la Suisse a cédé."


Pédagogue. "On est le dernier pays à avoir l'ISF. Bon courage pour savoir qui est riche. Si on supprime le bouclier, on tapera sur les classes moyennes. On a deux impôts sur le revenu et l'ISF. Sinon, ça laisse à penser à ceux qui ont de l'argent qu'on va leur demander d'expier. Moi, je préfère qu'ils investissent."


Décomplexé. "On a un complexe en France avec ceux qui réussissent, qui gagnent de l'argent. Je parie que le candidat PS en 2012 ne voudra pas revenir sur ce qu'on a fait sur les droits de succession. Ne tombez pas dans le piège de la social-démocratie."


Fataliste : "Pas une seule réforme ne nous apporte pas d'emmerdes."


Volontariste : "Moi, je vais dans les entreprises toutes les semaines et je monte sur la caisse."


Moraliste : "Une famille doit s'occuper de ses vieux."


Radical : "Quand un préfet fait mal son travail, il dégage. C'est normal. Et qu'est-ce qu'on dit des directeurs de rédaction qui perdent des lecteurs ? Eux, ils sont pas changés."


Optimiste : "La crise nous rend notre liberté. Elle nous donne la possibilité de renouveler notre corpus idéologique, ça nous fait réfléchir. La période est formidable. C'est nous qui conduisons le bateau. On n'a pas le droit d'avoir peur. Je me fais taper dessus, mais j'ai la banane. On a besoin de nous et ça paiera."
Sarkozy se lâche
Dans cette compilation très efficace du discours de Saint Quentin, Sarkozy ment quand il dit qu'on lui reprochait d'avoir grossi le trait sur l'ampleur de la crise après son discours de Toulon. c'était tout le contraire, et ce blog peut en témoigner. Le 28 septembre dernier, nous écrivions : "Un président paralysé et à court d'idées moins de 18 mois après son élection, une majorité rebelle, un contexte économique effroyable, cela ne vous rappelle rien ? Sarkozy semble tel un chasseur qui a tiré toutes ses cartouches avant que l'ours n'apparaisse vraiment. Il ne lui reste plus qu'à fuir."
Petit lapsus révélateur (?) quand il déclare que "l'Etat n'a eu le besoin de prendre le contrôle que d'une seule pour la sauver de la famine... de la faillite".
La suite est une succession d'attaques, de bons mots et d'absences (d'annonces). Jugez plutôt.

Sarkozy à Saint Quentin : "je disperse, je ventile"
par politistution

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