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La parole à d'autres

Publié le 27 mars 2009 par Cameron

Le texte que je mets aujourd’hui en ligne a été prononcé par Pierre Maubé lors de la présentation, le mardi 24 mars, de l’Année poétique 2009, au centre Wallonie-Bruxelles, à Paris (voir ma note précédente).

Pourquoi ai-je tenu à lui donner un écho, si modeste soit-il ?

Hé bien, d’abord parce que dans ce qu’il évoque, je me reconnais, en partie. J’y discerne une certaine éthique du langage, la poésie conçue non comme une excuse ou une célébration timide de ce qui est beau, mais comme la tentative volontaire d’exprimer le vrai, celui qui se dissimule derrière les simples faits.

Ensuite parce que dans une conception peut-être un peu militante, ce texte affirme haut et fort que la poésie mérite de rencontrer son public. Et qu’il faut se battre pour le lui permettre.

Enfin, parce que, tout bêtement si je puis dire, ce texte est bien écrit. Voici donc Pierre Maubé, disant ce que nous voudrions sans doute entendre plus souvent.

L’Année poétique 2009 (Seghers)

Ce livre est un pari. Un pari ambitieux, fou peut-être. Nous avons voulu donner une idée du foisonnement poétique, de la profusion, de la floraison créative actuelle. Ici et ailleurs, maintenant … et maintenant : en 2008.

Mission impossible ? Sans doute. En effet, jamais peut-être il ne s’est tant écrit et publié de poésie de langue française, du Liban au Canada, de la Belgique au Sénégal, de la Suisse au Maroc, de la France à la Roumanie.

Jamais peut-être n’ont paru autant de poèmes : en recueils, dans des revues, sur Internet, sur des affiches, dans le métro…

Mais ce foisonnement, cette profusion, cette floraison sont toujours ignorés des médias nationaux, et c’est une des hontes de notre époque. Ce qui s’écrit n’est pas assez lu, car pas assez connu.

Pourtant les lecteurs de poésie sont là, leur besoin de poésie est là, leur attente est là, présente. Le moindre concours de poésie suscite l’envoi de dizaines, de centaines de textes, traduisant ce besoin de ne pas réduire les mots à leur usage quotidien.

Alors, notre seul espoir, ce sont les médiateurs, les passeurs de poèmes : les enseignants, les journalistes, les libraires, les documentalistes des lycées et collèges – et vous, mes chers confrères : les bibliothécaires.

Ce n’est pas facile ? Peut-être. La poésie n’est pas décorative. Elle n’est pas jolie, elle n’est pas là pour faire joli, elle n’est pas ce bouquet de fleurs que l’on pose sur la table du salon pour donner un peu de couleur aux habitudes.


Oui, c’est comme ça : la poésie n’est pas rassurante. Elle n’a rien à voir avec la joliesse, l’harmonie, la musique d’ambiance. Elle a à voir avec la beauté, c'est-à-dire avec l’intime. Et avec le sacré. Avec la matière et l’esprit, ces deux faces d’une même médaille, avec l’organique et le mystère, avec le ressenti et le pressenti, avec le désespoir et la révolte, avec le présent et l’avenir.

Elle est ce qui change notre rapport au monde, elle est la marche qui devient danse, la parole qui devient chant, qui devient cri, résonance essentielle.

Alors, là, dans ce livre : 125 poètes. D’ici et d’ailleurs. De maintenant. Présents, parmi nous, à nos côtés. Nos compagnons invisibles.

25 poètes belges, dans le dossier établi par Patrice Delbourg. Et 100 autres poètes, de tous les horizons.

Mais aussi des adresses, des coordonnées, des références : maisons d’édition, revues, sites Internet, éditions sonores, Maisons de la poésie - et bibliothèques (une nouveauté).

Beaucoup manque, c’est certain – et nous comptons sur vous pour que l’Année 2010 soit encore plus complète !

Mais, tel, je crois qu’il s’agit là d’une assez belle invitation au voyage.

Bienvenue à bord.

Pierre Maubé

Centre Wallonie-Bruxelles, mardi 24 mars 2009


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