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La pression géopolitique asiatique fera t-elle exploser le continent ?

Publié le 01 avril 2009 par Drzz

http://q.liberation.fr/photo/20090312/photo_0302_459_306_26154.jpgLa situation géopolitique de l’Asie du Nord-Est devient bouillonnante avec le lancement imminent d’un satellite nord-coréen. En effet, la Corée du Nord a récemment précisé qu’elle lancera son satellite de communication entre les 4 et 8 avril 2009. Cependant, les USA, le Japon et la Corée du Sud soupçonnent qu’il s’agirait en réalité d’un missile balistique de longue portée dénommée “Taepodong-2″. On assiste logiquement à un intense ballet diplomatique entre les USA et l’Asie du Nord-Est tandis que la question centrale est la dénucléarisation de la péninsule coréenne. La Russie et la Chine jouent la carte de la conciliation tandis que le Japon hausse le ton. De leur côté, les USA par la voix du secrétaire d’État à la Défense Robert Gates affirment qu’ils n’abattront pas le missile nord-coréen après son lancement.

Russie et Chine : conciliation

En raison d’une exacerbation perceptible de la situation géopolitique dans l’Asie du Nord-Est, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexeï Borodavkine a exhorté la Corée du Nord afin qu’elle s’abstienne de procéder à un lancement de son satellite. Se son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se refuse à tirer des conclusions hâtives et préconçues à propos d’un événement qui ne s’est pas encore produit.

Lavrov et Borodavkine, qui reflètent les positions politiques de Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine, encouragent la voie du dialogue et de la concertation au sein des “pourparlers à 6″ (USA, Russie, Chine, Japon, Corée du Nord, Corée du Sud).

La Russie, favorable à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, entretient néanmoins de bonnes relations diplomatiques avec la Corée du Nord, comme l’avait illustré le chaleureux message de Dmitri Medvedev lors de la commémoration du 60e anniversaire de la fondation de ce pays “stalinien”.

La Chine, qui s’implique régulièrement au sein des “pourparlers à 6″, est un acteur diplomatique et géopolitique incontournable en Asie du Nord-Est. En liaison constante avec chaque protagoniste, la Chine exhorte toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à s’engager davantage dans la paix et la stabilité pour la péninsule coréenne et l’Asie du Nord-Est. Par conséquent, en phase avec son puissant voisin russe, elle privilégie un dialogue constructif et des consultations multilatérales afin d’éviter l’exacerbation d’une situation géopolitique déjà tendue.

D’ailleurs vendredi 27 mars, des discussions tripartites entre officiels américains, sud-coréens et japonais ont décidé de conserver une coordination étroite et de poursuivre le processus de paix au sein des “pourparlers à 6″.

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USA : Robert Gates joue l’apaisement

Actuel secrétaire d’État américain à la Défense, Robert Gates succéda en 2006 au controversé Donald Rumsfeld, valet servile des néo-conservateurs et faucons sionistes les plus belliqueux. Issu de la commission du Congrès alors dirigée par James Baker et Lee Hamilton, Robert Gates symbolisa un net infléchissement dans la politique étrangère au Proche et Moyen-Orient (retrait progressif de l’Irak, rapprochement diplomatique avec la Syrie et l’Iran). Son approche de la question nord-coréenne parait nettement plus apaisée que celle de ses prédécesseurs influencés par le clan des “neo-cons”.

Lors d’un passage télévisé sur ABC News, le général Timothy Kating commandant américain du Pacifique, avait déclaré que l’armée américaine serait prête à abattre le missile nord-coréen si elle recevait un ordre officiel. Cette déclaration enflammée sur un média à grande audience avait semé un certain émoi au sein de la classe politique américaine.

Dimanche 29 mars, lors d’un passage télévisé à “Fox News Sunday” Robert Gates a solennellement affirmé que les USA n’abattront pas le missile nord-coréen après son lancement prévu entre le samedi 4 avril et le mercredi 8 avril. Cette réponse laconique s’adressait directement au haut-gradé zélé et belliqueux.

Même si les États-Unis nourrissent quelques suspicions au sujet de ce satellite nord-coréen, Robert Gates préfère une solution diplomatique et s’oppose à une cascade militariste qui serait préjudiciable au fragile équilibre géopolitique en Asie du Nord-Est. Paradoxalement au cours de la même intervention télévisée, il a durci le ton à l’encontre de l’Iran puisqu’il prône désormais des sanctions économiques jugées plus dissuasives que des interminables pourparlers diplomatiques. De même, il plaide pour un renforcement militaire et policier en Afghanistan afin de jeter les bases d’une utopique société prospère et démocratique.

Ainsi les USA se concentreraient davantage sur le Proche et Moyen-Orient (Israël/Palestine, Iran) ainsi que sur l’Asie centrale (Afghanistan et renforcement de leurs liens géostratégiques dans les républiques musulmanes ex-soviétiques) tandis qu’ils semblent opter pour la conciliation dans la péninsule coréenne. Affaiblis économiquement et militairement, les USA ne peuvent plus se payer le luxe de se disperser à travers la planète même si ils continuent d’entretenir une certaine présence visible dans leurs nombreuses bases disséminées à travers l’Asie-Pacifique (Corée du Sud, Japon, Guam).

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Le Japon hausse le ton

Mardi 31 mars, les deux Chambres du Parlement japonais (Diète et Sénat) ont voté à l’unanimité une résolution proclamant que le lancement de ce satellite nuira considérablement à la paix et à la stabilité non seulement au Japon mais dans l’ensemble de l’Asie du Nord-Est.

Le Japon, qui soupçonne officiellement ce satellite nord-coréen d’être en réalité un missile balistique à longue portée Taepodong-2, se montre prêt à coopérer avec d’autres nations afin que Pyongyang (en photo ci contre) renonce à ce lancement controversé et écoute enfin la voix de la “Communauté Internationale”. Comme les parlementaires japonais doutent fortement de la sincérité du dernier bastion stalinien famélique de la planète, ils ont également avalisé la voie défensive prônée dès vendredi par les autorités gouvernementales.

Dimanche 29 mars, la force aérienne japonaise d’auto-défense (ASDF) a commencé le déplacement de ses unités de missiles guidés Patriot du centre de Honshu vers des sites stratégiques situées sur la Mer du Japon. Ces importantes manœuvres militaires sont destinées à contrer le lancement du satellite  nord-coréen.

Les unités de missiles Patriot de l’ASDF ont pour mission de détruire les éventuels fragments du “missile”, susceptibles de tomber sur les régions proches de la Mer du Japon. Surtout ils ont pour mission première de soutenir les contre-torpilleurs qui transportent des missiles guidés Aegis de la Force d’auto-défense maritime (MSDF) destinés à intercepter le “missile” de Pyongyang. En cas de non réussite de la mission maritime, les unités aériennes prendront donc le relai. Comme nous le constatons avec ces préparatifs militaires concertés, le Japon prend très au sérieux une éventuelle menace nucléaire de la Corée du Nord.

Sasebo, deuxième plus grande ville de la préfecture de Nagasaki (Ouest de Kyushu), possède une importante base navale américaine (”Sasebo Fleet Activities”). Dès samedi 28 mars, les contre-torpilleurs Kongou et Choukai de la MSDF, équipés d’intercepteurs de missile balistique, ont quitté leur base navale de Sasebo pour la mer du Japon afin d’intercepter le “missile” en cas de problèmes lors de son lancement.

Avec une superficie de 2,3 km2 la base navale de Yokosuka (préfecture de Kanagawa, située à l’entrée de la baie de Tokyo, à 65 km au sud de Tokyo et 30 de Yokohama), constitue le quartier général de la septième flotte américaine avec l’unique porte-avion US en Outre-Mer depuis 1973. Depuis la capitulation japonaise du 15 aout 1945, cette base navale stratégique (la plus importante en Asie orientale pour la marine américaine avec 23.000 civils et militaires) est partagée conjointement avec la force maritime japonaise d’auto-défense (MSDF). Ainsi, un autre contre-torpilleur Aegis de la MSDF (le  Kirishima) a quitté la base navale de Yokosuka pour l’océan Pacifique afin de suivre la trajectoire du “missile” nord-coréen.


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