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Comme tous les après-midi

Par Sylvie

de ZORIA PIRZAD
IRAN- Recueil de nouvelles
Comme tous les après-midi
Editions Zulma, 2007
De Zorya Pirzad (arménienne par sa mère), j'avais déjà chroniqué et adoré Un jour avant Pâques.
Des femmes parlent, directement ou indirectement par la voix de l'auteur. Mais il n'est pas question ici de dénoncer la condition féminine en Iran ; il n'est pas question du voile ni de l'éducation. Mais plutôt d'une réflexion mélancolique sur le temps qui passe, au rythme des saisons, des désirs inassouvis, des rêves non réalisés. Des itinéraires de vie tout simplement, bien ancrés dans la vie quotidienne.
Des femmes dans leur maison préparant le repas, arrosant les pétunias, épiant leur voisine, regardant l'arbre refleurir ou la neige tomber....Poésie du quotidien, se répétant chaque jour ou au contraire, événement incongru, voire fantastique, qui vient perturber le doux rythme des jours. Comme un voleur qui s'engouffre subrepticement dans la maison, aidé par la propriétaire des lieux. Dans ce recueil de nouvelles, son premier titre paru en France, on retrouve toute la sobriété de son style : la description d'un quotidien sans fioritures mais d'où émergent un certain onirisme, voire une teinte fantastique.

Les nouvelles sont tour à tour mélancoliques ou plutôt caustiques.

Une mélancolie très poétique puisque le temps humain épouse celui de la nature ; ainsi, l'auteur décrit en trois pages les grands moments de la vie d'une femme parallèlement à la floraison de l'arbre du jardin. Au début les fleurs rient, puis elles vieillissent....Ou encore c'est la neige qui rythme les âges d'une vie. Les pétunias qu'on arrose inspirent une méditation sur la solitude au soleil couchant...

L'élément naturel est présent à chaque nouvelle, épousant soit le parcours mélancolique des personnages, soit perturbant leur quotidien.
Ainsi, le peuplier du jardin peut parler à une petite fille. Ou alors le monde peut devenir fou à l'annonce d'une invasion de sauterelles....
Poésie de la vie mais aussi chronique très amère et caustique du quotidien ; ainsi, une femme au foyer s'achète en secret des petits cadeaux qu'elle cache dans sa commode. Ou encore cette femme qui se dit chaque jour qu'elle va écrire une histoire, en l'inscrivant même sur son frigo au même titre que l'achat des carottes. Mais la préparation du repas reprend le dessus....
Mais la condition des hommes n'est pas non plus à envier : il en est ainsi de ce Monsieur F, à la retraite, qui erre comme une âme en peine ne sachant que faire de ses journées...
Zorya Pirzâd touche profondément le lecteur en livrant de petites histoires universelles qui pourraient aussi bien se passer en Iran, en Turquie ou en France. Pas d'indications spatio-temporelles, uniquement des tranches de vie en communion avec la nature.
Un petit bijou de simplicité d'une grande poésie.


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