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Lamennais : "Il y eut un autre homme, plus méchant que le premier"

Publié le 29 mars 2009 par Jcr3
Aux ages sombres, l'homme accomplissait son labeur et craignait Dieu. Le joug de la religion lui imposait, plus ou moins 150 jours fériés par an. Parfois aux Fêtes les plus courues, son oisiveté s'étalait lamentablement sur trois jours entiers, voire plus... Il se livrait alors à des parties de Sôules qui ne s'achevaient que faute de joueurs, à des Feux de la saint Jean qui l'entrainaient, avec les ancêtres, la nuit entière dans des danses et des chansons du fond des ages. Et Tupis, Lakotas, Ouïghours, Bretons ou Picards ne vivaient pas tellement différemment, dans leurs communautés respectives. Puis des philosophes ont allumé les lumières, ils ont convaincu l'homme de sa crasse ignorance, ils sont venus poser des néons dans le clair obscur et tout est devenu laid. Seules quelques voix se firent alors entendre contre Voltaire, dont celle de Lammenais.
Publié en 1834, les Paroles d'un croyant, de Félicité Robert de Lamennais [wiki], furent l'objet d'une encyclique papale qui marqua sa rupture avec l'église de Rome ( Il avait divorcé avec le Christ, sauveur du genre humain, pour forniquer avec tous ses bourreaux. [ndlr: Avec préservatif ?]) . Autre Manuel de l'insurrection, Les Paroles d'un croyant, est un texte mystique et inspiré, qui puise son inspiration dans la révélation johannique jusqu'à la paraphraser. Facile à lire il recèle des trésors comme ce chapitre sur le travail : Il y eut un autre homme, plus méchant que le premier et plus maudit du ciel (...) et il leur dit : Vous travaillez six heures pour une pièce, travaillez douze heures et je vous en donnerait deux pièces de monnaie, et vous vivrez mieux. Et ils le crurent !
Cela m'a rappelé un autre petit homme encore plus méchant : Travaillez plus pour gagner plus, qui disait celui-là, dans son langage appauvri... et ils le crurent!

Paroles d'un croyant, Googlebook










Quelques extrait de sa bio chez Universalis :
Ce petit homme, Félicité Robert de Lamennais, à la mine chétive, malingre, est né à Saint-Malo... Les catholiques, qui n'avaient pas eu de grand polémiste face à Voltaire ou aux encyclopédistes du XVIIIe siècle, venaient de trouver un héros qui ne répugnait pas au corps à corps, et prétendait prouver que le philosophe individualiste était un être anormal, une sorte d'hérétique au genre humain...
Le christianisme trouvait, grâce à Lamennais, de nouvelles lettres de noblesse... L'engagement de Lamennais dans l'actualité politique de son temps fait de lui un polémiste virulent, une sorte de prophète inspiré ; il supplie prêtres et évêques de revenir à un christianisme plus authentique, plus charitable, plus pauvre et plus libre ; il invite les catholiques à séparer leur cause de celle de la monarchie et à se joindre au mouvement qui, vers les années 1830, entraîne les peuples vers la conquête de leurs libertés...
Destin tragique que celui de cet homme qui eut la pénible tâche de semer - Lacordaire, Victor Hugo, Sainte-Beuve, Montalembert, George Sand, Michelet en ont témoigné - mais qui ne connut jamais la joie de moissonner.
Homme droit, franc et loyal, il écarta toujours les demi-mesures diplomatiques et condamna l'indécision, la prudence, la timidité. Il voulait vivre un christianisme évangélique et pur, éloigné de la mièvrerie de certains catholiques de son temps.
Sa conscience lui avait fait un devoir de s'opposer à Grégoire XVI ; nul doute qu'il n'en ait mesuré les conséquences : perte de prestige, carrière ruinée, et cette réputation de mauvais aloi qui s'attachait alors à la personne d'un « défroqué ». Mais, comme l'écrit Charles de Montalembert à son frère en 1834 :

 S'il avait voulu embrasser le parti des rois et des puissants, il y a longtemps qu'il eût été cardinal comblé d'or et d'honneur. Ayant préféré la cause des pauvres et des opprimés, il s'est lui-même condamné à la misère et à l'abandon général.

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