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Les hyènes ricaneuses

Publié le 31 mars 2009 par Doespirito @Doespirito

C'est un petit bonheur du quotidien. Je lis les statuts de mes amis sur facebook ou Twitter, et je guette les réactions. C'est comme la pêche à la ligne : il faut se lever tôt, connaître les bons coins et être patient. Avec un peu de chance, je ramasserai dans mes filets la perle qui va m'amuser pour la journée. Le diamant noir de l'humour réactif. La phrase qui vient comme ça, au débotté, qui vous frappe au plexus solaire et qui déclenche, par ricochet, un tonnerre de spasmes zygomatiques incontrôlables. Un petit exemple, datant de ce jour, sur Facebook. David Abiker, chroniqueur sur France Info, pose cette question, cruciale et gonflée, à la cantonnade : «Avez-vous pris des comportements ou des réflexes développement durable, si oui lesquels ?». La première première réponse, signée "Ludovic Lecomte", a fusé comme un pet sur une toile cirée ou une stock-option dans les doigts de Daniel Bouton :
Image 2
J'ai mis un bon quart d'heure
à m'en remettre. Je suis très bon public, il faut le rappeler. Mais là, je ne sais pas, c'est peut-être l'emphase de la question qui a ouvert la brèche humoristique à Ludo et provoqué ce décalage hilarant. Evidemment, les autres  se sont rués, comme par exemple celui-là, un certain françois-Xavier Ajavon : Image 1

Bon, c'est moins direct, moins drôle, même si ça se tient encore. Normal, la prime va au premier de cordée, celui qui ouvre le chemin vers la cime de rigolade express. Les autres, même s'ils sont très bons, suivent les traces du glorieux tailleur de route. Plus la discussion avance, plus les vannes s'épuisent. Puis le courant s'amenuise, s'épuise, s'arrête, en attendant le prochain statut tout frais qui excitera les convoitises.

Vous me direz, c'est facile de réagir à une phrase que des gens se sont décarcassés à écrire. Et encore plus facile de rire d'un statut d'internaute sans défense. Je sais, mais c'est plus fort que moi. L'autre jour, Nicolas Vanbremeersch se désolait (en deux lignes) de devoir payer autant de frais de taxi, suite à la panne de son scooter préféré. Cette fois, c'est Bertrand Lenotre qui s'y est collé, pour mettre les rieurs de son côté et s'amuser gentiment aux dépens du taximane : 

NVB

Et vlan, attrape-ça, Nico ! Comme vous le voyez, il y a donc bien nos deux archétypes habituels : l'ouvreur, celui qui éclaircit la voie à grands coups de machette (en l'occurrence ici Bertrand), et le suiveur, qui aplanit le lit le la rivière façon velours de l'estomac (là, c'est Emmanuel qui joue les utilités) pour laisser passer le torrent du rire gonflé par les giboulées de plaisanteries. Dès lors, ce n'est plus une rigole qui serpente: c'est un véritable fleuve du rire.

Ce n'est donc pas si facile. Il faut déjà que quelqu'un mette à jour son statut avec une tirade de derrière les fagots, qui prête le flanc à l'amusement public. Puis qu'un courageux aventurier de la galéjade se lance. Ce sont tous de grands timides. Ou des chasseurs à l'affût. Ils guettent leurs victimes tapis dans l'ombre, et tel le lion qui laisse passer les gnous, ils feignent d'ignorer leurs proies pour se jetter sans merci sur la première qui donnera des signes de fatigue verbale ou qui manquera de vigilance statutaire. Le trait d'humour déchire l'air et s'abat sur la phrase du malheureux sans méfiance. La victime médusée voit alors se succéder les hordes de hyènes ricaneuses, qui ne lui laisseront bientôt que ses os qui blanchiront au soleil froid d'internet. Rien à faire pour les arrêter : ça les amuse, ça leur fait plaisir. Et contrairement au dicton, là où il y a de la hyène...


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