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Le "Dalloz" contre l'Eglise : que va-t-il faire en cette galère ?

Publié le 27 mars 2009 par Hermas

  Dalloz, ça vous dit quelque chose ? Quand on évoque ce nom, on pense immédiatement à ce cher Désiré (1795-1869). Avocat, politicien, et surtout maître d’œuvre, avec son frère Armand, de la maison d’édition qui subsiste toujours, le nom de Désiré Dalloz et celui de cette dernière est associé à l’idée de sérieux, de travail, d’intelligence juridique et de compétence.

   Quelle n’a donc pas été la surprise des naïfs que nous sommes, qui croyions toujours au prestige du célèbre Recueil Dalloz, de découvrir dans sa livraison du 19 mars 2009, en ouverture d’analyses juridiques, un Editorial consacré…au Vatican et intitulé : « Vatican vieux… ». Peut-être s’agit-il d’un jeu de mots, allez savoir, avec Vatican deux. C’est que l’auteur est un fin plaisantin, comme on va le voir. Editorialiste habituel du Recueil, il achève les articles qu’il y commet en signant “Félix Rome”. Un pseudonyme de circonstance, dira-t-on ! Non pas. Il est vrai néanmoins qu’en la circonstance, si la signature est la marque d’un texte, le prénom évoque ici davantage une certaine béatitude satisfaite attachée à la claudication mentale que le nom n’évoque la pérennité attachée au nom de la Ville éternelle.

   Le drôle mentionne une « époustouflante série de paroles d’évangiles » (sic), où il mêle la levée d’excommunication « de quatre évêques intégristes » destinée à ramener dans le troupeaux des brebis « galeuses y compris », la « prise de position dans l’affaire de l’avortement d’une fillette brésilienne de neuf ans », à propos duquel « les plus hautes autorités du Vatican n’ont rien trouvé de mieux qu’accorder leur absolution à l’archevêque local » (sic), la journée de la femme où l’Osservatore romano – ô scandale – ayant déclaré que cette dernière doit donner la priorité à son rôle de mère, il en conclut que pour l’Eglise « la machine à laver (est) la preuve la plus tangible de l’émancipation de la femme » [vous pouvez rire, c’est de l’humour], et enfin la contraception et le préservatif, à propos desquels la même « vaticanesque publication » affirmerait, reprenant les propos affreux de Jean-Paul II, prononcés « aux heures les plus noires de la bataille contre le Sida  (c’est comme « les heures les plus sombres de notre histoire… »], que l’infertilité masculine est imputable à la pilule.

   Las, l’incisif auteur ne semble pas avoir eu en mains les déclarations de Benoît XVI sur le préservatif et le sida au moment où, la plume rageuse, il s’est ainsi appliqué à gagner son pain quotidien. De quels traits d’intelligence n’aurait-il pas nourri nos esprits !

   Notre Félix poursuit néanmoins en suggérant que tout cela n’est pas dû à des dérapages, comme des « experts en indulgence » le prétendent (riez, c’est un clin d’œil historique), mais à une « fuite en avant » de « l’ordre moral triomphant » qui s’inscrit, tenez-vous bien, « dans une stratégie concurrentielle (sic) savamment étudiée et réfléchie (…) sur le marché des religions », où « l’intolérance, l’archaïsme et le fanatisme sont des produits très attractifs qui permettent d’attirer à soi les petits pèlerins ». Il s’agit d’une « lutte effrénée pour repeupler nos (“nos”, vraiment ?) paroisses ». Aussi le généreux Félix, au comble du fin esprit, s’autorise-t-il à suggérer « quelques idées pieuses à l’attention des têtes bien pensantes du Vatican : l’interdiction du travail des femmes pour résorber le chômage, le bûcher pour les femmes adultères, les galères pour les filles mères, la contrainte par corps en cas de retard dans le paiement du denier du culte, etc. ».

   Non, non, vous ne lisez pas l’Idiot international, Charlie Hebdo ou le Canard Enchaîné, ni la feuille énervée de je-ne-sais quelle Loge, mais le noble, vénérable et juridique Recueil Dalloz… Que va-t-il faire en cette bataille contre l’Eglise et contre le Pape, et en ces termes de café du commerce, c’est la moindre question que l’on puisse se poser. En attendant réponse, si réponse il y a, hors la nécessité de satisfaire aux pulsions paranoïaques de son plumitif, force est de constater que ledit Recueil ne sort ni grandi ni honoré de se transformer ainsi en « anticléricanesque publication ».


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